La part de mâles entiers abattus sur la zone Uniporc ne cesse de progresser pour atteindre 47 % sur l’année 2024. Depuis le début de l’année 2025, le chiffre monte à 52 % de mâles entiers. « Au marché au cadran, ce sont 20 % de mâles entiers qui sont proposés aux acheteurs. Ça sera peut-être plus demain si nous avons une demande des abatteurs en face. On ne peut produire que ce qui se vend », lance David Louzaouen, administrateur à l’UGPVB, lors de la table ronde qui s’est déroulée le 19 juin à Ploufragan (22) pendant l’assemblée générale du Marché du porc français (MPF). Il ajoute que le mâle entier répond à une problématique de main-d’œuvre en élevage car il n’y a plus de castration à effectuer et apporte aussi du gain technique. « Sur mon élevage, après une étude, nous avons constaté qu’il n’y avait pas d’intérêt économique à passer en mâle entier. De plus, nous n’avons pas de problématique de main-d’œuvre. »
65 pays utilisent la castration vaccinale
Certaines entreprises ne préfèrent pas travailler avec du mâle entier. C’est le cas de Vallégrain : « Notre slogan est le porc autrement, nous abattons chaque semaine 9 000 porcs dont une partie issue de cahiers des charges type Label rouge, Bleu-blanc-cœur ou bio. Ce sont des animaux avec des durées d’élevage plus longues pour atteindre une bonne maturité de viande. Nous défendons donc la castration car nous ne pouvons pas nous permettre de décevoir un consommateur qui tomberait sur de la viande odorante », explique Alexis Leveau, directeur général de Vallégrain et représentant de Culture Viande. Il existe d’autres méthodes de castration que celle largement appliquée en élevage comme la castration vaccinale. « 65 pays utilisent la castration vaccinale, des associations comme Welfarm ou CIWF soutiennent cette méthode. L’Efsa et l’Anses ont émis des avis positifs sur la castration vaccinale et l’abatteur Ker Mené a aussi adopté cette méthode », informe Christiane Lambert, présidente de la FICT le syndicat des industriels de la charcuterie. Elle fait remarquer que les entreprises de salaison ont besoin de mâles castrés pour le gras. « Si le mâle entier venait à trop se développer, ces entreprises alertent sur le fait qu’elles seraient obligées d’aller chercher du mâle castré à l’étranger. »
Un alourdissement des carcasses
Le sujet de l’alourdissement des carcasses a aussi été évoqué lors de cette table ronde. Les carcasses ont pris 10 kg de plus ces 20 dernières années. Pour Alexis Leveau : « L’alourdissement des carcasses apporte de la productivité à l’amont et à l’aval. Nous avons un cochon avec une viande plus mâture, ce qui améliore le gustatif. » Et Christiane Lambert de rebondir : « Ne tombons pas dans le syndrome de la viande bovine avec de trop grosses bêtes. Pour de la salaisonnerie, il est intéressant avoir des animaux plus lourds. En revanche, pour de la découpe en boucherie ou pour la GMS, il ne faut pas des carcasses trop lourdes. Si on prend l’exemple de côtes de porc tranchées en barquette, lorsqu’il faut respecter un poids avec un animal plus lourd, les côtes vont être tranchées plus finement et seront plus sèches après cuisson. Il faut donc trouver un juste milieu. » Pour David Louzaouen, l’alourdissement des carcasses vient de l’amélioration génétique, de la nutrition et de la bonne maîtrise du sanitaire. Cet alourdissement a débuté lorsqu’il y a eu des retards d’enlèvement et cela s’est poursuivi ensuite. « Avec des marges faibles et des charges en hausse, nous diluons nos charges sur plus de kilos de cochon », justifie Carole Joliff, présidente du Comité régional porcin (CRP) Bretagne.
Nicolas Goualan
Rien de plus transparent que le MPF
Opinion – François Pot – président du MPF
Rien n’est plus transparent que le MPF pour fixer les prix tout au long de la chaîne. Croire que quelques lois régleront les problématiques de la fixation du prix relève du mensonge. Nous sommes dans un monde de concurrence exacerbée où la géopolitique vacille et seule la compétitivité permet aux uns et aux autres d’exister. Nous sommes ancrés sur nos exploitations à capitaux familiaux qui resteront les références de l’élevage de porc en France, tout autre modèle ne sera que marginal tant nos métiers sont exigeants et complexes.