Jean-François Sarreau sème ses cultures dans un couvert vivant ou mort. Le sol n’est plus travaillé. - Illustration L’agro-écologie, source d’économie
Jean-François Sarreau sème ses cultures dans un couvert vivant ou mort. Le sol n’est plus travaillé.

L’agro-écologie, source d’économie

Stéphane Le Foll est venu présenter ses idées sur l’agriculture de conservation des sols en s’appuyant sur l’expérience de Jean-François Sarreau, agriculteur breton, pour répondre aux besoins alimentaires.

« Il faut que l’on tienne compte de la demande de la société et montrer comment les agriculteurs peuvent répondre aux questions posées », pense Stéphane Le Foll, ancien ministre de l’Agriculture, venu participer à un débat sur l’agro-écologie à Penmarc’h (29). Organisé par la commission laïcité-citoyenneté de l’Upal (Union penmarc’haise des amicales laïques), ce débat s’adressait à un large public, professionnel ou non.

Changer ce modèle

Sans opposer les modèles de production, Stéphane Le Foll estime « qu’il faut changer de modèle face à l’impact sur la santé des pesticides ou encore la perte de biodiversité. Certains pensent qu’il suffit de tout passer en bio. C’est une solution, mais attention aux prix de la nourriture, et à la production qui baisse de 40 à 50 %. 5 à 7 millions de Français éprouvent des difficultés à avoir un accès correct à l’alimentation. Plus le revenu est bas, plus l’alimentation est de mauvaise qualité car mono-alimentaire ». Alors, l’ex- ministre s’était engagé lors de son mandat à promouvoir l’agriculture de conservation car « l’environnement et l’écologie peuvent être source d’économie ».

Témoignage d’un pionnier

Venu illustrer les propos de Stéphane Le Foll, Jean-François Sarreau, agriculteur à Landeleau (29), est un pionnier dans les pratiques différentes de culture. « À la mise en place de la Pac dans les années 90 et l’ouverture des marchés au monde, j’ai compris que le prix de vente de mes céréales allait baisser de moitié », explique-t-il. Il décide alors de se tourner vers des techniques limitant le travail du sol. L’achat d’un semoir Semavator en 1991, abandonné à cause du « peu de précision et d’une utilisation exclusivement en hiver », précède en 1994 l’acquisition d’un semoir Unidrill. L’année suivante, le producteur finistérien a testé, avec la Chambre d’agriculture, un essai de semis de blé dans le colza. La technique, positive, est quelque peu contrariée par la suite.

« Landeleau est arrosé habituellement de 1 250 mm annuellement. Or nous avons enregistré des précipitations de 1 500 mm, engendrant un surplus d’enherbement et surtout de fortes attaques de limaces. En 1999-2000, les conditions ont été très difficiles, nous avons failli régresser. Nous avons donc acquis les connaissances qu’ils nous manquaient pour passer en agriculture de conservation des sols. » Plus question alors de bouleverser son sol, les parcelles sont systématiquement couvertes. Et les résultats sont là : les taux de nitrate des eaux de forage passent de 15 mg en 1990 à 5 mg en 2010, le pH augmente, de 5,9 à la neutralité. Le taux de matière organique atteint les 6 %, un stock de carbone dans le sol aussi efficace pour lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.

Des surfaces agricoles en diminution

Pour le cultivateur, le développement durable « intègre des perspectives de développement, tout en contribuant à assurer les besoins alimentaires des populations, mais nous perdons l’équivalent de la surface d’1 département tous les 8 ans. Dans le monde, chaque habitant dispose de 3 ha, mais seulement 2 350 m2 sont cultivables. La France compte 6 000 m2 de terres cultivables par habitant, la Chine 1 000. En dessous de 700 m2, c’est la famine », déplore Jean-François Sarreau, qui chiffre à « 17 tonnes de terre perdues par ha et par an dans le monde par l’érosion ».


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