Améliorer massivement l’efficacité des reproducteurs en bovins viande est l’objectif des Irlandais. - Illustration Une génétique orientée climat
Améliorer massivement l’efficacité des reproducteurs en bovins viande est l’objectif des Irlandais.

Une génétique orientée climat

Un programme génétique de grande ampleur a débuté en Irlande en 2015. Des éleveurs volontaires sont rémunérés pour enregistrer des données qui sont mises en parallèle avec des génotypages.

Alors que le réchauffement climatique fait partie des enjeux planétaires majeurs, l’Irlande souhaite apporter sa pierre à l’édifice. « Nous avons l’objectif de réduire de 20 % nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. On sait que l’agriculture fait partie du problème, notamment l’élevage allaitant », commence Thierry Pabiou de l’ICBF*. Face à ce constat lucide, le pragmatisme irlandais se met en route. « Faut-il se débarrasser des vaches allaitantes ou bien réfléchir un peu, sachant que ce type d’élevage est une clé socio-économique importante dans notre pays. Et les bovins font partie intégrante du paysage irlandais. »

Sélection des futurs reproducteurs

Lors de la conférence Grand Angle Viande à Paris, le généticien a présenté le « Ireland beef data & genomics program » (BDGP) mené à grande échelle dans le pays depuis 2015. « Il existe une grande variabilité d’émissions de gaz au sein du troupeau allaitant. Ce programme vise à améliorer la qualité et l’efficacité des reproducteurs grâce à la collecte de données et à une vaste opération de génotypages. » Le pays consacre 300 millions € sur six ans à ce programme, financé pour moitié par l’Europe comme mesure environnementale. Avec 25 000 élevages engagés et 550 000 vaches de références, le BDGP est un succès. « L’objectif est d’avoir 2,5 millions d’animaux génotypés à la fin. »

Recevant 95 €/vache pour les dix premières vaches et 80 €/vache restante, les éleveurs doivent respecter six engagements : 1. Vêlages : enregistrement du père, des conditions de vêlage, de la taille et vigueur du veau – 2. Vaches suitées : note d’aptitude laitière et de docilité de la mère, note de qualité et docilité du veau, cause de réforme – 3. Génotypage de 60 % des femelles par an –
4. Stratégie de renouvellement à adapter en fonction des index des vaches et mâles – 5. Mise en place d’un navigateur carbone – 6. Formation en groupe de discussion.

Certains éleveurs ont d’ores et déjà engagé des changements dans leur stratégie de reproduction. « Je m’oriente vers davantage de lait sur mes vaches pour avoir des veaux plus lourds au sevrage et des génisses qui vêlent plus tôt, à 24 – 30 mois », explique un des producteurs. Un autre a remplacé un de ses taureaux par un mâle avec un fort index mis en évidence dans le cadre du programme. La simplicité de la démarche est plébiscitée.

Vers une réduction du poids des vaches

Un des producteurs engagés dans le BDGP cherche aussi à réduire le poids de ses vaches. « Si on baisse le poids des vaches en Irlande, on va dans la bonne direction pour limiter les gaz à effet de serre », estime Thierry Pabiou. Un autre programme, le Beef environnemental and efficiency pilot scheme, a vu le jour dans le pays avec l’objectif d’améliorer encore l’efficacité des vaches allaitantes. « Nous visons la collecte de 500 000 poids de vaches adultes et poids au sevrage des veaux. L’optimisation du rapport poids de vache/poids de veau est en vue. » Sur un an, le programme est financé par l’État et prévoit une aide de 40 €/vache. « Aujourd’hui, les abatteurs ne veulent plus de poids de carcasses supérieurs à 400 kg. Les animaux dans les poids attendus sont récompensés. Nous allons également travailler sur la composition de carcasse en allant jusqu’aux morceaux. »

* Irish cattle breeding federation, qui rassemble les coopératives (IA), les organismes de sélection, de contrôle de performance et les producteurs.


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