Prairie-Chardon - Illustration Des leviers pour éviter le salissement des prairies

Des leviers pour éviter le salissement des prairies

Pas facile de lutter contre la colonisation des prairies par des rumex, des chardons… Des solutions préventives sont néanmoins efficaces.

À la tête d’un élevage de 80 Montbéliardes, à Kergrist (56), Catherine et Gwenaël Le Clézio recevaient un groupe d’agriculteurs pour échanger sur la gestion des vivaces dans les prairies, la semaine dernière. Ils convertissent leur exploitation de 90 hectares en bio. Raison de plus de se soucier de la productivité des 67 hectares de prairies, à la base d’un système axé sur la recherche d’autonomie protéique. « Nous avons 35 hectares accessibles autour de l’étable et nous aurons prochainement 11 hectares supplémentaires grâce à un échange de foncier. Le passage en bio est une simple évolution ; nous étions déjà en système herbager (MAE 55-28) avec une production de 6 500 litres par vache environ ». L’assolement est complété par une douzaine d’hectares de maïs, 7 de mélange céréalier et 4 de blé. Chez eux, le rumex, le petit et le grand chardon, présents dans les prairies, sont essentiellement gérés par la fauche. Soit avant le pâturage (topping), soit après (fauche des refus).

[caption id=”attachment_36345″ align=”aligncenter” width=”720″]aLa journée sur la gestion des vivaces était organisée par la Chambre d’Agriculture, en partenariat avec le Civam 56, Nov’Agri et le syndicat de la Vallée du Blavet. aLa journée sur la gestion des vivaces était organisée par la Chambre d’Agriculture, en partenariat avec le Civam 56, Nov’Agri et le syndicat de la Vallée du Blavet.[/caption]

Graines de rumex

Le rumex est capable de fleurir plusieurs fois par saison. « Attention », prévient Julie Audren, conseillère à la Chambre d’agriculture, « les tiges fleuries peuvent continuer à produire des graines viables après avoir été coupées. L’idéal est d’exporter et de brûler les hampes ». La plante reconstitue rapidement ses réserves. Les fauches doivent être réalisées à fréquence élevée (mensuelle) avant le stade de viabilité des graines et sur une à plusieurs années de suite. Sinon, l’arrachage nécessite de prélever la racine en profondeur. L’un des agriculteurs présents signale que, dans ses vieilles prairies, le rumex s’épuise et disparaît grâce aux fauches. « Tant qu’on ne refait pas les prairies et que les parcelles ne sont pas matraquées en hiver… ».

Certaines cultures, comme le trèfle violet, sont connues pour faire lever la dormance des graines de rumex. Quand on sait que la parcelle en contient, mieux vaut faire attention… Le chardon se reproduit principalement par multiplication végétative (moins par les graines). Il peut produire jusqu’à 16 drageons par mètre de racine et par an. Il se développe donc par tâches qui peuvent s’élargir d’un ou deux mètres par an. « Les fauches de printemps l’affaiblissent car, à cette période, ses réserves racinaires sont faibles. Les fauches d’été l’empêchent de les reconstituer et limitent la reprise au printemps suivant ». Les prairies de fauche, coupées régulièrement, sont idéales pour en venir à bout.

Semis sous couvert

Pour éviter l’implantation de ces vivaces indésirables, des moyens de lutte préventifs s’avèrent efficaces. « Les faux semis, avec un travail du sol superficiel et bien rappuyé font lever les mauvaises herbes (détruites une dizaine de jours plus tard, au semis) ». Certains agriculteurs sèment leurs prairies sous couvert d’avoine ou de méteil pour éviter le salissement et pour obtenir une production fourragère rapide (50 kg d’avoine en semis de printemps). Il convient également d’utiliser des semences triées et de composter les fumiers. Trois à quatre semaines à 50°C permettent de détruire les graines.

Vigilance contre le séneçon

Le séneçon jacobée est une herbacée à floraison estivale qui contient des alcaloïdes toxiques provoquant de graves lésions du foie (cirrhose). Le séneçon peut être consommé par les vaches, les chevaux et les moutons dans le foin et l’ensilage (qui conservent sa toxicité). Il peut également être pâturé, lors d’étés secs, quand la végétation est plus rare. L’apparition des symptômes signe une intoxication avancée, souvent létale. Une seule plante peut produire 100 000 graines par an qui se disséminent facilement par le vent sur de grandes distances. Elle peut être combattue par des fauches régulières lors de la floraison.


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