Le gibier pose des problèmes récurrents

Si les ravageurs des cultures de petite taille posent régulièrement des problèmes aux producteurs de légumes de plein champ ou sous abris, les animaux plus imposants ont aussi un effet négatif sur les cultures.

Il ne faut pas forcément chausser les bottes, en s’armant d’une loupe pour scruter les feuilles des cultures légumières, pour constater des dégâts dans les champs. Le gibier et autres rongeurs posent de gros problèmes en légumes de plein champ, c’est même « un souci récurrent », estime Vianney Estorgues, conseiller choux à la Chambre régionale d’agriculture, et basé sur l’antenne de Saint-Pol-de-Léon (29).

Les corvidés dans la ligne de mire

Les corbeaux freux et les corneilles noires engendrent de nombreux dégâts, comme des arrachages de mottes de légumes, d’échalotes après plantations… Pour réguler leur population, plusieurs réglementations entrent en vigueur et compliquent les prélèvements. « Plusieurs droits se combinent : le droit de chasse pour le lièvre, le chevreuil, le sanglier, celui des nuisibles pour le lapin, le pigeon ramier, la corneille noire. Enfin, certaines espèces sont protégées, comme le choucas des tours », rappelle le technicien. En Bretagne, la qualification des espèces n’est pas la même suivant le département. Ainsi, le Finistère et l’Ille-et-Vilaine ont classé « nuisible » la corneille noire et le corbeau freux. Pour les Côtes d’Armor et le Morbihan, seule la corneille noire est considérée comme nuisible.

Pour le corbeau freux et la corneille noire, la chasse à tir dans les quatre départements bretons est ouverte depuis le 17 septembre pour se terminer au 28 février 2018. Si l’espèce est jugée nuisible, cette période s’étant du 1er mars au 31 mars 2018, sans formalité, et du 1er avril au 31 juillet, avec autorisation préfectorale individuelle.

Le choucas des tours peut lui être capturé par « les lieutenants de louveterie via la DDTM 22 ou 56, ou dans le Finistère par le biais des sociétés locales de chasse. Des formations de piégeurs existent, et sont dispensées par les Chambres d’agriculture ou les sociétés de chasse ». Pour exemple, le département finistérien compte 2 000 piégeurs agréés. Des espèces pourtant classées nuisibles dans certains départements sont sous le joug d’une réglementation étonnante. C’est le cas du pigeon ramier, « dont le piégeage est interdit, par arrêté du 3 avril 2012 ».

Capturer les lapins de garenne

Les animaux à grandes oreilles se délectent des choux, et se rient parfois des clôtures électriques au coût non négligeable. Les filets de protection demandent des temps de pose et de dépose longs, afin de faciliter le passage des pulvérisateurs ou des bineuses. « Le lapin n’est pas classé comme nuisible sur l’Ille-et-Vilaine et est restreint aux zones côtières et/ou de cultures légumières sur les autres départements. En Finistère, ce territoire de classement nuisible s’étend sur les terrains de pépinières forestières et horticoles, sur les cultures florales et légumières de plein champ ».

Si aucune solution de limitation de peuplement n’est trouvée contre les lapins, des « reprises pour repeuplement peuvent alors se mettre en place ». Géré par autorisation préfectorale, les animaux capturés sont relâchés hors zone à risques. Des sociétés de chasse proposent aussi des prêts de filets de protection, voire des subventions permettre aux producteurs de s’équiper.

Les rongeurs grignotent les plants

Des mammifères plus petits s’attaquent aux cultures, que ce soit par des grignotages « en surface pour les mulots ou des attaques souterraines pour les campagnols. Depuis mai 2014, les spécialités rodenticides sont soumises à des arrêtés si contraignants que leur utilisation est quasi impossible. Un nouveau produit homologué en septembre dernier offre des pistes de protection pour les cultures. Utilisé en plein champ ou sous abris, le Ratron GL est utilisé en station d’appâtage (dans une bouteille ou une boîte), ou directement introduit dans les trous et galeries formés par les rongeurs. Le seul problème reste la disponibilité de ce produit, encore difficilement trouvable ».

Multiplier les solutions d’effarouchement

Pour faire fuir les animaux nuisibles, plusieurs solutions existent, comme les cerfs-volants, les canons horizontaux ou les effaroucheurs pyro-optiques. « Ces derniers sont les plus efficaces. Ils combinent l’effet sonore du canon à l’effet visuel d’un leurre qui monte sur un mat. On estime à 4 ha la surface concernée par ce type de matériel », estime Vianney Estorgues. Pour les canons classiques horizontaux, le technicien conseille de « changer de place en moyenne 2 fois par semaine, afin d’éviter les phénomènes d’accoutumance »

Être indemnisé en cas de dégâts sur ces cultures

Les dégâts causés par les grands gibiers peuvent être indemnisés. Pour répondre aux conditions à respecter en cas de sinistre, il faut être exploitant agricole, avoir subi des dégâts uniquement de grands gibiers provenant de terrains voisins (non exploités par le fermier), avec un dégât minimum de 3 % de la surface par-cellaire. Pour demander une indemnisation, les dégâts doivent être constatés par un expert, la récolte n’intervenant qu’après. Seuls les dégâts causés aux cultures, aux inter-bandes des cultures pérennes, aux filets de récoltes ou aux récoltes sont indemnisés. Vianney Estorgues conseille de remplir à chaque sinistre un formulaire de « constata-tion de dégâts, servant par la suite aux Chambres d’agriculture pour défendre les arrêtés nuisibles, ainsi que pour faire un état des lieux ».


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article