Les bovins ne « fonctionnent » pas comme nous

Une bonne relation homme-animal commence par la compréhension de la perception de leur environnement par les bovins. Leurs cinq sens sont différents de ceux des humains. 1 La vue « Le bovin dispose d’un champ de vision élargi (jusqu’à 330°), mais sa vue est binoculaire seulement à l’avant et monoculaire sur les côtés. Il est recommandé d’attirer son attention afin qu’il dirige sa tête vers le manipulateur puis de se placer sur le côté au niveau de l’épaule pour le faire avancer ou reculer. Attention quand le bovin est apeuré, la vision frontale devient floue », a expliqué Gwenaël Tabart, formateur expert Innoval lors d’une journée technique initiée par Limousine Finistère chez Sébastien Plouzennec, éleveur à Pluguffan (29). « Les couleurs claires et vives (blanc, jaune, rouge) ont tendance à énerver les bovins. Les couleurs sombres et neutres les calment. On peut donc utiliser des bandes blanches pour les guider par exemple ou un ruban de signalisation rouge et blanc (rubalise), très efficace. Cependant, il ne faut pas les habituer non plus à ce balisage car cela ne fonctionnera plus. Ce ruban est à placer au niveau des yeux des animaux manipulés et plutôt des vaches quand il y a aussi des veaux qui suivent… » Autre caractéristique, le temps d’adaptation de l’œil des bovins au changement d’éclairement est 5 fois plus long que pour l’homme. Les alternances de zones d’ombre et de lumière sur le sol, les flaques d’eau ou les points trop lumineux les empêchent d’avancer. « Les systèmes de contention ou les quais d’embarquement sont plutôt à positionner vers le nord. » Et les bovins ne perçoivent pas les mouvements de façon continue : « Mieux vaut entrer dans un box sans sauter ni s’abaisser et calmement. » 2 L’odorat L’odorat est un sens majeur pour les bovins qui leur permet de différencier chaque individu du troupeau et de communiquer entre eux. Ils sont perturbés par les odeurs inconnues. Les éleveurs peuvent s’approcher régulièrement des animaux et se laisser flairer. Il faudra rester vigilant par rapport aux « nouveautés olfactives » (parfum, odeur d’un autre taureau, personne nouvelle…). 3 Le toucher La sensibilité tactile de ces animaux est très développée. Le conseiller recommande « un contact franc plutôt qu’un effleurement ». Caresser, gratter le dos ou la base de la queue sont perçus comme positifs. Un contact appuyé sur l’épi dorsal, entre les épaules, permet de calmer et/ou immobiliser l’animal. « Le bâton, prolongement du bras, doit être utilisé dans toutes les interventions avec les bovins. Il permet d’approcher et de toucher des animaux en restant en dehors de leur périmètre de protection. En dernier recours, le bâton peut servir à se protéger. » Frotter les crêtes palatines peut permettre de distraire l’animal et de déclencher le réflexe de déglutition lors d’une intervention par voie orale. 4 L’ouïe L’oreille du bovin est très sensible, aux sons aigus notamment. Toutefois, ils s’habituent aux bruits familiers. Ils réagissent aux intonations de la voix humaine et les cris les stressent. Ils communiquent entre eux par des meuglements ayant des significations distinctes : menace, appel, peur, rassemblement… 5 Le goût Les bovins distinguent les goûts sucrés, salés, acides et amers. Leur gourmandise peut être utilisée pour les approcher ou les faire se déplacer. La moitié des accidents est liée aux bovins « Le secteur des élevages de bovins est le plus concerné par les accidents du travail des chefs d’exploitation », déclare Claire Cloarec, conseillère prévention risques professionnels à la MSA Armorique. « Les élevages bovins (lait, viande ou mixte) cumulent près de 45 % des accidents du travail avec arrêt. » En regardant de plus près l’évolution des accidents de travail en exploitations bovines, la tendance est à la baisse entre 2016 et 2019, de plus de 25 %, mais leur gravité s’amplifie. Autre chiffre éloquent de 2019, « près de la moitié de ces accidents de travail se produisent dans le cadre d’une activité en lien avec les animaux, souvent lors de soins, de manipulation / contention ou pendant la traite pour les laitiers. Les fractures ou fêlures sont les premiers types de blessures, suivies des lésions superficielles et contusions, puis des plaies ». Le fait de travailler seul constitue un facteur aggravant. « Les cages de contention, de parage, les parcs fixes ou mobiles, les portes de tri, les barrières poussantes sont des aménagements utiles pour réduire les risques d’accidents tout comme les chiens de troupeaux. » Pour les éleveurs laitiers qui passent en bovins viande, une réflexion est à mener sur les systèmes de contention qui deviennent alors insuffisants. « Nous sommes beaucoup sollicités sur les TMS (troubles musculo-squelettiques) mais nous pouvons intervenir sur le risque animal également », précise la conseillère MSA.

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