“Je trais avec des gants”

Nadia Flatrès, de Locunolé (29), trait avec des gants et l’impose aussi aux salariés qui passent sur son élevage. Pour elle, c’est une mesure d’hygiène indispensable.
« Je porte des gants pour traire depuis cinq ans maintenant », raconte Nadia Flatrès, installée depuis 2008 à Locunolé dans le Finistère. « C’est une de mes salariées qui voulait prendre soin de ses mains qui m’a montré la voie. J’ai rapidement adopté l’idée… »
Au départ, elle trayait avec des gants « bleus », mais depuis quelques mois elle teste les gants « noirs » de la marque Milkers. « Ils me conviennent mieux. Ils collent bien à mes mains, ne glissent pas. J’y suis à l’aise dans mes gestes. » Car un bon gant de traite doit vous aller comme… un gant. Sur le marché, il en existe de toutes sortes : transparent en vinyle poudré, en latex, en nitrile… Entre les matières qui glissent ou celles qui peuvent provoquer des allergies chez certaines personnes comme le latex, le nitrile semble plaire dans les campagnes. Elastique et résistant, il permet aussi de conserver une bonne sensation au toucher.
Faire barrière aux zoonoses et aux huiles essentielles
Pour Nadia Flatrès, les gants de traite font aujourd’hui partie intégrante de sa stratégie d’hygiène de traite. « Une plaie, sur ma main ou sur la peau de la vache, est un nid à germes. Le gant est une surface qui limite les contaminations par le passage de germes d’un animal à un autre au cours de la traite. Et c’est aussi une barrière efficace qui me protège contre les zoonoses. Une barrière qui protège aussi sa propre peau quand elle applique un traitement à base d’huiles essentielles sur certains animaux. » Désormais sur l’élevage, ils font partie du protocole : « J’ai un salarié qui me remplace deux jours par semaine. Je suis assez exigeante et perfectionniste. Tout trayeur qui me remplace est obligé d’en porter. Dans la laiterie, il y a deux boîtes : une grande taille pour les hommes, une autre pour les femmes. »
35e troupeau pour l’index Santé de la mamelle
Le port de gants de traite vient s’ajouter à d’autres choix comme la désinfection systématique des faisceaux après la traite d’une vache infectée, « les manchons triangulaires qui ne glissent pas et limitent les appels d’air », mais aussi le choix du croisement industriel pour inséminer les vaches à cellules : « Il y a une part génétique dans la sensibilité aux mammites. Une souche qui pénalise le troupeau ne m’intéresse pas. » Au final, la traite précautionneuse de Nadia paie. Au palmarès des meilleurs élevages Pirm’Holstein en index Santé de la mamelle 2013, son élevage se place en 35e position en France.

On ne reviendrait pas en arrière
Aujourd’hui, sur l’élevage, c’est gants obligatoires pour tout le monde à la traite. Salarié ou trayeur occasionnel y compris. Au début, mon associé n’était pas totalement convaincu. Aujourd’hui, il ne reviendrait pas en arrière. Cela fait désormais partie intégrante du protocole de traite mis en place au fil du temps pour limiter l’impact des mammites et les contaminations croisées : nettoyage soigneux de la mamelle, désinfection des griffes après la traite des animaux à cellules, passage des vaches à mammite en fin traite, post-trempage, analyse bactério pour connaître le germe après chaque grosse mammite…
Je me rends compte que je me lave plus souvent et mieux les mains au cours de la traite depuis que je porte des gants. Mes mains sont mieux protégées et moins sèches. Par contre, j’attache de l’importance à la couleur des gants. J’aime les gants plutôt clairs sur lesquels je repère tout de suite les salissures provenant des trayons.Aline Criaud, installée à Acigné (35)