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Le lait sous la loupe implacable des chiffres

Avec un prix du lait qui n’est pas au rendez-vous, le revenu de l’éleveur est à la peine.

Centres comptables, syndicalistes, Institut de l’élevage, etc., tout le monde s’accorde : les résultats économiques des exploitations laitières sont volatils depuis 10 ans et structurellement bas depuis 2 ans. Trop bas. Les trésoreries se tendent et il n’est pas rare aujourd’hui que le capital remboursé soit supérieur aux amortissements.

La résilience jusqu’où ?

Plus globalement, le coût de production du lait se trouve régulièrement sous le joug de charges trop élevées. Dont les charges de structure liées à des investissements ; et donc incompressibles pour de longues années. « Les erreurs sont très coûteuses », rappelle, Benoît Rubin, ingénieur à l’Institut de l’élevage. Et de constater « une baisse des investissements sur le Grand-Ouest, mais un maintien des remboursements d’emprunts ».
Bien qu’il y ait toujours possibilité de se consoler en regardant l’autre côté des frontières : « Le Danemark est prisonnier d’une folie des investissements », cite l’ingénieur de l’Institut. Et d’analyser : « Par le passé, la résilience se faisait sur l’efficience ; aujourd’hui, elle se fait sur les investissements et la trésorerie ».

La résilience de l’élevage laitier – cette capacité de résister à une crise en reportant des achats, en se privant, etc. – s’appuie aussi fortement sur cette capacité des éleveurs à se serrer la ceinture à titre privé. Avec l’érosion continue de l’EBE/1 000 L depuis les années 2010, les marges de manœuvre deviennent cependant limitées. D’autant que les remboursements d’emprunts progressent montre Cogedis dans son étude « les chiffres clés 2017 » : les annuités/EBE sont passées de 48 % en 2014/2015 à 63 % en 2016/17, double effet de la baisse de l’EBE et de l’augmentation des annuités. Ce qui signifie qu’il en reste moins pour les prélèvements de l’agriculteur et pas assez pour abonder la caisse de sécurité. D’autre part, « les charges sociales reculent de façon mécanique, en lien avec la dégradation des revenus des producteurs », pointe également Guy Lemercier, Cogedis.

[caption id=”attachment_30130″ align=”alignright” width=”176″]Benoît Rubin, Institut de l’élevage Benoît Rubin, Institut de l’élevage[/caption]

Augmentation des élevages en difficulté

L’observatoire de la situation financière des exploitations bovines, qui regroupe 673 exploitations laitières de l’Ouest, met en avant une nette augmentation des élevages en difficulté. Au 31 décembre dernier, 50 % des exploitations avaient une trésorerie nette globale négative. Elles étaient 40 % un an plus tôt. Les résultats sont insuffisants. Le résultat courant /UMO exploitant, de 24 000 € en moyenne de 2007 à 2014 est tombé à 15 000 € en 2015 et à 300 € en 2016.

Benoît Rubin, Institut de l’élevage

Tendre vers un EBE de 180 €/1 000 L

Devant ce constat alarmant – mais réaliste – l’objectif est de renouer avec un EBE de 180 €/1 000 L, seuil minimal défini depuis des années comme un objectif à atteindre si l’élevage laitier veut nourrir son Homme. À défaut de pouvoir peser sur le prix du lait – sauf à s’orienter vers le bio ou une autre démarche différenciée comme Bleu Blanc Cœur – la clé de la rentabilité est donc aussi dans la main des éleveurs.

XPertia met en avant un écart d’efficacité économique de 68 €/1 000 L entre le groupe se situant à plus de 130 % de l’EBE moyen et le groupe à moins de 70 % de l’EBE moyen. « Dans le contexte 2016/2017 marqué par une nouvelle année de crise laitière, les écarts se sont cependant resserrés entre les groupes. Mais il subsiste tout de même des marges de progrès techniques qui permettent d’être plus résilient face aux fluctuations de conjoncture », résume Guy Lemercier. « Les nouvelles technologies de précision doivent permettre un meilleur pilotage technique et l’amélioration des performances ».


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