- Illustration Des aides financières pour réduire les gaz à effet de serre
La démarche du label bas carbone est encore en phase de construction en porc. Les postes alimentation, et gestion des effluents sont les principaux leviers pour abaisser les émissions de gaz.

Des aides financières pour réduire les gaz à effet de serre

Les leviers existent en élevage de porcs pour réduire les GES (Gaz à effet de serre), parfois sans investissements. Le groupement Evel Up a réalisé des simulations dans deux élevages ayant changé de pratiques.

L’aliment est le principal émetteur indirect de GES en élevage de porcs ; il émet essentiellement du NO2 (dioxyde d’azote) et du CO2 pour sa fabrication, du champ à l’auge. Dans l’élevage, les émissions directes sont principalement constituées de méthane (NH4), en lien avec la gestion des effluents. Le groupement Evel Up a présenté une simulation aux matinales de l’Ifip, au Space, réalisée dans deux élevages adhérents. L’un des deux élevages (600 truies) a investi dans un nouveau bâtiment d’engraissement de 600 places, avec raclage à plat et couverture d’une fosse (avec système Nénufar de récupération du gaz et installation d’une chaudière). L’énergie produite est valorisée pour chauffer la maternité et les PS (réseau d’eau existant). La baisse d’émission de GES est estimée à 11 %, soit 871 tonnes équivalent CO2, par an. « À 30 € la tonne de gaz non émise dans l’atmosphère, la rémunération pour l’éleveur (marché du label bas carbone), serait de 26 130 €/an, soit 130 000 € sur 5 ans (durée du contrat)  », indique Loïc Dupont, conseiller environnement. Avec un investissement de 135 000 € dont 36 000 liés au raclage, quelques subventions et un prix du kg de propane à 0,10 € (soit 19 900 € économisés sur l’élevage par an), le retour sur investissement serait de 5 ans environ sans la rémunération du label bas carbone et de deux ans avec.

Moins de soja importé, plus de tournesol français

Dans l’autre élevage (750 truies et fabrique d’aliments), l’éleveur a actionné le levier alimentation. Le taux de tourteau de soja dans les aliments croissance et finition a été abaissé respectivement de 13 à 6,5 % et de 10 à 5 %. Ce tourteau a été remplacé par un tourteau de tournesol décortiqué d’origine française (aliment formulé à valeur énergétique identique), ajusté par des acides aminés. « Cette évolution a permis une baisse de 8 % de GES, soit 566 tonnes. À 30 €/ tonne évitée, la rémunération pour l’éleveur serait de 17 000 €/an, soit 85 000 € sur 5 ans ». Au prix de l’aliment de juillet 2022, le surcoût alimentaire est de 2 490 €/an, soit 12 450 € sur 5 ans. La méthode de calcul des GES n’est pas encore validée (les résultats varient significativement d’une méthode à l’autre). Elle devrait l’être au mois d’octobre prochain. Les éleveurs qui ont déjà des pratiques économes en émissions de GES, avec des marges de progrès limitées, ne pourront pas prétendre aux aides.

Une nouvelle usine à gaz ?

« Le système Nénufar n’est pas applicable partout, la méthanisation mésophile encore moins (lisier de porc peu méthanogène qui impose d’autres intrants) », indique Loïc Dupont. « Le levier aliment peut se heurter au besoin de silos supplémentaires. L’engagement dans la démarche du label bas carbone suppose un diagnostic de l’élevage et/ou des cultures. Les éleveurs accepteront-ils d’y consacrer du temps ? Quel sera le prix de la tonne de carbone demain ? L’aide peut être un plus mais les éleveurs ne doivent pas attendre la mise au point de la méthode (et les financements) pour entreprendre des démarches d’économies d’énergie ».

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