Le bois de bocage en filière courte

Sur le Pays de Rennes, plusieurs acteurs valorisent le bocage en chauffage, bûches ou bois d’œuvre. Mais la ressource locale en bois est encore insuffisamment gérée, utilisée et renouvelée…

[caption id=”attachment_34187″ align=”alignright” width=”178″]Christian Mogis, Gaec de la Mandardière Christian Mogis, Gaec de la Mandardière[/caption]

Au Gaec de la Mandardière (élevage laitier bio sur 92 ha) à Pacé, le bois issu du bocage est entièrement valorisé sur l’exploitation. Pour alimenter la chaudière qui chauffe la maison, le bureau, la salle de traite, 150 m3 en moyenne sont nécessaires annuellement. « Nous avons aujourd’hui 12,5 km de haies sur l’exploitation, dont 2,8 km plantés dans les années 90 (en lien avec le Département) et 1,4 km en 2014 (programme Breizh Bocage) », détaille Christian Mogis, un des associés.

Une formation avec un spécialiste

Aujourd’hui, les haies des années 90 vont être valorisées. « En 2017, j’ai suivi une formation avec Thierry Guéheuneuc, technicien spécialisé, pour identifier les arbres à exploiter, tailler, élaguer… en décidant de leur valorisation selon les essences. Cela vaut le coup de travailler sur le bocage », précise l’agriculteur qui est intervenu lors des Matinales du Pays de Rennes, le 27 mars au lycée agricole de Saint-Aubin-du-Cormier. Cette rencontre annuelle qui rassemble élus, techniciens de collectivités et professionnels de l’agriculture et du bois avait pour thème cette année « Comment revaloriser le bocage de façon durable ? ».

Abri et contention des animaux en pâtures, régulation des flux d’eau et érosifs, biodiversité, insectes auxiliaires, stockage du carbone… « Les haies apportent de nombreux bénéfices. Sur notre exploitation, nous n’utilisons plus d’insecticide », illustre Marcel Dubois, agriculteur à Mellé et président de Collectif Bois Bocage 35. Créée en 2011, l’association structure la filière bois énergie avec 4 plates-formes de stockage et 16 chaudières sur l’Ille-et-Vilaine. Mais pour fonctionner, cette filière a besoin de l’implication des élus dans l’utilisation de plaquettes de bois locale. « Aujourd’hui, nous ne sommes plus compétitifs par rapport aux semis qui arrivent chaque jour dans les grosses chaufferies de Rennes. »

Source d’énergie sur le Val d’Ille-Aubigné

Sur la Communauté de communes (CC) Val d’Ille-Aubigné qui se veut territoire à énergie positive d’ici 2030, le développement d’une filière bois est inscrit dans le projet du territoire. 2 200 km de haies bocagères y sont implantés, dont 95 km plantés et restaurés depuis 2010. « C’est la première source d’énergie. Aujourd’hui, la collectivité, via un chantier d’insertion, produit 100 t de plaquettes et 40 stères de bois-bûche. Nous souhaitons aussi y ajouter la production de bois d’œuvre et dans le même temps stimuler la demande en bois sur le territoire. Une plate-forme va être construite pour stocker les différents types de bois », présente un élu de la CC.

À Breteil, sur le Domaine du Fresne appartenant à la commune, 12 chênes dans une haie vieillissante ont été abattus et utilisés en bois d’œuvre pour l’aménagement d’un parc avec des structures de jeux, un pont… « La haie a aussi été éclaircie pour faciliter sa régénération. Et des plantations visant une valorisation future en bois d’œuvre ont été réalisées. Nous allons par ailleurs engager un plan de gestion du bois sur les parcelles communales », ajoute Roland Gicquel, adjoint au maire de Breteil.

Des Maec peuvent aider

Dans le cadre des Maec « Entretien du bocage » (Mesures agro-environnementales et climatiques), les agriculteurs peuvent bénéficier d’aides pour gérer un bocage qui existe déjà. Pour la plantation et reconstitution, ils peuvent faire appel au programme Breizh bocage. « Pour aider les agriculteurs à mieux gérer leurs haies, les communes pourraient intervenir en finançant par exemple des plans de gestion sur les exploitations », propose une technicienne.


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