Sortir les vaches toute l’année

Fabien Leroux évite toute transition alimentaire en adaptant son système de surfaces accessibles à chaque saison afin que son troupeau n’arrête jamais de pâturer.

Un éleveur devant deux vaches de race Prim'Holstein.  - Illustration Sortir les vaches toute l’année
Fabien Leroux, producteur de lait à Berhet (22) | © Paysan Breton - T. Dagorn

Fabien Leroux s’est installé à Berhet en 2016 en s’associant avec sa cousine. Ils ont repris à trois tiers une ferme de 76 ha associant productions laitière et porcine. « Nous avons laissé un îlot de 10 ha à 25 km pour ne conserver que les 66 ha autour du siège et la production de lait. » En 2018, la reprise de 19 ha accessibles est un tournant. « Nous étions limités en surface pâturable. Ce foncier a alors déclenché le passage en bio. » Suite à une conversion sur 18 mois, le lait est livré en bio depuis décembre 2020. Cette année-là, la sortie de l’associée a été amortie par l’embauche d’un salarié.

62 ares par vache l’été

Dès 2021, le système fourrager est calé, l’élevage en rythme de croisière. Pour une SAU de 85 ha, 35 à 40 ha des 45 accessibles « sans traverser de route » sont conduits en prairies. En ajoutant les parcelles de fauche, l’herbe couvre au total 65 ha. L’assolement est complété par 9,3 ha de maïs (dont 2 à 2,5 ha moissonnés), 5 ha de méteil, 2,5 ha d’orge, 2,5 ha de colza grain (vendus) et 0,7 ha de betteraves. « Excepté pour les minéraux, je vise 100 % d’autonomie alimentaire en pâturant au maximum, en produisant des fourrages et en autoconsommant les céréales. »

Les vaches ont accès tous les jours au pâturage qui représente 50 à 60 % de la ration annuelle. L’accessible est divisé en paddocks d’1,2 ha. Le déprimage débute mi-février sur les parcelles les plus séchantes des 35 ha. Ce premier cycle se positionne à 54 ares par vache. Puis la sortie des génisses pleines à partir de mars réquisitionne de la surface. « Cela permet d’optimiser le pâturage à la pleine pousse et de ne pas trop débrayer. Le troupeau en production rentre au bon stade en ne tournant plus que sur 30 ha, soit 45 ares par vache. » Le silo de maïs est fermé début avril jusqu’à mi-juillet. En complément de l’herbe, de mars à août, du maïs grain broyé (stocké en boudin) est apporté (1 kg par vache matin et soir) comme « soutien énergétique ».

Pour assurer du stock sur pied pour le pâturage estival, début juillet, le tour d’herbe est rallongé en réintégrant les surfaces débrayées et les prairies semées sous couvert de méteil (récolté mi-mai et stocké en boudin). Le troupeau tourne sur 40 ha, soit 62 ares par vache. À l’automne, le pâturage se poursuit sur 38 ha (58 ares par vache) en s’assurant de finir le tour en décembre par les surfaces les plus séchantes. Notons qu’à partir de novembre, les vaches ne sortent plus qu’en journée et reçoivent de la betterave (jusqu’à fin mars).

Colza pâturé l’hiver

Puis de mi-décembre à mi-février, toutes les prairies sont au repos. Mais le pâturage se poursuit : « De 10 h à midi, les vaches pâturent au fil avant du colza fourrager semé à la volée l’été. L’après-midi, elles ont accès, en full grass, à 2 ha de prairies. Ces surfaces seront retournées pour semer du maïs alors je ne crains pas que les animaux les abîment. » L’objectif est l’ingestion de 3 à 4 kg MS par vache par jour. « En pâturant ainsi l’hiver, il n’y a pas de transition alimentaire et les animaux sont plus calmes au déprimage. »

Toma Dagorn

415 € / 1 000 L de marge brute lait

Fabien Leroux recourt à l’insémination en visant deux périodes de vêlages en mars – avril et en septembre – octobre pour que les lactations démarrent sur des périodes économes de pousse de l’herbe (« Le reste de l’année, un taureau Angus rattrape les vaches décalées »). Sur l’exploitation, le chargement se situe à 1,35 UGB/ha de SFP (75 laitières, les génisses, quelques bœufs). « Même si le produit lait a reculé avec moins de volume livré, la baisse des charges opérationnelles liée à l’extensification et la conversion en bio ont apporté de l’efficacité économique. » La laiterie collecte 382 000 L par campagne (5 240 L / VL). Pour un coût alimentaire de 60 € / 1 000 L, la marge brute lait est de 415 € sur 2021-2024 (période en bio). L’EBE approche des 100 000 € pour un ratio valeur ajoutée/produit d’activité de 48 %. Cette bonne santé économique a permis d’engager des travaux : construction d’une salle de traite 2×8, aménagement d’une fumière, réfection des silos, passage de 62 à 80 places à l’auge et augmentation de 60 m2 d’aire paillée. « De quoi apporter du confort aux animaux et simplifier le travail, surtout l’hiver »


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