td_manifbeurre-3 - Illustration Le beurre placé au cœur du poker menteur des relations commerciales

Le beurre placé au cœur du poker menteur des relations commerciales

Vendredi 27 octobre, des représentants de la FDSEA et de JA ont pris la question de la « soi-disant pénurie de beurre » à bras le corps pour une opération de communication en grande surface. Pas anodin à la sortie des Etats généraux de l’alimentation et à l’approche de la période de négociations commerciales.

“Rétablir la vérité auprès des consommateurs”, tel était le mot d’ordre des représentants du réseau FDSEA et JA des Côtes d’Armor à l’occasion d’une communication à destination de la presse locale et de visites de grandes surfaces de la région briochine. Très médiatisée ces dernières semaines, la « crise du beurre » véhicule son lot « d’idées reçues », ce qui finit par exaspérer les agriculteurs concernés.

« En 2017, +6 % de lait en Côtes d’Armor »

Les Chinois et l’export auraient vidé les frigos français et européens. Les éleveurs laitiers auraient arrêté de produire du lait. Le maillon de la transformation préférerait produire du fromage, circuit rémunérateur, plutôt du beurre et de la poudre de lait dont le marché de cette-dernière reste dégradé par les stocks de la Commission européenne pesant sur les cours. La consommation serait sérieusement dopée par un retour en grâce de la matière grasse laitière… Pour les syndicalistes, c’est loin d’être si simple.

« Tout d’abord, nous n’avons pas arrêté de produire du lait. En Côtes d’Armor, la production est en hausse de 6 % depuis le début de l’année par rapport à la même période en 2016. D’autres zones en Europe ont conservé des dynamiques laitières positives… », expliquent les responsables de la section laitière qui se sont invités dans le rayon frais du Carrefour de Langueux après avoir fait étape dans celui du Leclerc de Plérin. « Certains jouent un jeu de dupes. Effectivement, le marché du beurre industriel a explosé : le prix a grimpé de 170 % pour les utilisateurs agro-alimentaires. Pour certains, il est devenu presque prohibitif… »

Conséquence : « En septembre, nos ventes de beurre ont augmenté de 0,4 %. Nous voyons des crêpiers et des restaurateurs venir remplir leur caddy en achetant chez nous alors qu’ils se fournissaient habituellement  en gros. Des particuliers craignent la disette et congèlent en prévision », témoigne le directeur du magasin de Langueux. L’approvisionnement en produits beurriers s’étant partiellement compliqué ces dernières semaines pour les magasins, le rayon dédié a été réduit car la grande distribution déteste le vide. Au profit de l’offre de margarines. Mais pendant les discussions avec les éleveurs, les consommateurs ne se sont pas trompés pour autant : une ou deux barquettes de margarines embarquées contre des dizaines et des dizaines de plaquettes de beurre.

[caption id=”attachment_30571″ align=”aligncenter” width=”720″]Des représentants de la FDSEA et de JA ont pris la question de la « soi-disant pénurie de beurre » à bras le corps pour une opération de communication en grande surface. Des représentants de la FDSEA et de JA ont pris la question de la « soi-disant pénurie de beurre » à bras le corps pour une opération de communication en grande surface.[/caption]

« La distribution ne veut pas passer de hausse »

Sur place, ce qui a interpellé d’entrée de jeu les syndicalistes est la communication affichée en plusieurs exemplaires dans le rayon : « Le marché de la matière grasse laitière est impacté par une demande élevée et un manque de matière première… » Le dirigeant du point de vente se défend : « Le message vient d’en haut. Nous avons simplement repris les mots que l’enseigne a choisis de diffuser… » Les éleveurs ne voient pas les choses de la même manière et ont fait retirer ces explications « à côté de la plaque » pour placer les leurs.

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La matière grasse laitière industrielle vaut de l’or, mais le prix du lait à la ferme tarde à remonter. « Nous ne profitons pas de cet appel d’air. Pour cela, il faudrait, entre autres, que la distribution accepte de passer des hausses au consommateur sur un produit d’appel. Sur les grandes marques, les négociations sont annuelles et bouclées. Mais sur le créneau des MDD, les négociations sont plus régulières. Si les laiteries vous livrent au compte-goutte, c’est parce que vous n’acceptez pas de payer plus cher…

En Allemagne par exemple, ce problème n’existe pas : le prix du beurre a augmenté de 50 % depuis le début de l’année, collant à la réalité du marché. » Les syndicalistes estiment que le secteur des GMS ne veut pas se risquer à envoyer un signe à la hausse alors que la période annuelle des négociations commerciales est sur le point de s’ouvrir… La situation pourrait rester particulièrement tendue et certaines références absentes des rayons alors que « l’hiver et les fêtes de fin d’année sont une période de forte consommation de beurre », avouait le responsable de magasin.


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