Château de Marcillé-Robert (35)
Qu’est-ce que la carpologie ? « C’est la science qui étudie les graines, fruits, noyaux, feuilles conservés et découverts dans un contexte archéologique. Ces restes peuvent être très anciens, conservés sous forme carbonisée ou sous des limons par exemple », explique Aurore Leroux, médiatrice en archéologie du CPIE (Centre permanent d’initiatives pour l’environnement) Val de Vilaine.
Vendredi 18 juillet, aux pieds du château de Marcillé-Robert, elle intervenait auprès du grand public pour vulgariser cette discipline à l’intersection de l’archéologie, de la botanique, de l’ethnologie et des sciences agronomiques. Un atelier organisé dans le cadre de l’évènement « Mythes et Motte ».
Le carpologue nous renseigne sur l’agriculture, les échanges…
« Grâce à ses recherches, le carpologue nous renseigne sur l’agriculture, les échanges, l’environnement. » Lors de cet atelier ludique, les visiteurs ont pu imiter la démarche scientifique de carpologie « pour enquêter sur ce que mangeait et cultivaient les populations du Moyen-Âge en France ». Ils ont commencé par tamiser un échantillon, puis ont trié les graines, les ont identifiées, quantifiées. Cet inventaire les amenait à déterminer le site où a été trouvé l’échantillon. Ainsi, la présence de graines de blé, millet, olive et avoine conduisait à un site sur Montpellier au 14e siècle.
L’iconographie et les manuscrits
Aurore Leroux présentait aussi d’autres types de ‘traces’ laissées par nos ancêtres du Moyen-Âge, en lien avec l’agriculture et leur alimentation. « Par exemple, des outils tout rouillés ont été retrouvés : des faucilles, des crocs à foin à deux dents… L’iconographie médiévale ainsi que les manuscrits nous donnent aussi beaucoup d’informations sur le mode de vie des populations à l’époque. On les voit manger différents types de pains, récolter des pommes, griller des châtaignes ou encore fouler les raisins avec leurs pieds. Des cochons sont représentés… », montre-t-elle sur des images. « À l’époque, les chevaux étaient utilisés pour la traction ou la guerre, les bovins pour la viande, le lait ou les travaux des champs… »
Découverte des fouilles archéologiques
Dans un autre atelier, les visiteurs ont pu découvrir la technique des fouilles archéologiques. Armés d’une balayette, d’une pelle, d’un pinceau et d’une truelle, ils étaient invités à faire apparaître des objets placés dans des bacs et recouverts de sable, « avec précaution, pour ne pas les bouger et ne pas perdre des informations… », comme l’explique un des médiateurs bénévoles.
Quatre types de vestiges pouvaient être sortis de terre : ceux de l’habitat seigneurial comprenant des pointes de flèche, des carreaux de pavement, du mortier attestant d’un habitat d’élite ; du forgeron (scories d’étain, fragment de four…) ; du potier (sole de four, tessons) ; du dépotoir avec des restes d’os, des coquilles d’huîtres ou de moules, des tessons et un bouchon de pot. De quoi fournir de précieux renseignements sur les modes de vie d’alors, dans le château ou dans la basse-cour…
« Lors des fouilles archéologiques, les fragments et restes trouvés sont répertoriés. L’endroit, son emplacement, la profondeur, sont enregistrés très précisément. Aujourd’hui, les outils GPS facilitent les relevés topographiques. »
L’évènement « Mythes et Motte », qui s’est tenu les 18, 19 et 20 juillet, était organisé pour la première fois. « Cela nous permet de tester les possibilités d’accueil sur ce lieu autour du château de Marcillé-Robert », indique Nicolas Rausch, directeur du service culturel à Roche aux fées Communauté. D’autres ateliers ont ponctué ce long week-end, tels que la calligraphie, l’initiation à la taille de pierre, l’archéozoologie, le tissage ou encore la conservation/restauration des châteaux-forts.


Le Moyen-Âge se dévoile sur le territoire, après la préhistoire
Habituellement, mi-juillet, c’est un autre évènement qui est organisé sur la communauté de communes : la « Semaine de la préhistoire » sur le site de la Roche-aux-fées, à Essé à proximité, toujours en partenariat avec le CPIE Val de Vilaine. L’impressionnante allée couverte composée de 41 blocs de pierre attire chaque année 25 000 visiteurs. Elle date du néolithique, soit environ 2 000 ans avant notre ère.
« La valorisation du château de Marcillé-Robert permet aujourd’hui d’apporter un éclairage sur une autre période : le Moyen-Âge. » C’est un château-fort en ruines, inscrit au titre des Monuments historiques, situé sur les Marches de Bretagne. Après plusieurs évènements cet été en lien avec le château, des visites guidées vont être organisées lors des Journées du patrimoine, du 19 au 21 septembre, entrant dans le thème 2025 du « patrimoine architectural ». « Les gens pourront apprendre à lire les pierres », indique Nicolas Rausch.
Agnès Cussonneau
Le château revit
Après six ans de travaux qui ont permis la cristallisation des ruines du château de Marcillé-Robert, dans l’objectif de conserver son état actuel, le site vient d’être rouvert au public. Auparavant, une fortification en bois était présente dès le 11e siècle réalisée par Riwallon. « C’est probablement à André III de Vitré (1173-1211) qu’on doit l’édification de ce château en pierre dont la vocation était autant symbolique – il s’agit d’affirmer sa puissance – que militaire », soulignent les responsables. Dépourvu de donjon, le château est constitué de six hautes tours très resserrées, dont la plus haute mesure encore 11 m de haut. Renseignements : 06 67 35 65 96, tourisme@rafcom.bzh