- Illustration De fortes différences de rentabilité
En Bretagne, la méthanisation se fait plutôt sur une ferme et les unités collectives agricoles (portées par au minimum 3 exploitations) sont rares.

De fortes différences de rentabilité

Il existe de nombreux types d’installations de méthanisation en France. Quelle que soit la puissance, les différences de marges sont importantes en cogénération, liées notamment à des charges très variables sur l’investissement et le fonctionnement.

La Bretagne compte plus de 80 unités de méthanisation à la ferme qui valorisent 8 200 t de matières organiques par an. À côté, 7 collectifs agricoles valorisent 12 300 t/an. Cette activité est en développement. Avant de lancer un projet, il faut d’abord se poser la question du gisement et de son pouvoir méthanogène.
Les effluents d’élevage constituent une large majorité des intrants utilisés dans les unités de méthanisation, intégrés à hauteur de 73 % selon l’enquête Prodige, conduite par l’APCA et les Chambres d’agriculture de 6 grandes régions, dont la Bretagne, portant sur 30 unités de méthanisation en cogénération. « Les Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique) plus les résidus de cultures représentent 6 % des tonnages, les cultures dédiées 4 % et les matières non agricoles 17 % (biodéchets, boues de stations…) », a précisé Marie Thomas, conseillère environnement et méthanisation Eilyps, lors d’une conférence sur la méthanisation à Guipel (35).

Moins de 4 t MS/ha n’est pas intéressant

« Quand on regarde le potentiel méthanogène, les effluents + résidus ne représentent plus que 41 %, les Cive 9 %, les cultures dédiées 9 % et les matières non agricoles 42 %. » L’apport de matières végétales peut donc être favorable à la production de méthane (CH4) mais réaliser des cultures sur l’exploitation a forcément un impact sur l’assolement, le travail et peut concurrencer les cultures fourragères. « Un rendement inférieur à 4 t MS/ha n’est pas intéressant économiquement », note la conseillère.
De nombreux modèles existent entre la microméthanisation en autoconsommation (permettant le chauffage des bâtiments ou dans l’atelier de transformation) et la méthanisation collective avec de la cogénération (> 400 kWé)­­­. Les niveaux d’investissements sont donc très variables. Mais la puissance installée ne fait pas la performance économique. Toujours selon l’enquête Prodige, il existe des écarts importants entre installations de même taille. « 20 % des unités ont un résultat économique insuffisant. Quatre unités ont une marge proche de zéro ou légèrement négative. »

Des niveaux d’investissement très variables

Pour déterminer cette performance économique, l’étude prend en compte les produits (vente d’électricité mais aussi gains connexes : redevance pour traitement de déchets, vente de chaleur et économie de chauffage, vente de digestat et économie d’engrais…) et les charges (investissement, dépenses d’exploitation – approvisionnement, fonctionnement, maintenance – et rémunération du travail). Pour une même puissance, les niveaux d’investissements peuvent varier du simple au double.

30 % des installations en sous-production

Le rapport entre l’électricité livrée au cours de l’année et le maximum qui aurait pu l’être si le cogénérateur avait fonctionné à pleine puissance toute l’année, donne une productivité des installations à 87 % de moyenne. Une bonne performance sachant que l’on retient 90 % comme objectif. 43 % des unités ont dépassé 90 %. Par contre, 30 % sont en situation de sous-production avec une productivité inférieure à 80 %. Les arrêts de production de gaz liés à des pannes au niveau des systèmes d’alimentation ou dans les digesteurs sont plus fréquents que les pannes de cogénérateur. Sur certains sites, la sous-production est liée à un manque d’intrants ou à la difficulté de gérer certains d’entre eux.

Seul ou à plusieurs ?

Faut-il se lancer seul ou à plusieurs dans la méthanisation ? « En individuel, on maîtrise son gisement. L’acceptation territoriale est meilleure. Ouvrir son capital peut aussi appuyer l’acceptation du projet tout en augmentant sa capacité financière. La charge de travail est, par contre, importante, estimée à 0,33 ETP/100 kW, et le coût d’investissement est plus élevé proportionnellement à la puissance », détaille Marie Thomas. En collectif, « l’organisation du travail est facilitée, ainsi que la capacité financière. La mutualisation du gisement, de l’assolement et de l’épandage peut être intéressant. La gouvernance, l’acceptation territoriale, les coûts de transport sont toutefois des points de vigilance… » Bien étudier son projet et le faire expertiser par différents partenaires sont indispensables.


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