6413.hr - Illustration Le surpâturage vecteur de salissement
Les éleveurs ont observé le salissement des prairies du Gaec de Kerihuel à Berné lors d’un après-midi technique organisé par la Chambre d’agriculture.

Le surpâturage vecteur de salissement

Le Gaec de Kerihuel accueillait sur son exploitation de Berné un groupe d’éleveurs qui a échangé sur la gestion du salissement des pâtures. 

La Chambre d’agriculture du Morbihan et IdéA Pays du roi Morvan (réseau Résagri 56) ont organisé le 3 septembre un après-midi d’échange au champ autour de la maîtrise du salissement des prairies. Jean-Louis Le Fur et Antoine Guigner associés en Gaec à Berné ont accueilli le groupe sur leur exploitation laitière de 90 laitières sur une surface de 200 ha et avec 30 ha d’accessible au pâturage. « Les terres autour des bâtiments sont en pente sur un sol sableux donc filtrant. Ici, l’avantage c’est que la terre se réchauffe vite ce qui nous permet de pâturer tôt dans la saison ; l’inconvénient est que l’été cela sèche vite. Cette année est particulière. Avec l’hiver pluvieux, nous avons attendu le 15 mars pour la mise à l’herbe alors que normalement les vaches accèdent aux pâtures vers le 15 février », introduit Jean-Louis Le Fur.

Gagner 1 mois d’exploitation avec du RGA tardif

Cette année les éleveurs ont remarqué que certaines parcelles montaient très vite en épi après la fauche. « Certaines variétés de RGA sont très remontantes. Si en plus on a 3 ou 4 graminées différentes dans la pâture, nous allons avoir des épiaisons décalées. En implantant un RGA très tardif, on limite le phénomène de ré-épiaison. Nous allons perdre 15 jours lors du départ en végétation mais nous allons gagner un mois d’exploitation », indique Benoît Possémé, chargé d’étude et de conseil fourrages à la Chambre d’agriculture. Le groupe d’éleveurs observe une pâture vieille de 11 ans, l’agrostis y est très présente. Cette graminée vivace va pousser aussi bien en conditions humides que sèches. Elle se développe aux endroits où la pâture a des faiblesses et elle colonise les trous. « Elle sécrète une substance anti-germinative, 10 % d’agrostis dans la parcelle rend impossible le sursemis », informe Benoît Possémé. L’agrostis a très peu de feuilles et beaucoup de tiges, elle a donc une faible valeur alimentaire. De plus elle est très rasante la rendant très dure à pâturer pour les vaches. « Pour éviter qu’elle ne s’implante, on peut  jouer sur les rotations, éviter les parcelles parking et limiter le surpâturage. »

[caption id=”attachment_48153″ align=”aligncenter” width=”720″]6414.hr Pour régénérer leurs prairies, les associés du Gaec vont pratiquer le sursemis sur 3 à 4 ha chaque année.[/caption]

Le sursemis pour éliminer le chiendent

La pâture située à côté qui est beaucoup plus jeune se salit avec du chiendent. Christelle Samson, conseillère agronomie à la Chambre d’agriculture conseille d’effectuer un sursemis de RGI au printemps. « Avant de semer le RGI, il faut remettre les vaches à pâturer puis gratter un peu la terre avec un outil tel qu’une vieille herse, semer le RGI à la volée et passer le rouleau. » Les conseillers font remarquer qu’une pâture avec du pissenlit, du plantain majeur et du pâturin est un indicateur de surpâturage. « Lorsque l’herbe n’est plus en quantité suffisante il faut arrêter le pâturage et laisser les vaches en bâtiment. Lorsque la pousse de l’herbe est repartie vous pouvez les remettre en pâturage. Lorsqu’une pâture passe de 10 à 18 jours de temps de repos le rendement en herbe est multiplié par 5 », précise Benoît Possémé.

40 % de réussite pour le sursemis

Le sursemis consiste à renforcer la flore existante d’une prairie sans la détruire pour améliorer sa productivité et/ou sa qualité. « L’opération est envisageable s’il reste au moins 30 % de bonnes graminées et légumineuses dans la prairie avec peu d’adventices. Il faut le faire plutôt en été qu’au printemps pour éviter la concurrence », explique Benoît Possémé. Avant le sursemis il faut faire tout ce qui est déconseillé en temps normal : surpâturage, broyage à ras pour que la végétation ne dépasse pas 5 cm. Un sol ouvert avec beaucoup d’espaces vides favorisera la réussite. Le sursemis peut se faire à la volée avec un passage de rouleau lisse pour rappuyer la graine. Les associés du Gaec de Kerihuel ont opté pour un sursemis à l’aide d’un semoir Séméato spécifique au semis direct. Dans cette prairie de 6 ans, le mélange RGA/fétuque/RGH/TB/TV est positionné à 1,5 cm de profondeur à une vitesse de semis de 3,5 km/h. « Il faut des espèces agressives car on est entre 1 à 1,5 fois la dose de semis classique. Après semis, le sol est tassé avec un cultipacker ou par les vaches avec un chargement de 15 à 30 ares/UGB. » Globalement la réussite d’un sursemis n’est que de 40 %. Pour autant, Jean-Louis Le Fur et Antoine Guigner vont le faire tous les ans sur 3 à 4 ha.


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