Mesurer l’impact des couverts vivants

Les 13e rencontres de la fertilisation ont été l’occasion de faire le point sur la recherche en place sur le territoire français, et notamment sur les essais menés avec les cultures associées.

L’association d’un couvert permanent à base de légumineuses avec des cultures comme une céréale ou un colza tend à se développer. Les objectifs multiples de limitation de fuite des éléments nutritifs, de soutien dans l’alimentation azotée de la culture ainsi que de l’effet sur la concurrence vis-à-vis des adventices ont fait l’objet d’essais de longues durées, présentés lors des 13e rencontres de la fertilisation raisonnée et de l’analyse, organisée par le Comifer et le Gemas, à Nantes (44). Chez les producteurs, il y a « beaucoup de situations où le colza est semé avec une légumineuse, pour être gardée dans la culture suivante, à savoir une céréale. »

Maîtriser le développement du couvert

[caption id=”attachment_30898″ align=”alignright” width=”188″]Jerome-Labreuche Jérôme Labreuche, ingénieur chez Arvalis[/caption]

« Le couvert, après récolte du colza, peut produire des biomasses allant de 0 à 5,5 t/ha si la période estivale est humide. Deux options s’ouvrent alors pour l’implantation de la céréale à l’automne : soit garder ce couvert vivant, soit le détruire mécaniquement ou chimiquement », introduit Jérôme Labreuche, ingénieur chez Arvalis.

Sa présentation se base sur une série de 17 essais en blé, accompagnés de couverts composés soit de trèfle blanc, soit de luzerne, et mené sur le tiers nord de la France, de la Loire-Atlantique (44) à la Meuse (55). Les parcelles ont été comparées à un témoin sans association et conduites de la même façon, avec des doses identiques de fertilisants.

Les meilleurs résultats sont obtenus avec « des couverts végétaux bien développés à l’automne et régulés au printemps. Un couvert trop haut deviendra compétitif et pénalisera la nutrition azotée ». Ainsi, un couvert dont la biomasse est supérieure à 1 t MS/ha à la floraison du blé aura un impact négatif, en engendrant des rendements en berne de 30 % par rapport au témoin.

Une compétition s’instaure, au moment où la céréale a de forts besoins en eau, en azote et en rayonnement, car le végétal est alors gourmand en énergie pour la formation des épis, la fécondation et le remplissage du grain. Si le couvert est bien régulé, soit à un tonnage inférieur à 1 t MS/ha, le blé produit « 105 % du témoin. Pour la teneur en protéine du blé, un gain de 2 % est observé : elle passe de 11,7 à 11,9. Cependant, ce bénéfice est non négligeable, mais peu significatif », explique le chercheur.

L’assimilation de l’azote par les cultures peut aussi bien venir de la fertilisation, par un épandage directement au champ, ou par la libération des éléments nutritifs d’un couvert quand il se décompose. Pour en avoir le cœur net quant à l’origine de ces éléments, Muriel Valantin-Morison, chargée de recherche en agro-écologie à l’Inra, a épandu des matières fertilisantes marquées à l’azote 15, afin de suivre son cheminement dans la plante. Ces parcelles de colza en pur ont ainsi été comparées à du colza associé à des légumineuses (pois, féverole, vesce commune, gesse, lentille ou fenugrec).

Une économie d’azote ?

« D’une manière générale, un bonus de 20 à 40 kg d’N/ha est absorbé par le colza conduit en association. Ce bonus provient de la minéralisation des résidus de légumineuses et de la matière organique du sol. Cet azote supplémentaire est pompé par la culture à la fin de sa floraison, ce qui correspond au pic d’absorption. Les féveroles produisent des biomasses plus importantes, mais se décomposent mal au sol. Au contraire, une vesce se développera peu, mais entrera en contact plus rapidement avec la terre ». Ce bonus azoté permet d’envisager des réductions de la fertilisation azotée au printemps.


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