5984.hr - Illustration Céréales : 5 bonnes raisons de ne pas semer trop tôt
Nous assistons à une montée inquiétante du nombre de parcelles concernées par des ray- grass résistants aux herbicides de sortie d’hiver.

Céréales : 5 bonnes raisons de ne pas semer trop tôt

Comme promis la semaine dernière, voici les deux dernières bonnes raisons de ne pas semer trop tôt ses céréales…

Les semis précoces favorisent le développement du ray-grass, de plus en plus présent en Bretagne. La pression piétin verse sur blé augmente également lorsque les semis sont réalisés vers le 15-20 octobre. Il est donc conseillé de ne pas semer trop tôt les céréales à paille d’hiver.

Développement du ray-grass résistant

Nous assistons à une montée inquiétante du nombre de parcelles concernées par des ray-grass résistants aux herbicides de sortie d’hiver. La chimie ne suffit plus à contrôler cette graminée assez nuisible puisque 100 ray-grass au mètre carré entraînent une baisse de 20 % du rendement…
Eureden a identifié 5 leviers qui peuvent être utilisés dans notre région.

• « Allonger la rotation ». L’introduction de cultures pérennes comme la luzerne ou des prairies lorsque cela est possible, ou l’alternance de cultures de printemps et cultures d’hiver, permettent de casser le cycle du ray-grass et d’utiliser différentes familles chimiques.
• « Faux semis = vraie solution ». Cette technique, à utiliser idéalement 3 semaines avant les semis, donne de bons résultats si les conditions ne sont pas trop sèches et si le déchaumage reste superficiel (maximum 5 cm), pour favoriser les levées de ray-grass.
• « Labourer occasionnellement ». Le labour permet de gérer 50 % du stock semencier du ray-grass. Un retour au labour est fortement conseillé après un échec pour enfouir les graines. Pour laisser le stock semencier se détruire naturellement en évitant de remonter les graines trop rapidement, il est important de labourer uniquement tous les 3 à 4 ans.
• « Éviter de semer trop tôt » : le ray-grass est capable de germer toute l’année mais son pic de germination se situe principalement fin octobre / début novembre. Ainsi, dans les parcelles présentant un stock semencier élevé, il est recommandé de décaler le semis à début novembre.
• « Récupérer les menues pailles » : peu de moissonneuses sont équipées de récupérateurs alors que ce système fonctionne sur ray-grass et que les menues pailles peuvent être valorisées en méthanisation.

D’autres leviers peuvent être actionnés ou sont encore à l’étude comme les outils mécaniques permettant de déraciner les plantules de ray-grass, le semis sous couvert, le choix de variétés ou de céréales plus couvrantes. L’orge hybride, par exemple, supporte davantage les fortes populations de ray-grass que les lignées.
Il est, par ailleurs, important de bien nettoyer la moissonneuse-batteuse pour éviter de disséminer les graines d’une parcelle à l’autre.

Concernant le désherbage racinaire, le désherbage chimique reste incontournable en agriculture conventionnelle malgré des contraintes réglementaires à prendre en compte. Nous conseillons d’utiliser des herbicides racinaires dès le semis jusqu’à 1 F maximum de la céréale dans les parcelles historiquement infestées de ray-grass afin de préserver les quintaux et de mieux gérer les populations résistantes aux herbicides de sortie d’hiver.

Dans les situations extrêmes, il est même conseillé de s’orienter vers un double passage racinaire : prélevée puis 1 F de la céréale pour viser 95 % d’efficacité contre seulement 70 à 85 % pour un passage unique.
Pour augmenter l’efficacité et éviter tout problème de phytotoxicité, il faut soigner la qualité de semis en évitant les lits de semence trop motteux, les graines en surface et les applications avant fortes pluies.

[caption id=”attachment_47416″ align=”aligncenter” width=”720″]5985.hr Bas de tiges nécrosées par le piétin verse.[/caption]

Ne pas sous-estimer le piétin verse sur blé

Les semis d’octobre sont favorables au développement d’une maladie du pied que l’on retrouve sur blé tendre d’hiver : il s’agit du piétin verse, à ne pas confondre avec le piétin échaudage.
La nuisibilité atteint en moyenne 3,7 q/ha mais avec des pointes dépassant 10 q. Dans les cas les plus graves, cette maladie peut provoquer de la verse précoce et désordonnée rendant la récolte difficile. Chaque année, entre 5 et 20 % des parcelles de blé sont concernées par le piétin verse en fonction du climat hivernal. Ce champignon apprécie une pluviométrie élevée et des températures douces pendant l’automne et l’hiver.

Quels sont les moyens de lutte conseillés par Eureden en cas de risques agronomiques élevés :
• Rotation : éviter blé/blé ou blé tous les 2 ans.
• Travail du sol : ne pas laisser trop de résidus en surface.
• Choix variétal : de plus en plus de variétés possèdent le gène de tolérance PCH1. Si le risque piétin verse est élevé, s’orienter vers Gravure, Vyckor, LG Absalon, RGT Pulko, Sophie ou Fluor. La lutte génétique sera toujours plus efficace qu’un fongicide !
• Date de semis : débuter les semis après le 25 octobre. Si vous souhaitez démarrer avant, choisissez une variété avec le gène PCH1.
• Positionnez un fongicide si nécessaire. L’utilisation d’Unix Max apporte environ 60 % d’efficacité à condition que le produit soit positionné tôt, entre épi 1 cm et 1 nœud.

Xarvio, notre OAD (Outil d’aide à la décision) ‘maladies du blé et de l’orge’prend en compte le climat de l’année, les risques agronomiques et le stade du blé pour conseiller l’impasse ou le traitement sur chaque parcelle de l’exploitation.

Sébastien Grey / Eureden


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