Dominique Guillou, technicien d’élevage, est en charge du suivi de la conduite des génisses sur la ferme expérimentale de Trévarez (29). - Illustration Maïs grain ou maïs ensilage pour élever les veaux ?
Dominique Guillou, technicien d’élevage, est en charge du suivi de la conduite des génisses sur la ferme expérimentale de Trévarez (29).

Maïs grain ou maïs ensilage pour élever les veaux ?

Les Chambres d’agriculture de Bretagne ouvrent les stations expérimentales de Mauron et Trévarez pour deux journées techniques consacrées à la conduite de la génisse laitière. Des rendez-vous pour faire le plein d’informations comme avec Dominique Guillou, technicien d’élevage.

« Depuis 3 ans, nous menons des essais pour comparer deux régimes alimentaires simples à mettre en œuvre dans la conduite des jeunes veaux », raconte Dominique Guillou, technicien en charge du suivi des génisses à la station expérimentale de Trévarez (29). Dès les tout premiers jours de vie, en complément de la buvée quotidienne unique de lait yogourt et du foin présenté à volonté, les veaux menés en case collective disposent d’aliments même s’ils mettent quelques semaines à s’y intéresser réellement. Le premier lot reçoit du maïs grain (80 %) et un peu de tourteau de soja (20 %). Le second lot de l’ensilage de maïs (50 %) accompagné de soja (17 %) et de blé (33 %).

En case collective, éviter le veau qui décroche

À Trévarez, toutes les génisses sont pesées à la naissance puis tous les mois pour suivre au plus près les croissances. « Cela permet aussi de repérer un animal qui décroche. Le risque existe surtout en phase lactée car certains veaux tètent moins vite que les autres et n’arrivent donc pas forcément à avaler leurs 6 litres de yaourt par jour. D’autant que dans une case de six, il peut y avoir jusqu’à trois semaines d’écart d’âge. On surveille cela de près. »

Les pesées servent bien sûr aussi à obtenir des résultats précis lors des expérimentations. « Avec le recul, je trouve que la ration maïs grain est bien adaptée aux petits animaux car la valeur alimentaire du produit est très stable et les croissances sont plus régulières. Appétent, les veaux en consomment tôt et ne laissent ensuite aucun refus. On atteint un GMQ de 780 g sur la période 0-4 mois avec un sevrage à 75 jours », rapporte Dominique Guillou. « Avec l’ensilage de maïs, les croissances sont un peu moindres : 700 à 750 g de GMQ. La difficulté avec ce fourrage est l’hétérogénéité. Même en prenant la précaution de toujours se servir sur le front d’attaque, et pas par terre où l’ensilage peut avoir chauffé ou été mouillé par la pluie, un même silo contient les cultures de plusieurs variétés, de différentes parcelles, avec des variations de taux de matière sèche par exemple… Autre inconvénient, il y a davantage de refus dans les auges. Mais son coût est plus faible que le grain. »

Nurserie rénovée

Plus globalement, le technicien estime que les deux systèmes donnent de bons résultats. À chaque éleveur ensuite de choisir en fonction des produits disponibles sur l’exploitation et de l’organisation du travail (distance entre la nurserie et le stockage par exemple). Pour le constater par soi-même ou en savoir plus, notamment sur les quantités d’aliments distribuées en fonction de l’âge des animaux, les protocoles testés et les pratiques adoptées seront détaillés lors des deux prochaines journées techniques consacrées à la conduite de la génisse laitière (voir ci-après).

Et Dominique Guillou de conclure : « À Mauron et à Trévarez, nous pourrons également échanger avec les visiteurs sur la rénovation de notre nurserie en 2014 avec la création d’un local fermé et chauffé en hiver pour assurer une bonne fabrication du lait yaourt ou encore de l’intérêt du pâturage tournant pour mener les génisses de plus de 6 mois afin de leur assurer toujours une herbe de qualité… »

Deux journées SUR la génisse

Combien de génisses élever ? Pour quelle nurserie opter ? Comment simplifier l’alimentation des jeunes ou s’assurer d’une bonne santé des veaux ? Le réseau Chambre d’agriculture propose deux rencontres « Moins de tracas, plus de résultats » pour apporter des réponses aux éleveurs : jeudi 19 octobre à la station de Mauron (56) ou jeudi 9 novembre à la station de Trévarez à Saint-Gouazec (29). De 13 h 30 à 17 h 30. Renseignements : 02 23 48 26 83.

« Souvent, les génisses poussent les vaches dehors »

Élever une génisse de sa naissance à son vêlage coûte en moyenne 1 340 € selon les données des réseaux Chambres d’agriculture de Bretagne et des Pays de la Loire. « Un résultat qui cache une grande diversité de performances technico-économiques sur le terrain. Le quart économe se situant autour de 1 190 € quand le quart le plus dépensier atteint les 1 600 € », précise Fanny Hanser, conseillère lait. Alors que le prix de vente d’une vache en lait ou d’une génisse amouillante se trouve dans une fourchette de 1 200 à 1 400 €, se pose la question de la rentabilité d’élever davantage de génisses que n’en nécessite le renouvellement. « En vendant ces animaux supplémentaires, est-ce que je rémunère mon travail ? Quel est le prix de la sécurité face à mon taux de réforme obligatoire ? », interroge Guylaine Trou, chargée d’études. « Dans beaucoup d’élevages, les génisses ont tendance à pousser les vaches dehors. Cela touche à la problématique de la longévité des vaches. Il y a peut-être d’autres options plus payantes à mettre en œuvre. » Les deux journées génisses seront l’occasion pour l’éleveur de faire le point sur son taux de réforme obligatoire. « De comparer des stratégies : élever le strict nécessaire et opter pour le croisement industriel en complément ou externaliser l’atelier génisse et à quel coût… ».


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