Crayons et carnets en main, ils sont une quarantaine de jeunes, ce jeudi 2 octobre, à suivre les explications de Cyrille Giroux, associé du Gaec de Penquelen, à Scaër. Il y a là des élèves de classes de CAP agricole, de bac pro, mais aussi des étudiants de BTS venus des quatre coins du Finistère. Face à ce public attentif, l’hôte du jour présente en toute transparence et avec pédagogie les choix structurants réalisés sur cette exploitation bio de 110 hectares de SAU qui emploie 2 UTH. En monotraite depuis le début de l’année, le troupeau de 55 vaches laitières est riche en croisements : Jersiaise, Rouge norvégien, Pie rouge des prés, Normande, Frisonne… « Nous recherchons avant tout des vaches faciles et avec de bons taux », souligne l’éleveur qui a repris cette ferme après un tiers en 2013, avant d’être rejoint en début d’année dernière par Clara Romé, sa compagne. Le couple, qui vend son lait (173 000 litres) au groupement Biolait, prévoit de transformer au sein de l’atelier nouvellement créé 15 000 litres environ par an. Skyr, fromage frais et beurre seront vendus sur site. L’exploitation compte, par ailleurs, six emplacements de camping dans des tentes lodges tout confort nichées dans la nature. Comme une ode à un certain art de vivre…
« Une expérience particulièrement enrichissante pour les jeunes »
Au même moment, à Saint-Evarzec, Rosporden, Elliant, Briec et Bannalec, d’autres jeunes découvrent, eux, le maraîchage diversifié, les grandes cultures, l’élevage de porcs, les plantes aromatiques et médicinales… Et toujours sur le même principe : à travers le témoignage d’agriculteurs qui partagent leur quotidien.
Menu à la carte
Après le déjeuner, les quelque 240 participants de ce cru 2025 de « La terre est notre futur métier » se retrouvent à la MFR d’Elliant pour un programme à la carte. Climat, biodiversité, égalité hommes-femmes en agriculture, conditions de travail, agronomie et conduite des grandes cultures, fertilité des sols… Chacun, en fonction de ses envies et centres d’intérêt, est invité à composer son menu pour l’après-midi.
Daniel Caugant, responsable du marché agricole pour le Finistère au Crédit Mutuel de Bretagne, anime avec ses collègues l’atelier consacré au financement de l’installation. Tout en détaillant les étapes clés d’un parcours qui s’étale sur 12 à 18 mois, ce professionnel expérimenté souligne toute l’importance du porteur du projet aux yeux des partenaires financiers. « Le porteur, c’est 75 % de la décision. Nous évaluons sa personnalité, sa formation, son expérience, sa motivation, sa stratégie, sa maîtrise du dossier… Et cela s’inscrit dans le cadre d’une stratégie claire : au CMB, nous voulons accompagner une agriculture bretonne qui soit viable économiquement, vivable humainement pour ses acteurs, et durable sur le plan environnemental ».


En s’appuyant sur l’étude d’un cas pratique en maraîchage bio, l’équipe de spécialistes bancaires démontre toute l’importance de bien anticiper les divers investissements qu’implique une installation. « Nous sommes là pour vous accompagner dans la durée. L’objectif est de construire une relation de confiance basée sur la transparence et les échanges. Le rôle du partenaire bancaire ne se cantonne pas au déblocage des prêts ! »
Au gré des interventions, les questions fusent et les carnets se remplissent de notes. Pour Karine Le Gendre, directrice de la MFR d’Elliant qui comptait une cinquantaine d’élèves parmi les participants, « cette journée est une expérience particulièrement enrichissante pour les jeunes. Les visites d’exploitations et les interventions extérieures permettent de les sensibiliser sur des thématiques importantes comme le climat et la biodiversité qu’ils vont ensuite retravailler avec leurs formateurs ». Le futur est en bonne voie !
Jean-Yves Nicolas
« Semer des graines »
« Tous les deux ans, le salon bio “La terre est notre métier” se tient à Retiers, en Ille-et-Vilaine. Mais nous sommes bien conscients que pour les élèves finistériens, cela peut être compliqué de s’y rendre, reconnaît Yannick Jestin, éleveur laitier et président du Gab 29. D’où l’organisation, chaque année, de la journée “La terre est notre futur métier” . Nous tournons sur les différents établissements d’enseignement agricole du département. Comme toute l’agriculture, la bio est confrontée à la question du renouvellement des générations. J’espère qu’à travers les visites d’exploitation et les différentes interventions proposées, cela va amener certains jeunes à se questionner. Et même susciter des vocations pour la bio. Nous semons des graines qui vont germer ».