De plus de 12000 kg à 7500 kg par vache

L’EARL Beaufour – Holstein à Éancé (35) a fait le choix du bio en faisant migrer son système laitier vers l’autonomie totale. La performance économique s’est améliorée. Installés en 2005 à Éancé (35), Thierry Singeot et sa femme ont d’abord commencé par conduire un système conventionnel avec un très fort niveau de production, dépassant les 12 000 kg/vache. En passant en bio (depuis mai 2018, après une conversion de deux ans), ils ont fait le choix de l’autonomie alimentaire et d’une réduction de la production à l’animal (7 000 à 7 500 kg). « Nous n’achetons plus aucun concentré. La production a été abaissée de 476 000 L à 350 000 L avec 55 laitières sur une SAU de 88 ha, dont 35 ha accessibles », explique l’éleveur. Il a ouvert ses portes à des élèves en terminale Bac pro du lycée Les Vergers de Dol-de-Bretagne, le 27 septembre, dans le cadre du salon La Terre est notre métier. « Nous étions attentifs personnellement aux produits bio. Et sur le plan professionnel, le passage en agriculture biologique était une nouvelle source de motivation pour nous. Ce type de production demande beaucoup de technicité… ». Les crises laitières répétées depuis 2009 ont fini de convaincre les deux associés. Ils ont au départ été conseillés et suivis par des techniciens d’Agrobio 35. Les producteurs ont aussi fait le choix de rejoindre Biolait « où les éleveurs adhérents participent directement aux orientations du groupement. » Une bonne circulation autour du robot « Dès 2006, nous avions investi dans un robot, surtout pour des raisons de souplesse de travail. Le robot permet aussi de trier les animaux, les vaches peuvent y être engraissées avant la réforme… » En moyenne, les vaches y reçoivent 4 kg de concentré maison. « Nous avons toujours gardé un bon niveau de pâturage. Les vaches sortent dès fin février / début mars, en passant rapidement pour ne pas altérer les parcelles. En période de pousse, nous ciblons 100 % d’herbe pâturée dans la ration (contre 50 % auparavant). Nous fermons les silos (herbe et maïs) 100 jours en moyenne. C’est difficile de faire plus dans notre zone séchante, surtout cette année. » Le passage en bio nous a poussés à mieux exploiter les 30 à 32 ha de surface pâturée en RGA (dominant), fétuque, trèfle. « Nous gérons des paddocks de 3 jours avec un fil avancé matin et soir. Nous passons régulièrement une herse de prairies pour étaler les bouses et gratter le sol, avec une raclette qui coupe les mauvaises herbes. Un broyeur est aussi passé. » Les prairies de fauche sont implantées en fétuque (dominante), RGA, RGH, trèfles. Les agriculteurs cultivent aussi près de 12 ha de céréales (orge-pois dans les terres plus sèches et avoine-épeautre-féverole en conditions plus humides) et 12 ha de maïs, dont 8 ha en ensilage et 4 ha en épi (déshydraté). Ils font aussi déshydrater en bouchons 4 ha de trèfle. De la luzerne est cultivée sur 11 ha, avec deux coupes en ensilage, un en foin, puis une dernière à l’automne en foin ou enrubanné ou ensilage. L’ensilage, à l’autochargeuse, est délégué. « Pour une meilleure conservation des silos, la luzerne est ensilée avec de l’herbe. » Désherbage mécanique et semis plus tardifs Questionné par les élèves sur la gestion des adventices, le producteur répond « qu’en céréales, la stratégie est d’occuper le sol au maximum. Je sème quand les agriculteurs en conventionnel ont terminé, fin octobre. Le maïs est semé entre le 15 et le 30 mai, à 6 – 7 cm de profondeur pour pouvoir passer la houe rotative : cinq jours après semis puis au stade 2 à 4 feuilles. Je complète par un ou deux passages de bineuse. En bio, des cultures échouent parfois, il faut avoir des marges de manœuvre », souligne l’éleveur. « cela fait partie du jeu. » La sélection prime toujours Au niveau de la génétique du troupeau Holstein, « nous n’avons pas levé le pied sur la sélection : lait, taux, capacité d'ingestion, membres et critères de santé sont importants en bio. » S’agissant des traitements, le systématique a été abandonné. Des obturateurs de trayons seuls sont utilisés au tarissement, il n’y a plus de vermifuge et l’homéopathie est souvent employée pour soigner les mammites qui ont été divisées par trois du fait de la baisse de production…

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