Sécuriser les usages des huiles essentielles

Les participants au colloque sur les huiles essentielles, organisé par l’Adage le 9 novembre à Cesson-Sévigné, ont fait le point sur la réglementation actuelle et les pistes possibles pour sécuriser leur utilisation.

« Les plantes constituent la plus belle pharmacie du monde, mais si elles sont actives, elles peuvent aussi être dangereuses. Les huiles essentielles peuvent entraîner des brûlures sur la peau de l’utilisateur et elles sont fortement déconseillées pour les enfants et les femmes enceintes. Du fait de leur action antibactérienne, elles pourraient inhiber la fermentation des produits laitiers. Des odeurs peuvent aussi être retrouvées sur les carcasses », commence Loïc Jouët, vétérinaire.

Pratiquement pas de recherche

Actuellement, trois règles de précaution sont exigées par l’Administration : la sécurité, la qualité des huiles / absence de contaminants et la traçabilité. « Ce qui implique une limite maximale de résidus, alors que chaque huile est très complexe et contient de très nombreuses matières actives… Et pour le moment, il n’y a pas d’étude pour la plupart d’entre elles. »

À l’heure actuelle, la législation autorise les éleveurs à utiliser des préparations magistrales réalisées par les vétérinaires et adaptables. « La composition est contrôlée par chromatographie, une ordonnance comporte la posologie, le délai d’attente, le numéro de lot. L’utilisation des huiles peut être notée en toute transparence sur le protocole de soins et le registre des traitements. »

[caption id=”attachment_31055″ align=”alignright” width=”277″]Loic-Jouet Loïc Jouët, vétérinaire[/caption]

Même si la législation actuelle n’est pas adaptée aux plantes, « il faut sécuriser les usages », pense Loïc Jouët. « Et les éleveurs peuvent contribuer en lien avec leur vétérinaire à la recherche (qui n’avance pas vite malgré les attentes sociétales sur l’antibiorésistance). »

Michel Derval, aromatologue, précise qu’ « il y a un réel besoin de qualité des huiles. 90 % sont de mauvaise qualité. » La recherche doit aussi se poursuivre, car si l’aromathérapie scientifique a 40 ans, « nous avons peu de recul en élevage. » Michel Derval a commencé à travailler sur ces solutions alternatives il y a 15 ans. « Il n’y a pas de recette toute faite avec les huiles essentielles, les solutions peuvent différer selon les saisons, les élevages… »

Laisser les vaches choisir, une piste

Dans cette complexité, l’aromatologue entrevoit toutefois une piste prometteuse. « En ayant plusieurs huiles essentielles à disposition, les vaches peuvent nous guider en choisissant elles-mêmes. En utilisant cette méthode, j’ai pu guérir deux mammites aiguës et le taux de cellules a pu être régulé dans 39 élevages sur 40 testés. »

Progresser en groupe

« Dès mon installation en 2008, j’ai participé aux formations proposées par l’Adage sur les huiles essentielles. J’ai testé des protocoles sur les mammites, en observant mes vaches. Aujourd’hui, je n’utilise plus d’antibiotique intramammaire et je n’ai pas plus de réformes pour leucocytes qu’avant », témoigne Marie-Édith Macé, agricultrice à Melesse (90 vaches en bio). « J’ai beaucoup recours aux huiles essentielles en 1re intention pour les mammites, les boiteries, les blessures, les « gros nombrils »… J’utilise un petit nombre d’huiles », explique Léna Monnier, agricultrice à Domloup installée en 2012 (70 VL). Françoise Sourdin fait partie d’un groupe Geda qui travaille sur l’utilisation des huiles essentielles et la mise en place d’un logiciel rassemblant les différentes pathologies et les protocoles possibles (démarche AEP du Conseil régional).


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