Une dizaine d’hectares. C’est la surface que consacrent Maxime et Joël Jego au mélange maïs-sorgho, sur leur ferme de 170 hectares, près du golfe du Morbihan. « J’ai commencé il y a 20 ans à semer du sorgho, en pur », indique Joël. « Au mois de septembre, il avait tendance à verser ». Le changement de variété, plus résistante à la verse, solutionne le problème mais diminue nettement le rendement. « J’ai donc testé le semis alterné, un rang de sorgho, un rang de maïs. Le sorgho n’avait pas assez de lumière et se développait difficilement ».
Le sorgho fait aussi bien qu’un maïs en terres séchantes
Les promesses de la culture l’incitent à persévérer, sous une autre modalité : « Depuis quelques années, je sème trois rangs de maïs pour six rangs de sorgho (semoir à neuf rangs). Au final, je m’arrange pour avoir six rangs de maïs et 12 rangs de sorgho, en alterné, dans la parcelle (semis allers retours) ». Le maïs protège les plants de sorgho, sans occulter la lumière. Le rendement est satisfaisant.
Semis à 50 cm d’écartement
Les 35 hectares de maïs pur sont semés pour la mi-mai, généralement après une dérobée de RGI. Le mélange est semé plus tardivement, jusqu’à la mi-juin, à 50 cm d’écartement. La profondeur de semis est celle du maïs. Certaines années, un roulage est effectué après le semis si la terre est déjà sèche. « Un désherbage de prélevée et l’écartement réduit permettent de limiter la pousse des adventices ». L’indice du maïs est de 280 ; 350 en terres profondes. Les deux variétés de sorgho utilisées (big Kahuna et big texan BMR) restent vertes plus longtemps que leur plante compagne.
Concurrentiel au maïs pur en année sèche
La récolte a lieu trois semaines à un mois plus tard que le maïs pur. Cette année, le mélange était à 32-33 % de matière sèche (42 % pour le maïs et 27 % pour le sorgho). Le mélange n’a atteint que dix tonnes de MS/ha, en moyenne, pénalisé par des attaques de choucas. « Il a été resemé directement dans les plants restants du premier semis, au stade 4 feuilles. En général, le sorgho fait aussi bien qu’un maïs dans de bonnes terres et mieux dans les parcelles séchantes ou en année sèche ». Si les sécheresses estivales s’accentuent avec le changement climatique, le sorgho pourrait trouver encore un peu plus de place dans l’assolement, au Gaec de Mané Ruel.
Bernard Laurent
Dans la ration pour sa richesse en sucre
Les 120 Normandes et Pie Rouge du troupeau consomment une ration de base mélangée, hors période de pâturage, de 12 kg de maïs, 3 kg de betteraves et 6 kg d’ensilage d’herbe. Les betteraves sont consommées d’octobre à juin (7 hectares). Le mélange maïs-sorgho, riche en sucres (la valeur du sorgho est dans la plante entière), prend la relève de juin à septembre. Les vaches produisent 7 200 litres à 49 de TB et 37,5 de TP, en moyenne dans l’année.

