b9508.hr - Illustration La sortie des quotas a favorisé le développement de l’herbe
À partir de 2015, dans l’assolement d’Olivier Lucia, les cultures de vente ont été délaissées au profit de l’herbe pâturée et récoltée.

La sortie des quotas a favorisé le développement de l’herbe

Chez Olivier Lucia, l’incertitude à la fin du régime de quotas a précipité l’évolution d’un système laitier intensif vers une approche plus économe et herbagère.

En 2008, Olivier Lucia reprend l’élevage familial à Saint-Gonnery (56). Le quota de 315 000 L de lait est alors produit par une quarantaine de vaches. « Mes parents font partie de la génération qui a espéré toute sa carrière avoir un peu plus de lait à livrer. Alors, à la sortie des quotas, j’ai dit oui aux droits à produire qu’on me proposait », raconte le jeune homme dont la référence atteint aujourd’hui 631 000 L pour une SAU de 74 ha.
« Historiquement, notre approche était très intensive : des Holstein à 10 000 kg de lait par an, 18 ha de maïs fourrage et des cultures de vente jusqu’à 25 ha de céréales et 4 ha de légumes. » Pour moins de 30 ha en herbe. « Avec des charges élevées mais un produit élevé en contrepartie, cette approche générait du revenu. D’ailleurs, je me rappelle avoir fait une bonne année 2014… », confie le Morbihannais. Sans la fin des quotas, il n’y avait « aucune raison » de changer.

La simplicité du système herbager d’un voisin

Ainsi, 2015 a marqué un tournant : « La libéralisation des volumes a donné les pleins pouvoirs à l’aval. Dans ma tête, j’ai aussitôt fait le deuil de l’objectif d’un prix à 400 € / 1 000 L rémunérateur. » Au même moment, lors d’une porte ouverte, Olivier Lucia a un « déclic », frappé par la simplicité du système herbager d’un voisin : « Des chemins bitumés vers les paddocks, des prairies bien tenues, un joli troupeau de croisées, une récolte de l’herbe déléguée, 400 000 L de lait bio livrés pour 3 UTH synonyme de bon revenu à l’heure travaillée, des éleveurs bien dans leur peau… » En repartant, le jeune homme a trouvé la direction qu’il veut prendre. « Restait à mesurer le risque du changement car j’avais encore des annuités importantes. »

Le mouvement est pourtant lancé. En 2015, la construction d’un pont, pour 13 000 €, au-dessus de l’Oust offre au troupeau un plateau de 15 ha supplémentaires accessibles au pâturage. L’investissement s’accompagne de la signature d’un contrat de Maec SPE 28 (plus de 55 % d’herbe dans la SAU et moins de 28 % de maïs dans la SFP). « Ma surface en maïs est restée stable car mon droit à produire a sensiblement augmenté à cette époque-là. Mais dès 2019, j’avais atteint ma surface actuelle en herbe, soit autour de 45 ha pour le pâturage et la fauche. » Parallèlement, entre 2008 et 2021, le cheptel a quasiment doublé pour se fixer à 85 laitières aujourd’hui afin de maintenir un certain volume de lait livré (576 000 L sur la dernière campagne). Sans surprise, le niveau d’étable baisse de 10 000 kg par vache et par an en 2015 à 7 500 kg en 2021. « Avant, une vache consommait 5 t de maïs ensilage, soit 75 % de la ration, et pâturait 1,2 t d’herbe par an. Aujourd’hui, le régime se compose de 48 % de maïs ensilage, 44 % de pâturage et 7 % d’ensilage d’herbe. » Et la distribution de concentrés s’est réduite : 150 g par litre de lait produit en 2014 contre en 69 g en 2019. Le coût alimentaire passant de 87 € / 1 000 L en 2014 à 59 € en 2019. 

Motivé par les projets et les défis

Olivier Lucia aime avancer par projet. En 2018, il a débuté le croisement trois voies. « J’ai opté pour ProCross basé sur les races Holstein, Rouge suédoise et Montbéliarde, un programme qui a des années de recul. » En 2019, aidé par un salarié en CDD, il a agrandi le bâtiment (70 logettes, 75 places à l’auge) et inauguré une salle de traite neuve 2 x 10 postes TPA. Prochains défis ? D’abord optimiser l’élevage des génisses. Ensuite, travailler sur la réduction des frais d’élevage (reproduction, santé…) ou d’entretien et des charges de structure. « Tous les ans, lors de la journée économique du Cédapa, les adhérents échangent leurs résultats comptables. Certaines exploitations ne paient pas de mine mais ont d’excellentes performances économiques. Je vais chercher à baisser mes charges en prenant comme objectif ce qui se fait de mieux pour chaque poste. » Si la santé financière de la ferme est au rendez-vous, l’objectif final est de livrer 600 000 L de lait en dégageant un EBE de 200 € / 1 000 € en faveur du revenu et d’une embauche pour réduire la charge de travail.

Porte ouverte : Jeudi 9 septembre, dès 13 h 30, lieu-dit Le Nézy à Saint-Gonnery (fléchage depuis le bourg.) Visite, ateliers et témoignages. 02 96 74 75 50. 


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