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Vers un nouveau paradigme ?

Agriculteur, vice-président de la région Bretagne, Olivier Allain est coordinateur des États généraux de l’alimentation (EGA). Extrait de son point de vue.

Depuis près de 30 ans, l’agriculture française évolue dans un contexte marqué par la globalisation et de la dérégulation des marchés, catastrophique pour bon nombre de nos exploitations agricoles. Comme si cela ne suffisait pas, le coup de grâce fut donné en 2008, par la LME (Loi de modernisation de l’économie) proposée par Nicolas Sarkozy et votée à l’assemblée par sa majorité. Cette loi a libéralisé comme jamais le contexte de concurrence pour les grandes surfaces et leurs relations avec les fournisseurs. Résultats : en 10 ans, les PME de l’agroalimentaire ont perdu 5 points de marge et certaines n’existent plus aujourd’hui. Par voie de conséquence, les prix payés aux producteurs ont été massacrés et se trouvent, aujourd’hui, identiques à ceux d’il y a 30 ans.

Stéphane Le Foll, lorsqu’il était ministre de l’Agriculture, a tout fait pour inciter les agriculteurs à faire évoluer leurs pratiques pour s’engager dans un processus vers ce qu’on appelle aujourd’hui la multiperformance des exploitations agricoles, au travers notamment de l’agro-élcologie. C’est bien cette voie qu’il faut soutenir aujourd’hui pour aider les agriculteurs à optimiser leur revenu en combinant performance économique, sociale et environnementale de leurs activités.

Aujourd’hui, le chef de l’État a lancé les États généraux de l’alimentation. Ces EGA ont débouché sur un projet de loi qui vient d’être examiné à l’Assemblée nationale, et ont pour objectif de rechercher toutes les solutions possibles pour que les agriculteurs soient rémunérés au juste prix en responsabilisant tous les acteurs des filières alimentaires, du consommateur-acteur aux agriculteurs en passant par les distributeurs et les transformateurs. Pour aller plus loin dans cette direction initiée par Stéphane le Foll, l’idée du chef de l’État, fondatrice des EGA, a été de mettre autour de la même table tous les acteurs en capacité, chacun à leur niveau, de répondre à la problématique de prix rémunérateurs avec des produits répondant aux attentes sociétales : les syndicats agricoles, les industriels de la transformation, les distributeurs et les consommateurs. Aujourd’hui, nous sommes toutes et tous co-responsables du résultat à court terme des États Généraux de l’Alimentation. Jamais dans l’histoire de l’agriculture et de l’agroalimentaire de notre pays, nous n’avons eu de loi aussi ambitieuse et audacieuse.

Ce projet de loi est le fruit d’une démarche ascendante et co-construite entre tous les acteurs avec près de 35 000 heures de travail et de débats. Pour la première fois, et c’est une vraie révolution, le prix payé aux agriculteurs sera établi à partir de leurs coûts de production. Actuellement, des députés, grincheux permanents, arrogants parfois, avec une mémoire sélective souvent, et portant une large responsabilité dans la situation dramatique que traversent les éleveurs, se targuent de l’insuffisance de la loi. Mais, qu’ont-ils fait lorsqu’ils avaient les pleins pouvoirs ? La LME ! Agriculteur et coordinateur des EGA, moi j’y crois et je ne suis pas le seul !

Lors des EGA, 99,9 % des acteurs présents dans les ateliers souhaitaient cette réussite. À court terme, de 2 à 5 milliards d’euros de valeur ajoutée devraient être créés par le nouveau calcul du prix payé aux producteurs. Le retour de cette valeur ajoutée vers les agriculteurs est fondamental pour préserver et encourager notre agriculture française soucieuse de produire des aliments sains, pleins de saveur… , fierté de notre gastronomie, mondialement reconnue ! La loi va enfin nous permettre de retrouver des prix rémunérateurs, en particulier pour les productions animales. L’heure est trop grave pour notre agriculture française ; arrêtons cette agitation « politique » stérile et agissons ! 


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