À son installation en 1985, André Peran a repris le flambeau de ses parents en culture légumière. À Cléder (29), il représente la 4e génération de légumiers. D’un système classique composé principalement de chou-fleur, il a très largement étoffé le panel des cultures, en commençant par les topinambours. Puis au fil des années, il a semé quasiment toute la gamme nommée Légumes anciens de chez Prince de Bretagne. La marque collective a à son catalogue 23 références dans ce créneau, comprenant entre autres des panais, des ocas du Pérou, du persil racine ou des rutabagas. Sur les 50 ha couverts par la ferme familiale, la moitié est dédiée à ces racines feuilles et tubercules un peu particuliers, hauts en couleur.

Récoltés à la demande
« Les cycles de certains de ces légumes sont très courts : il est parfois de seulement 50 jours entre le semis et la récolte ». Le Finistérien jongle entre les espèces, les champs peuvent recevoir jusque 3 cultures différentes par an. De plus, avec de nombreuses crucifères, « il faut être très vigilant et se prémunir des attaques de mouche ». Des filets insecte-proof sont déroulés, qu’il faut retirer pour les passages de bineuse, pour les remettre et protéger des attaques de ravageurs. Les légumes anciens « demandent beaucoup de temps, c’est très technique, mais j’aime ça ».
23 légumes anciens cultivés
À la différence de certaines références qui passent au cadran pour être cotées, les légumes anciens utilisent un bureau de ventes : tout ce qui est récolté est déjà vendu. Le Finistère est le seul département breton à proposer ces légumes particuliers. « Nous disposons d’une station de lavage à Saint-Pol-de-Léon (29). Tout va très vite : une fois arrachés et mis en pallox, ils sont livrés. Après avoir été lavés à la station, ils sont conditionnés puis expédiés : on ne stocke rien ici ».
Mardi dernier, ce fut au tour d’une parcelle de panais d’être arrachée. Après un broyage des fanes, une arracheuse a été passée sur les planches, puis les racines ont toutes été récoltées à la main. 4 salariés sont embauchés à l’année pour ces diverses opérations.
Fanch Paranthoën
1 800 t par an
Flora Balcon, directrice marketing de Prince de Bretagne rappelle que « 37 % des achats des consommateurs sont décidés dans le magasin », autrement dit, ils ne sont pas inscrits sur la liste de course. C’est pourquoi il faut « théâtraliser » leur mise en rayon. Avec ces efforts, Prince de Bretagne espère toucher des consommateurs plus jeunes avec ces végétaux très colorés et riches en saveurs, ainsi qu’en vantant leurs qualités nutritionnelles. Actuellement, les acheteurs ont plutôt un profil senior ou senior +. L’année dernière, les 27 producteurs de légumes anciens ont proposé 1 800 t, en cultivant 154 ha en agriculture conventionnelle, 66 ha en bio. Et la demande continue de progresser, ce type de produit ne pesant pour l’instant que 7 % des parts de marché des légumes. Par sa diversité, cette gamme « peut être consommée crue ou cuite. Elle est mise en valeur et plébiscitée par les restaurateurs ».

