Essais de solutions alternatives (Ici, semis de moutarde et de sarrasin) au traitement de semences Sonido, menés par Arvalis-institut du végétal, dans une parcelle à Bignan (56). - Illustration Taupins, gérer l’après Sonido®
Essais de solutions alternatives (Ici, semis de moutarde et de sarrasin) au traitement de semences Sonido, menés par Arvalis-institut du végétal, dans une parcelle à Bignan (56).

Taupins, gérer l’après Sonido®

Avec l’interdiction réglementaire sur l’usage des néonicotinoïdes, des contraintes d’utilisation pèsent également sur les autres familles de produits insecticides. L’étau se resserre sur les solutions chimiques dans la lutte contre les taupins. Des solutions alternatives sont testées.

Un seul produit était autorisé et efficace contre les mouches géomyze et oscinie en traitement de semences au semis de maïs : le Sonido®. Ce même traitement présente une bonne efficacité contre le taupin. Son interdiction d’utilisation au 1er septembre 2018 a amené les instituts techniques à rechercher depuis plusieurs années des solutions alternatives, ou des successions de solutions de biocontrôle.

Mais « ces dernières présentent encore à ce jour, sur des pressions moyennes, des efficacités moindres par rapport aux solutions traditionnelles. Avec des résultats irréguliers d’une année sur l’autre, dépendants notamment de l’humidité du sol », présente Michel Moquet, lors de la journée Circuit vert, organisée par Arvalis-institut du végétal le 15 juin, à Bignan (56).

De la diversion avec un appât

Sur une parcelle humide, conduite en monoculture de maïs, des essais pluriannuels sont en cours. Un appât est incorporé sur 10-15 cm de profondeur, 10 jours avant le semis de maïs. Semé profond, il lève en même temps que le maïs, tout en faisant diversion : le taupin doit rencontrer cette graine avant celle du maïs. « La germination de cette plante suffit à attirer le taupin grâce à l’émanation de gaz carbonique qu’elle produit. Elle peut être détruite au stade 4-5 feuilles du maïs », explique l’ingénieur régional. Les résultats sont prometteurs. Un essai est mené avec du blé semé en plein à 120 kg/ha, avec une efficacité moyenne de l’ordre de 50 %. Le blé à 3 feuilles est ensuite détruit par un herbicide antigraminées.

Effet répulsif et toxique de la biofumigation

Certaines plantes, et en particulier les crucifères, produisent des glucosinolates. Sous l’action d’enzymes, ces substances se dégradent en isothiocyanates, produit volatil, qui a un effet répulsif et toxique sur les larves de taupin. Les essais ont montré que les pieds de moutarde brune sont très riches en glucosinolates. « En théorie, le principe est simple. Sur le terrain, c’est un peu plus compliqué. Il faut pouvoir broyer la moutarde en floraison, au moment où le pic de production de glucosinolate est à son optimum, puis l’incorporer immédiatement au sol ». Dans un premier temps, l’effet de la moutarde brune a été évalué en l’apportant avant le semis du maïs sous forme de tourteaux granulés (Biofence). La dose utilisée, 3 tonnes/ha, engendre des coûts prohibitifs, le travail se poursuit donc en étudiant l’effet d’une dose réduite, localisée sur le rang. Un autre essai avec moutarde et sarrasin, permettra de déterminer si on peut casser le cycle du taupin sur 1,5 an, avec une succession de cultures a priori défavorables au taupin.

Des champignons tueurs de larves

Des grains de riz enrobés de Metarhizium brunneum (Met 52), champignon entomopathogène qui tue les larves de taupins, apportés en plein, à l’automne et au printemps avant les semis, présentent aussi des effets prometteurs. Le Met 52 est autorisé sur fraisiers, contre un coléoptère, mais pas en grandes cultures. Son apport permet de limiter l’infestation de larves sur la parcelle, mais à la dose efficace, son coût est prohibitif. « Nous essayons donc de voir son efficacité sur la rotation sur plusieurs années, ce qui permettrait de réduire le coût annuel. » 

Alors en attendant des résultats concluants, que faire ?

Il faut revenir au B.a.-Ba de l’agronomie. Et semer du maïs dans un sol qui fonctionne bien. « Cela sous-entend de contrôler régulièrement le pH, la teneur en calcium échangeable, vérifier s’il n’y a pas de carence en potasse, avec des analyses de terre », rappelle Philippe Lecuyer, le 19 juin, sur une plate-forme d’essai variétal de Triskalia à Campel (35). D’autres éléments sont également à prendre en compte :
– Les couverts végétaux doivent être détruits assez tôt en saison pour être bien dégradés, et permettre l’apport de fumiers et/ou lisiers assez tôt avant le semis.
– Ne semer que quand le sol est suffisamment réchauffé : 10 °C dans les premiers centimètres.
– Privilégier des variétés présentant une bonne vigueur de départ (note de 7 ou 8 au lieu de 6 à rendement équivalent) car plus le maïs poussera vite, moins les ravageurs auront le temps d’attaquer la culture.
– Ne pas semer trop profond.

Travail du sol répété

Une modalité travail du sol est aussi testée pour détruire les œufs et les jeunes larves. « Le meilleur moment pour réaliser ces passages de travail du sol est l’été. Cela permet de remonter en surface des larves au premier stade larvaire et donc plus vulnérables. Elles peuvent être détruites par abrasion des outils de travail du sol, mais aussi par exposition au sec ou par prélèvement par les oiseaux », selon Michel Moquet. Reste à affiner la technique (nombre de passages nécessaires, époques, profondeur de travail, etc.) avant d’en venir aux préconisations.


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