Des prix de terres très variables

En Bretagne, les prix des terres peuvent varier de 1 à 10. L’Arap a mené une enquête sur l’aspect sociologique du foncier dans une zone sensible : le bassin versant du Douron.

Se situant en moyenne à 5 020 euros/ha sur 2012 (contre 5 420 en France), les prix de vente des terres en Bretagne sont toutefois très variables sur le territoire. Dans certaines zones du Centre Finistère, de l’Est du Morbihan ou du Sud Ille-et-Vilaine, le prix moyen ne dépasse pas 3 000 euros/ha en moyenne (période 2006/10). Alors que dans des zones littorales ou à forte pression, il peut atteindre 6 à 8 000 euros/ha. « Ces différences de prix sont liées aux caractéristiques des parcelles : qualité agronomique, taille… Mais aussi leur localisation géographique, leur statut (terres libres ou louées…), leur appartenance ou non à une Zes, une Zac… », précise Elodie Letort, de l’Arap. Des terres légumières de la côte Nord peuvent valoir 10 fois plus que des parcelles dans les Monts d’Arrée.

Les sociétés agricoles achètent plus de foncier

Par ailleurs, le marché foncier agricole breton est encore moins actif qu’au niveau national, avec 0,3 % de la SAU vendu par an. Si les agriculteurs particuliers restent les principaux acheteurs avec 60 % des transactions sur 1994-2010, les sociétés représentent 6 % des transactions sur la période. Et cette part s’accroît continuellement pour dépasser 15 % aujourd’hui.
Davantage axée sur l’aspect sociologique du foncier, une enquête menée par l’Arap auprès de 29 agriculteurs sur le bassin versant du Douron (BV algues vertes) met en lumière le sentiment d’une pression foncière croissante et de prix à la hausse. Un des enquêtés souligne : « Mon objectif n’est pas une truie supplémentaire, mais un peu plus d’hectares. Et ça les éleveurs de porcs l’ont bien compris maintenant : c’est la chasse aux hectares pour ne pas traiter et produire de l’aliment. » Comme le résume Nicolas Cavan qui a mené l’enquête, le foncier est un « sujet sensible, parfois tabou. L’entente est facilitée par les réseaux professionnels locaux (Cuma, entraide…) qui permettent de limiter la compétition. » Mais certains éleveurs « mentionnent des surenchères d’agriculteurs venant parfois de loin. »

La location préférée

Entre propriété et location, cette dernière semble plébiscitée. « Si j’avais pu faire ma carrière en louant des terres, je l’aurais fait », déclare un agriculteur. Des exceptions ressortent toutefois : « En fermage, on paye 2 fois : la location, plus le rachat quasi-obligatoire après ». Un autre producteur vise lui davantage la sécurité : « Tant qu’à payer un loyer, autant être propriétaire à la fin. » La propriété peut aussi permettre d’assurer une transmission « pour que l’exploitation reste entière. » Certains éleveurs se montrent découragés par la priorité donnée à l’installation, plutôt qu’à la confortation. Par rapport à l’achat de foncier, le lien au sol est par ailleurs souvent évoqué : pour sécuriser l’exploitation quant à l’épandage, augmenter l’autonomie alimentaire. Une question étudiée dans le projet de recherche LienOSol conduit par l’Arip en collaboration avec l’Inra. Il a pour objectif d’étudier les conditions d’un retour au sol des productions animales en Bretagne, puis d’en évaluer les principales conséquences régionales en termes économiques, sociaux et environnementaux. Agnès Cussonneau


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