L’Europe mange ce qu’elle interdit

Alors que la réduction des usages de pesticides stagne dans les campagnes françaises, un autre angle mort de la politique nationale se dévoile : celui des importations.

Gros plan sur les mains d'un scientifique qui porte des gants de laboratoire. Il analyse des poivrons - Illustration L’Europe mange ce qu’elle interdit
Les importations ne fournissent que 16 % des calories consommées dans l’UE, mais comptent pour 44 % de l’empreinte pesticides. | © Microgen - stock.adobe.com

Le Haut-commissariat à la Stratégie et au Plan (HCSP) souligne, dans son rapport publié fin octobre, que les produits alimentaires importés contribuent massivement à « l’empreinte pesticide » de la France. Autrement dit, les molécules interdites sur le territoire continuent d’arriver dans les assiettes via des denrées cultivées ailleurs. Réglementation est moins stricte Le constat est sans appel : « Nos efforts internes sont contrecarrés par la mondialisation des chaînes d’approvisionnement », note le HCSP. Fruits, légumes, céréales ou aliments pour animaux proviennent de pays où la réglementation est plus permissive. Ces produits importés participent désormais de façon significative à l’exposition de la population.L’Union européenne a bien prévu d’interdire l’entrée de denrées traitées avec des substances bannies chez elle, mais les contrôles restent limités et les dérogations fréquentes. Les molécules interdites arrivent dans les assiettes Face à cette incohérence, le Haut-commissariat appelle à une action européenne concertée. Il recommande d’intégrer la dimension environnementale dans la politique commerciale, de renforcer la traçabilité des produits agricoles et de publier des indicateurs de « pesticides importés », à l’image des bilans carbone. 4 recommandations Le rapport formule quatre axes de priorités pour rendre les politiques plus cohérentes.Le premier vise à accélérer la transition agroécologique, en soutenant la formation et la recherche sur les alternatives aux produits chimiques. Le second met l’accent sur la protection de la ressource en eau, via des paiements pour services environnementaux autour des captages, financés par la Pac ou la redevance pour pollutions diffuses. Le troisième axe insiste sur la recherche et la connaissance, notamment sur l’exposition de la population et les effets cumulés des molécules. Le quatrième axe appelle à améliorer l’évaluation des dangers et des risques, en intégrant plus rapidement les résultats récents de la recherche et les effets combinés des substances : ce que les experts…

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