« Nous avons abordé la saison de production sereinement », indique Didier Le Guellec, directeur légumes industrie d’Eureden. « Les pluies hivernales avaient rempli les retenues collinaires et la réserve utile des sols. De la fin février à la fin mai, les conditions météorologiques nous ont permis de respecter notre calendrier de semis ». C’est à partir de la fin mai que la situation s’est dégradée, en raison de pics de températures précoces, à plus de 30 °C en juin, et de l’absence de précipitations (du 20 avril au 20 juillet), sur l’ensemble de la zone. « La fin de la saison des épinards de printemps a été pénalisée. Nous avons réalisé 95 % du prévisionnel ».
Sueurs froides en haricots
Pour les haricots, les pluies de fin juillet ont soulagé les producteurs ; celles de la fin août également. « Nous avons eu quelques sueurs froides mais, au final, nous sommes sereins. Les volumes de haricots, verts, beurre et bio devraient être conformes au prévisionnel ». La qualité n’est pas régulière pour les premières récoltes. « Les traitements ont été moins efficaces en raison de la sécheresse ; les parcelles étaient plus sales. L’amarante, par exemple, s’est beaucoup développée. Nous avons une chance en Bretagne car le datura n’est pas aussi répandu que dans le Sud-Ouest. Sa présence est très problématique, surtout dans les haricots, car la plante est toxique, y compris les tiges. Nous devons rester vigilants pour éviter qu’elle ne se répande dans la région ».
Recherche de nouvelles variétés pour relancer la consommation
Précocité record de la récolte de pois
La campagne de pois s’est achevée le 20 juillet. « Nous n’avons jamais eu une récolte aussi précoce. Les conditions météorologiques ont induit une concentration de la venue à maturité. Il y a eu 10 % d’abandon de surface car nous n’avons pas la capacité industrielle à traiter tout ce volume au même moment. De plus, les rendements ont été moins bons sur le dernier tiers de la saison ». Les rendements des carottes d’été et des brocolis sont supérieurs au prévisionnel. « Ces cultures sont irriguées et n’ont donc pas souffert de la sécheresse ». La saison, en cours, des plantes aromatiques – persil et ciboulette – s’annonce satisfaisante. Celle des flageolets, des épinards et des brocolis d’automne débute. « La crainte de sécheresse ou d’excès de chaleur est passée. On espère simplement que les températures ne baissent pas trop vite désormais ».
Baisse des surfaces emblavées en 2025
La saison de production est donc globalement satisfaisante. Les producteurs ont tout de même subi une baisse de 12 %, en moyenne, des surfaces emblavées. « L’année 2024 a été une bonne année de production en Europe. Dans le même temps, la consommation a baissé essentiellement en raison de l’inflation mais aussi parce que les ménages avaient toujours un peu de conserves dans leurs placards, suite à la période Covid. Nos clients industriels avaient des stocks ». Tous les légumes n’ont pas la même tendance de marché mais la demande est globalement en retrait. Un regain se fait sentir sur le marché du légume bio. « La recherche de nouvelles variétés peut être une solution pour inverser la tendance à la baisse de consommation des produits standards », selon le directeur, qui évoque, en exemple, les résultats d’essais encourageants en haricots blancs, rouges et surtout Borlotti, susceptibles de suppléer l’emblématique flageolet dans les assiettes.
Bernard Laurent
Des aléas météo de plus en plus violents
Opinion – Didier Le Guellec – Directeur légumes Eureden
Les 14 000 hectares emblavés en légumes industrie chez Eureden, répartis chez un millier de producteurs, sont irrigables à près de 40 %. Les réserves, qui ont une capacité moyenne de 25 000 m3, permettent une irrigation d’appoint. Nous souhaitons augmenter le nombre de retenues mais c’est administrativement toujours aussi compliqué. Pourtant, l’utilisation de ces retenues d’eau n’a pas d’influence sur le milieu naturel, contrairement aux forages, par exemple ; même lorsqu’il y a des arrêtés sécheresse, comme cette année. Nous continuons de travailler sur cette problématique des réserves. Nous poursuivons la recherche variétale et nous utilisons de plus en plus de nouvelles technologies pour l’irrigation mais aussi pour le désherbage localisé, les traitements satellites (fertilisation), le traitement de données…