- Illustration L’utilisation des serres chauffées encadrée en bio
Selon Jean-Paul Gabillard, secrétaire national légumes à la Fnab : « Pour la tomate ou le poivron, cette décision va diviser par deux la consommation d’énergie et imposer le tout renouvelable. »

L’utilisation des serres chauffées encadrée en bio

Après deux mois de discussions, le compromis proposé par le Cnab n’interdit pas le recours au chauffage en bio, mais il le limite fortement.

Réuni le 11 juillet, le Comité national d’agriculture biologique (Cnab) a « adopté, avec 22 voix pour et 15 voix contre, des dispositions pour encadrer en France le chauffage des serres pour la production de légumes d’été en agriculture biologique », indique l’Institut national de l’origine et de la qualité (Inao) le 11 juillet.

Pas de tomate bio vendue avant le muguet

« Le chauffage des serres est possible uniquement dans le respect des cycles naturels. Dans ce cadre, la commercialisation, au stade de la production, des légumes (aubergines, concombres, courgettes, poivrons et tomates) avec la qualité biologique est interdite entre le 21 décembre et le 30 avril », précise l’Inao. Les producteurs auront « l’obligation d’utiliser des énergies renouvelables pour chauffer les serres » pour toutes « les exploitations entrant en conversion à compter de janvier 2020 ». Pour celles déjà en conversion ou déjà certifiés AB, l’obligation « entrera en vigueur en janvier 2025 », précise l’Inao. L’organisme précise également que ces dispositions « ne s’appliquent pas à la production de plants ». Cette décision a lieu après plusieurs semaines de prises de position publiques sur le sujet. Les réactions ont été immédiates suite à l’annonce de cette décision.

Des réactions contrastées

La Confédération paysanne a indiqué « prendre acte » de la décision du Comité national d’agriculture biologique (Cnab) d’encadrer en France l’utilisation des serres chauffées en agriculture biologique, y voyant « une première étape importante, car elle vient contrer l’OPA sur la bio orchestrée par l’agro-industrie », indique un communiqué le 11 juin.

« C’est un mauvais compromis », estime au contraire Étienne Gangneron, vice-président de la FNSEA en charge de l’agriculture biologique, « mais c’est moins mauvais que s’il y avait eu une interdiction totale. » La FNSEA et plusieurs organisations professionnelles agricoles (APCA, Felccop, Coop de France…) étaient opposées à cette interdiction totale d’utilisation du chauffage en serre, craignant « des distorsions de concurrence ». Ils avaient souhaité limiter la pratique aux légumes « plantées dans l’année » permettant « de récolter des premiers volumes de tomates biologiques fin mars ». « Les contraintes liées à la périodicité et à la commercialisation font que cela continue de maintenir la France en décalage total avec d’autres pays européens », réagit le syndicat majoritaire le 11 juillet. Il pointe une décision « complètement contradictoire avec les États généraux de l’alimentation ».

De son côté, la Fédération nationale d’agriculture biologique (Fnab) a salué « une bonne avancée », même s’il ne s’agit pas « d’une victoire », a indiqué Jean-Paul Gabillard, secrétaire national légumes de l’organisation. La Fnab reste favorable à un encadrement encore plus strict de la pratique, notamment une pratique strictement limitée « à la production de plants et au maintien hors gel » afin que la production de légumes « reste de saison ».

Harmonisation au niveau européen ?

Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume s’est lui « félicité des dispositions votées par le Cnab », a précisé le ministère dans un communiqué le 11 juillet. Il indique vouloir « porter à Bruxelles une demande d’harmonisation au niveau européen » sur la base de l’avis du Cnab.


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