14870.hr - Illustration « Redorer le blason du cochon »
Nicolas Bignon et Nicolas Perroche, deux des trois salariés de la SCEA La Rabardière (360 truies), Élodie et Arnaud Brielle forment une équipe pleine d’enthousiasme.

« Redorer le blason du cochon »

La marque bretonne de charcuterie Maison Brielle est née de la mise en commun des compétences en commerce d’Élodie et en élevage d’Arnaud.

Élodie a laissé derrière elle Paris et une carrière dans l’immobilier pour rejoindre son compagnon Arnaud Brielle, producteur de porc en Ille-et-Vilaine. Après deux ans d’aller – retour le week-end, chacun leur tour, entre la capitale et la Bretagne, la jeune femme s’est finalement installée à la campagne en 2018. « Quand tu tombes amoureuse d’un éleveur, tu prends le package : lui, sa ferme, son héritage transmis de génération en génération… », confie-t-elle avec malice. Un rapprochement qui a donné naissance, depuis, à deux beaux enfants ainsi qu’à la marque de charcuterie Maison Brielle. « À Paris, pendant 15 ans, j’ai commercialisé des biens d’exception. Je n’étais pas certaine de retrouver la même exaltation dans l’immobilier en milieu rural », explique l’amatrice de belles pierres. Elle avait plutôt envie d’être indépendante « en démarrant quelque chose de nouveau » lui permettant d’exploiter son « relationnel » et sa fibre commerciale.

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Déjà primé deux fois, le saucisson présenté par Élodie au Concours général agricole de Paris 2023.

Du cochon breton sublimé dans les Pyrénées

Estimant que le travail assidu des éleveurs n’était pas assez valorisé – « Sans producteurs, pas de pays ! L’agriculture fait partie du patrimoine français » – la Rennaise d’origine a rapidement eu envie de « redorer le blason du cochon ». Cherchant à « travailler ensemble » en associant leurs compétences, Élodie et Arnaud, « complémentaires », se sont alors interrogés sur la transformation. Le marché local comptant surtout des producteurs proposant de la viande fraîche en vente directe, eux se sont lancés sur le créneau de la charcuterie. « Mais pas question pour autant d’investir dans un laboratoire à la ferme », l’entrepreneuse préférant mettre toute son énergie dans le commerce.

L’année 2018 a été celle du dépôt de la marque et des tests. « Afin d’obtenir la qualité de viande recherchée, plus persillée, nous avons opté pour la génétique Duroc et seules des femelles sont destinées à la transformation en faveur de la tendreté », détaille Arnaud Brielle. Après avoir cherché un partenaire à proximité, le couple travaille finalement avec un artisan du Sud-Ouest. « En Bretagne, le climat est trop humide pour faire du séchage naturel de saucisson et de jambon. En termes de goût, nous n’obtenions pas un rendu à la hauteur du travail léché réalisé tous les jours à l’élevage. Dans les Pyrénées, nos cochons sont sublimés par un savoir-faire de charcutier-salaisonnier transmis de génération en génération », tranche Élodie.

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Les conserves gourmandes de Maison Brielle sont proposées en pots de 90 g.

Des produits simples et conviviaux

Le porc offrant un large éventail de possibilités de transformation, la gamme Maison Brielle se décline en produits de charcuterie, salaisonnerie et conserverie : jambon de Chalosse (affiné 16 mois), saucisson (séché 5 semaines), lomo, chorizo, coppa, andouille, pâtés, rillettes… L’artisan charcutier met en recette les idées de combinaison d’Élodie qui cherchent à « transformer des Madeleines de Proust en innovation » : lomo à l’origan, pâté à la truffe, au foie gras, au thym ou à l’oignon, boudin à tartiner, rillettes au cidre, aux cèpes ou au chorizo… « Nos produits sont conviviaux, simples et gourmands à la fois. »

En 2020, une centaine de cochons ont été valorisés. « L’objectif est d’atteindre, à terme, 200 animaux transformés par an. » Épiceries fines, cavistes, fromageries, traiteurs, magasins de producteurs, restaurants dont de belles adresses comme l’étoilé Le Saison à Saint-Grégoire (35) ou la brasserie gastronomique Asten à Binic (22)… Maison Brielle compte 130 partenaires dans le Grand Ouest, en région parisienne et même en Norvège. « En 2019, nous avons commencé tout petit en allant au-devant pour faire goûter. Certains revendeurs sont venus visiter l’élevage. Peu à peu, nous nous sommes fait un nom localement. Puis, grâce au bouche-à-oreille, nous sommes entrés sur de beaux marchés de producteurs comme Pari fermier. Aujourd’hui, nous accueillons un nouveau client par semaine », raconte Élodie qui profite des livraisons de proximité pour « tisser des relations étroites et avoir des retours terrain indispensables sur les produits ».

Véhiculer l’idée du bien manger

À l’heure de participer pour la 3e fois au Concours général agricole (voir encadré), Élodie et Arnaud Brielle se réalisent dans cette aventure de développement d’une marque. Pour l’éleveur, c’est un épanouissement personnel : « GMQ, indice de consommation, mortalité, nombre de sevrés par truie… En production porcine, on parle beaucoup de chiffres. Mais là, nous parlons de goût. Et puis il y a le plaisir de faire ses factures, de calculer soi-même, pour une fois, le prix auquel nous allons vendre nos cochons… » Loin d’un certain stress du rythme parisien, Élodie, elle, apprécie d’avoir su donner du sens à sa nouvelle vie « en offrant du plaisir aux gens autour du bien manger ».

Site internet : www.maison-brielle.fr

Rendez-vous capital à Paris

« Obtenir une médaille au Concours général agricole, c’est bien. Mais le plus dur est de la conserver. Chaque année, les jurys changent : le défi est de séduire ces nouveaux palets », explique Élodie Brielle. Son saucisson nature a remporté la médaille d’argent en catégorie « traditionnel » en 2020 et 2022 (pas d’édition 2021 pour cause de Covid-19). Il sera à nouveau présenté au fameux concours du Salon de l’agriculture 2023. Un rendez-vous capital pour la jeune marque bretonne : « Une médaille à Paris apporte de la crédibilité. C’est un gage de qualité pour nos revendeurs. Grâce au panneau sur les marchés ou au macaron sur les produits, ce repère attire les consommateurs. Entre deux saucissons, ils vont naturellement vers la médaille », rappelle la fondatrice de Maison Brielle.

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