Dsc 0363 - Illustration La poire pour la soif
Clément Courcoux est le représentant de la cinquième génération familiale impliquée dans la fabrication de poiré. Un travail de patience - il faut 10 à 15 ans pour que les poiriers produisent - qui a été couronné par une médaille d’or lors de la dernière édition du Concours général agricole.

La poire pour la soif

Une médaille d’or l’atteste : le meilleur poiré de France est costarmoricain. Cap sur Plaintel (22), où la famille Courcoux œuvre avec passion pour donner ses lettres de noblesse à cette boisson traditionnelle.

Entre les Bretons et leurs voisins Normands, il existe un vieux contentieux relatif au Mont Saint-Michel. A en croire le dicton, « Le Couesnon, dans sa folie a mis le Mont en Normandie. Et quand le Couesnon retrouvera sa raison, le Mont redeviendra breton ». Alors, en attendant que ce fleuve capricieux reprenne ses esprits, attardons-nous un instant sur un autre débat opposant les deux régions : où est produit le meilleur poiré ? Cette fois, plus de discussion possible, le jury du prestigieux concours général agricole de Paris a tranché. Et c’est le breuvage élaboré à Plaintel par la famille Courcoux qui décroche la médaille d’or de l’édition 2020. « La seule décernée cette année dans la catégorie », se félicite Clément, représentant de la cinquième génération de producteurs.

Avec l’enthousiasme de ses vingt ans, le jeune homme aime à faire partager l’histoire de cette aventure familiale. « Mathurin, mon arrière-arrière-grand-père produisait déjà du poiré qui était exporté vers les maisons de champagne, à Reims. A l’époque, c’était utilisé pour fabriquer la liqueur qui donne la mousse et ses arômes au champagne ». Féru de botanique, Jean-François, le père de Clément, s’est, lui, passionné pour le poiré il y a une quinzaine d’années. Chaque printemps, il parcourt les routes de campagne, à la recherche de vieux poiriers sur lesquels il prélève des greffons. « Rien que dans les Côtes-d’Armor, plus de 200 variétés de poires à poiré ont ainsi été recensées, explique Clément. Pour la production, nous en avons sélectionné une dizaine de l’espèce « nivalis » (pyrus nivalis) pour leurs arômes et la qualité de leur jus. Côté arbres, nous utilisons la technique du double greffage : il y a une variété pour les racines, une deuxième pour la tige et une dernière pour les fruits ». Objectif : obtenir des plants résistants, rustiques, qui ne nécessitent pas de traitement ensuite, les vergers – 10 hectares, 2 000 poiriers – étant conduits en agriculture biologique.

[caption id=”attachment_46908″ align=”aligncenter” width=”720″]Dsc 0373 Les quelque 5 000 bouteilles ornées de l’étiquette « médaille d’or » ont été rapidement écoulées.[/caption]

Un vin de poire pétillant

Chez les Courcoux, la récolte s’effectue à la main et en famille, avec trois générations réunies au pied des arbres. Une fois arrivées au degré de maturité souhaité, les poires sont ensuite coupées et pressées. Puis les jus sont mis en cuve durant 6 mois pour la phase de fermentation durant laquelle les arômes vont se dévoiler. Viennent ensuite l’assemblage et la mise en bouteilles. « Il n’y pas de recette magique. A chaque fois, il faut s’adapter. Mon père me transmet ses techniques et des valeurs ». Car dans la subtile alchimie que représente la conception du poiré, il est des choses qui se mesurent et d’autres qui font appel au ressenti, à la perception. « Nous n’avons jamais fait de cidre et c’est une forme d’atout, insiste Clément. Car notre méthode est vraiment différente et elle s’apparente plus à la fabrication d’un vin de poire pétillant ».

[caption id=”attachment_46907″ align=”aligncenter” width=”720″]Dsc 0367 Certains poiriers plantés par le grand-père de Clément Courcoux produisent toujours des petites poires rondes astringentes très recherchées pour l’élaboration du poiré. Il en faut 2 kilos, soit près de 80 fruits, pour donner une seule bouteille ![/caption]

Fort potentiel de croissance

Avec leur jolie couleur et leur goût délicat, les poirés doux et brut commercialisés sous la marque Kermorgann ont trouvé leur public. « Les quelque 5 000 bouteilles produites cette année ont toutes déjà été écoulées. Nous sommes aujourd’hui en rupture de stock… » La reconnaissance du concours général agricole a entraîné une forte augmentation de la demande de la part des distributeurs. Mais la famille Courcoux a choisi de rester fidèle aux quelques points de vente avec lesquels elle travaille depuis plusieurs années.
Si la production de poires constitue actuellement un facteur limitant de la production, les nombreux arbres en pépinière attestent de la volonté de développement. Un hangar a également été construit récemment pour abriter une zone de stockage, les cuves de fermentation en inox… « Le produit plaît, il y a un fort potentiel de croissance. Y compris à l’international. Le marché asiatique, notamment, est friand de produits français festifs de qualité ! » Alors avant de s’installer comme producteur récoltant, Clément prévoit de faire un séjour à l’étranger, en Australie ou au Canada. Pour ensuite revenir à Plaintel perpétuer la saga familiale. Une belle victoire de la pyrus !

Jean-Yves Nicolas

Une entreprise promise à un bel avenir

Jean-François Courcoux, passionné de botanique, a passé des années à affiner ses connaissances et breveter des variétés de poiriers issus de l’exploitation familiale et du territoire local. Aujourd’hui, il a à cœur de transmettre son expérience et le fruit de son travail à ses enfants déjà très engagés dans l’aventure. Ces années d’efforts ont été récompensées par la médaille d’or au concours général 2020, en catégorie poiré doux. Voilà qui promet un bel avenir à cette entreprise familiale en devenir avec ce poiré de qualité.Céline Galès Responsable de clientèle agricole au CMB, pôle d’expertise de Plérin


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