Laurent Dufau, directeur de Calon Ségur, et Vincent Millet, directeur d'exploitation du domaine, dans le chai qui a été entièrement rénové. - Illustration Une histoire de cœur
Laurent Dufau, directeur de Calon Ségur, et Vincent Millet, directeur d'exploitation du domaine, dans le chai qui a été entièrement rénové.

Une histoire de cœur

Il est des lieux dont émane une magie particulière. Où la nature et le travail de l’homme se sont conjugués pour façonner un paysage exprimant une telle harmonie que le temps semble y suspendre sa course effrénée. Calon Ségur appartient assurément à cette catégorie. Découverte de ce domaine viticole médocain emblématique.

[caption id=”attachment_35876″ align=”alignright” width=”219″]Le cœur, symbole du domaine et de sa riche histoire, s'affiche jusque sur les bâtiments d'exploitation. Le cœur, symbole du domaine et de sa riche histoire, s’affiche jusque sur les bâtiments d’exploitation.[/caption]

À l’approche du château, c’est le mur délimitant la propriété qui apparaît tout d’abord. Sur plus d’un kilomètre, ce solide ouvrage de pierres épouse les douces courbes d’un relief auquel son sommet arrondi fait écho. Bordé au nord par le fleuve, ceint au sud par le mur, le vignoble adossé au bourg de Saint-Estèphe comporte aujourd’hui cinquante-cinq hectares d’un seul tenant. La même surface exactement qu’en 1855, lorsque fut établie la classification officielle des vins de Bordeaux, à l’occasion de l’exposition universelle de Paris. C’est dire si la constance a toujours prévalu dans la conduite de ce domaine d’exception.

De part et d’autre de l’allée centrale, les lignes géométriques dessinées par les rangs de vigne composent une sorte d’immense jardin à la française, un vaste écrin qui sublime la chartreuse et les bâtiments d’exploitation. Ici, le patrimoine bâti a l’élégance discrète, le raffinement subtil, le charme intemporel. Celui qui prend le temps d’observer la forme délicate d’une fenêtre, le rythme régulier d’un escalier en pierres de Gironde, le reflet de la façade dans la pièce d’eau ressent, peu à peu, l’esprit du site le gagner. Car Calon Ségur a une âme. Et une grande histoire. Pluriséculaire, le domaine figure parmi les plus anciens du Médoc. Et il s’enorgueillit de compter, au nombre de ses propriétaires successifs depuis le XIIe siècle, Nicolas-Alexandre marquis de Ségur. Celui que Louis XV surnommait le « Prince des Vignes » a légué au domaine bien plus que son nom. Il l’a fait entrer pour toujours dans l’histoire. Un tel héritage vous oblige. Et c’est avec force humilité et respect que le groupe Arkéa, devenu propriétaire du domaine via sa filiale Suravenir Assurances en 2012, a entrepris de redonner à ce lieu unique la trajectoire qu’il mérite.

Élégance et authenticité

Des travaux de grande ampleur ont été initiés. La restauration de la chartreuse a ainsi permis de renouer avec la finesse de l’architecture d’origine. La rénovation des parties techniques telles que le chai et le cuvier a été traitée avec le même degré d’exigence. Rien d’ostentatoire mais une priorité accordée au fonctionnel et au qualitatif pour un résultat à la fois esthétique et cohérent.

À Calon Ségur, plus que partout ailleurs sans doute, domaine et vin sont intimement liés. Il s’agit là de deux traductions d’un seul et même terroir, de deux expressions des mêmes valeurs d’élégance et d’authenticité. Afin que le vignoble puisse exprimer tout son potentiel, le groupe coopératif et mutualiste a choisi de s’appuyer sur des hommes de l’art. Arrivé à la tête du domaine en 2012, Laurent Dufau est un fin connaisseur du monde des grands crus. Ce Médocain, petit-fils de vigneron, maîtrise tous les rouages de la filière viticole et vinicole, de la production aux relations commerciales avec les négociants. Vincent Millet, lui, a abandonné ses études de sciences pour se consacrer à sa passion, l’œnologie.

Depuis 2006, il est le directeur d’exploitation de Calon Ségur. Sous la houlette de ces deux hommes, et avec le concours de la cinquantaine de personnes travaillant au domaine, un ambitieux programme de replantage des cépages a été entamé. Courant jusqu’en 2032, il permettra au cabernet sauvignon—la « colonne vertébrale » de Calon Ségur— de représenter à cette échéance 70 % du vignoble.

[caption id=”attachment_35874″ align=”aligncenter” width=”720″]Débutés en 2013, les grands travaux arrivent à leur terme. À compter de janvier prochain, le domaine ouvrira ses portes aux amateurs de vin. Débutés en 2013, les grands travaux arrivent à leur terme. À compter de janvier prochain, le domaine ouvrira ses portes aux amateurs de vin.[/caption]

Vendanges en vert

Fin mai, de violentes averses de grêle se sont abattues sur une partie du vignoble médocain. Fort heureusement, Calon Ségur, lui, a eu la chance d’être épargné. Et en ce début d’été, ce sont les vendanges en vert qui rythment la vie du château. L’opération consiste à « sacrifier » une partie des grappes afin de favoriser la maturation de celles restantes. Et donc la qualité du vin à venir.

Côté bâtiments, cette année marquera la fin d’un d’un cycle de grands travaux. À compter de janvier prochain, c’est dans un cadre entièrement rénové que les professionnels seront accueillis pour découvrir les trois vins de la propriété : Château Calon Ségur, le marquis de Calon Ségur et le Saint-Estèphe de Calon Ségur. Leur filiation commune, ces trois vins l’affirment dans les palais. Et ils l’assument avec fierté sur les étiquettes. Tous trois, avec des déclinaisons graphiques reflétant leur style propre, arborent un cœur. Ce cœur, qui n’est autre que le symbole du domaine depuis le XVIIIe siècle, rappelle la phrase du marquis de Ségur « Je fais du vin à Latour et à Lafite, mais mon cœur est à Calon ». Clin d’œil de l’histoire, en breton, cœur se dit « kalon » !

Jean-Yves Nicolas

En savoir plus : www.calon-segur.fr


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