td_conf2018 - Illustration “Pour une agriculture bretonne moderne et solidaire”

“Pour une agriculture bretonne moderne et solidaire”

Dans les Côtes d’Armor, la Confédération paysanne est le premier syndicat à officialiser sa liste en vue des prochaines élections professionnelles à la Chambre d’agriculture. Une femme, Isabelle Allain, la conduira.

« Nous avons décidé de porter un projet pour une agriculture bretonne moderne et solidaire », résume Isabelle Allain, productrice de lait en circuit court et en filière longue à Ploubezre et tête de liste de la Confédération paysanne des Côtes d’Armor pour les élections professionnelles de janvier prochain. « Il y a urgence à prendre un tournant », selon l’ensemble des candidats représentant le syndicat. « Pour nous, une agriculture moderne est d’abord une agriculture qui rémunère correctement. C’est aussi une agriculture épanouissante et aux conditions de travail supportables, en rupture avec les situations d’éleveurs endettés et débordés dans les campagnes aujourd’hui. »

Priorité au renouvellement des générations

Pour la Confédération paysanne, la modernité passe également par l’accompagnement des agriculteurs dans la transition énergétique, la lutte contre le changement climatique, la production d’une alimentation de qualité, le maintien de la biodiversité et la baisse de l’usage des pesticides. « L’avenir passe par une évolution vers des fermes plus écologiques capables de répondre aux demandes et attentes de plus en plus fortes de la société. »
Surtout, pour la mandature de 6 ans à venir, l’accent doit être mis sur le renouvellement des générations. « L’installation sera centrale. Ce doit être la priorité des Chambres d’agriculture. Jusqu’à aujourd’hui, elles ont été trop frileuses et timorées sur la question. On ne peut se satisfaire du rythme actuel d’une installation pour trois départs », poursuit Jean-Marc Thomas, éleveur laitier à Rostrenen, en 2e position sur la liste du syndicat.

« Tout ne se fera pas d’un coup de baguette magique, mais nous avons envie de travailler car chaque ferme est transmissible. Malheureusement, on a mis dans le crâne de toute une génération de cédants que seul le volume se transmet… L’installation doit redevenir la priorité en matière d’attribution du foncier et de dispositifs d’accompagnement des cédants et des porteurs de projet. » Avant de s’insurger contre « l’industrialisation » de l’agriculture. « Au contraire, nous portons un projet de fermes nombreuses, à taille humaine, réparties partout sur le territoire pour entretenir un bon réseau de coopération », reprend Isabelle Allain.

« Produire, employer, préserver »

Même s’ils dépeignent un tableau assez négatif, les syndicalistes assurent pourtant croire en l’avenir de l’agriculture bretonne. Pour cette campagne, les thèmes qu’ils aborderont seront nombreux : « Revenu, vivabilité du métier, autonomie de décision… Des dizaines d’années qu’on prêche dans le désert pour voir finalement certaines de nos idées reprises. » Thierry Thomas, aujourd’hui sur la liste du collège 4 des anciens exploitants rappelle : « Il y a bientôt 20 ans, nos slogans étaient déjà “Trois petites fermes valent mieux qu’une” et “Produire, employer, préserver”… Les années passent, mais les enjeux restent les mêmes. »

Les candidats de la Confédération paysanne

• Liste du collège 1 « Chefs d’exploitation et assimilés » :
Isabelle Allain (Ploubezre), Jean-Marc Thomas (Rostrenen), Pauline Cabaret (Rostrenen), Kristen Bodros (Landébaëron), Emmanuelle Billard (Laurenan), Camille Bellec (Saint-Nicodème), Vincent Boaglio (Quévert), Sylvain Boschat (Saint-Gelven), Jonathan Chabert (Plédéliac), Frédéric Darley (Ruca), Xavier Doussinault (Plestan), Rémi Goupil (Taden), François Le Dudal (Cohiniac), Mathieu Le Fustec (Plouaret), Rémi Le Mézec (Tressignaux), Florence Le Saint (Pommerit-Le-Vicomte), Annie Le Goff (Evran), Manu Louail (Saint-Mayeux) et David Maurice (Belle-Isle-en-Terre).
• Liste du collège 4 « Anciens exploitants » :
Yvette Clément (Trémargat), Thierry Thomas (Plouisy), Pierre-Yves Aignel (La Mené).

“Le niveau de retraite des femmes est méprisant”

La retraite moyenne en France est de 1 850 € par mois. Pour les agriculteurs, c’est 750 €. « Pour beaucoup de femmes comme moi, après 40 ans comme actif agricole à faire les mêmes heures de travail que mon mari, c’est bien moins. J’ai le droit à une retraite bien en-dessous du seuil de pauvreté ! C’est presque méprisant et humiliant », explique, remontée, Yvette Clément, titulaire de la liste du collège 4 des anciens exploitants pour la Confédération paysanne des Côtes d’Armor. Après sa carrière en filière ovin viande à Trémargat comme conjointe d’exploitant puis collaboratrice puis enfin cheffe d’exploitation, elle ne digère pas ce manque de parité et d’équité.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article