La question de l’eau disponible se pose

Les études HMUC confirment l’importance de se pencher rapidement sur l’approvisionnement en eau des Côtes-d’Armor. 

Une rivière en Bretagne au printemps.  - Illustration La question de l’eau disponible se pose
© Paysan Breton - T. Dagorn

« En Bretagne, on a toujours pensé que l’eau était une ressource renouvelable et inépuisable. Inépuisable, elle ne l’est pas puisqu’en 2022, au plus fort de la sécheresse, les Côtes-d’Armor n’avaient plus que trois semaines d’autonomie en termes d’adduction d’eau potable quand la pluie est revenue », explique Jean-Luc Barbo, président de la Commission locale de l’eau (Cle) de la Baie de Saint-Brieuc. Et de poursuivre : « Notre schéma d’aménagement et de gestion de l’eau (Sage) commence à dater. À l’époque, en 2015, nous avions beaucoup parlé de l’aspect qualitatif de la ressource. Le sujet quantitatif avait été ignoré. »

Demain, il y aura des manques d’eau

Étiages plus sévères

Dès 2019, l’idée d’études HMUC (pour Hydrologie, milieux, usages et climat) a été mise sur la table. Elles sont en cours de réalisation depuis 2023 pour tous les Sage du littoral costarmoricain. Les diagnostics commencent à être croisés. Dans le cadre d’une ressource limitée et d’un climat changeant (température en hausse, évolution de la répartition des pluies, augmentation de l’évapotranspiration), elles soulignent des usages importants et impactants. En termes d’hydrologie, les travaux rapportent des bas débits de plus en plus marqués et un allongement des périodes de basses eaux. « Les modèles montrent que les besoins des milieux sont aujourd’hui supérieurs aux débits naturels constatés en période d’étiage, notamment à l’est du département. Dans le même temps, certains usages sont de plus en plus demandeurs. » Il y a des usages prioritaires : eau potable, industrie et agriculture (notamment abreuvement des animaux)…

Réviser le Sage

Les études HMUC se poursuivent par une phase de concertation associant le plus d’acteurs possibles. « L’eau est un patrimoine commun. Même s’il y a des usages prioritaires, elle doit être partagée équitablement. Demain, lorsqu’il y aura des manques, on sera tous appelés à faire preuve de sobriété », prévient l’observateur.

« Tout cela interroge le modèle de développement de notre société : urbanisme, imperméabilisation des sols, accueil annoncé de plus de 300 000 personnes d’ici 2050… Des gens qui s’installeront prioritairement à Rennes et sur la côte morbihannaise, territoires déjà en manque d’eau. »

L’étude HMUC fournira le maximum d’informations à la future Cle (automne 2026) pour réviser le Sage en intégrant cette fois la question quantitative.

Toma Dagorn

Ralentir l’eau sur les bassins versants

« On a drainé, recalibré, surcreusé des rivières, cultivé des zones humides… », regrette Jean-Luc Barbo. « Mais finie la culture du tout tuyau. Nous avons désormais tous un impératif : ralentir l’eau pour la garder le plus longtemps possible sur les bassins versants. » Et de rappeler que le plus grand réservoir d’eau reste le sol. « L’agriculture a ainsi sans doute un rôle à jouer dans ce sens en termes de pratiques culturales, de teneur en matière organique et de bon fonctionnement des terres… »


Tags :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article