Nouvel envol ?

Pendant plusieurs semaines, l’offre unique de l’Ukrainien MHP pour reprendre les activités du groupe Doux avait un goût amer. Le goût amer du dépouillement d’un patrimoine socioéconomique, à l’image de ce qu’a douloureusement vécu la Lorraine sidérurgique dans les années 90. La Bretagne, habituée à lutter contre le fatalisme, ne pouvait se résoudre de voir ainsi s’achever l’épopée avicole héritée de la révolution agricole d’après-guerre. Changer de modèle, oui ; mais se délester d’un grand pan de son aviculture, non. Une perspective d’autant plus insupportable que tous les experts promettent un bel avenir à la consommation de viande de volaille.

En ceci, les offres du groupe LDC pour l’aval et du consortium Triskalia, Terrena, LDC et Al Munajem, appuyée par la Région Bretagne, pour gérer l’amont breton de Doux, apparaissent comme une lumière dans le ciel avicole qui s’annonçait bien sombre. Cette offre de soutien à l’emploi des salariés et des éleveurs bretons retentit comme une intervention responsable d’urgence. Mais l’autre priorité qui se dresse en arrière-plan est de structurer « une filière avicole pérenne en France », comme l’a évoqué le président de Région, Loïg Chesnais-Girard.

Cette seconde manche apparaît bien plus ardue que la première. Elle opposera les intérêts contradictoires entre l’obsession financière des groupes qui importent 44 % du poulet consommé en France – 60 % pour la restauration hors domicile – et la nécessité pour les territoires de s’assurer un avenir. La Bretagne pourra-t-elle compter sur l’État-arbitre dans ce match ? Elle peut en tout cas compter sur sa propre volonté et sur celle de ses voisins géographiques confrontés à la même problématique de délocalisation des productions et des emplois.


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