artichaut-innovaction-penibilite-1 - Illustration Artichaut : de nouvelles machines contre la pénibilité
Pour limiter la pénibilité lors du dédoublage des plants d’artichaut, les barres de commande métalliques des éléments rotatifs ont été remplacées par des matériaux type manches de pioche qui absorbent les vibrations.

Artichaut : de nouvelles machines contre la pénibilité

Dans le cadre d’Innov’Action porté par la Chambre d’agriculture de Bretagne, 125 producteurs de légumes sont venus découvrir des matériels permettant de réduire la pénibilité et gagner du temps en culture d’artichaut.

Il y a du nouveau dans l’artichaut. Une bonne raison pour le Syntec à Plomeur-Gautier d’organiser une démonstration de matériels innovants en partenariat avec la MSA, le Smega et le Syndicat mixte des bassins versants du Jaudy – Guindy – Bizien et leurs ruisseaux côtiers. Limiter l’astreinte physique, gagner du temps… Des sujets qui parlent aux légumiers. Vendredi 28 avril, sur une parcelle de Vincent Le Quellec, « à une période pourtant chargée », 125 d’entre eux se sont retrouvés pour découvrir des outils et solutions permettant d’améliorer les conditions d’intervention dans une culture « réputée pénible ». Sur le champ, le mot « révolutionnaire » a été entendu. Quelques-uns se sont même renseignés sur le prix de certaines machines. C’est bon signe.

Une souleveuse pour faire du plant de drageon

Aujourd’hui, la récolte de plant d’artichaut est réalisée en utilisant un pech, outil à main qui sollicite physiquement beaucoup le producteur. Machine née de la réflexion d’un groupe de légumiers finistériens, la souleveuse pourrait bouleverser la donne. Fini le travail à genoux pour défaire les plants des souches. Jean-Loup Kerboas, mécanicien agricole à Mespaul (29) qui développe le concept,  explique : « Sur cette remorque, un disque dentelé a une action d’effeuillage avant qu’un soc soulève les souches. Ces dernières sont ensuite transportées sur un tapis mécanique vers la table de visite à l’arrière où les opérateurs trient les plants. D’autres les récupèrent et les mettent en caisse. Tout le monde travaille debout. » L’assemblée apprécie : « Par rapport à la méthode traditionnelle, on ne gagne pas forcément du débit de chantier. Mais à la fin de la journée de récolte, on est beaucoup moins usé. »

Dédrageonner assis et sans trembler ?  

Basée à Plouigneau (29), la société B2MH, spécialisée dans la création de matériel sur-mesure (en agriculture, travaux publics…) a présenté un prototype de dédrageonneuse. Première étape franchie, le changement de posture. Les opérateurs ne marchent plus derrière le tracteur en suivant la machine. Ils sont désormais assis. Autre évolution majeure : le constructeur a remplacé les traditionnelles barres et poignées de commande des éléments rotatifs par des joysticks.

Lors des démonstrations, plusieurs producteurs se sont succédé pour tester la sensibilité du contrôle par joystick. Et après quelques plants, tous semblaient avoir pris le coup de main. « Bien assis là-haut, on avale moins de poussière et on ne ramasse plus de cailloux projetés dans les jambes. Et surtout, finies les vibrations dans les poignets et les avant-bras. C’est important de conserver son intégrité physique. De pouvoir s’économiser pendant les chantiers de dédrageonnage d’artichaut alors que l’hiver, notre corps est énormément sollicité par la récolte des choux-fleurs », résume Denis Laudren, producteur à Kerbors.  

Fabrice Morin, le concepteur, a su profiter de ce test grandeur nature avec les professionnels pour noter quelques remarques. « Il manque un accoudoir pour chaque bras, les fauteuils sont placés un peu haut… » Mieux, le concept pourrait aller plus loin. « Il serait possible d’adapter des palpeurs, des capteurs, qui permettent à l’outil de s’effacer automatiquement devant le plant. » La dédrageonneuse pourrait alors être utilisée comme outil de binage sur une culture installée pour plusieurs années (et pour laquelle il n’y a pas de passage de désherbage chimique).

Planter au carré sans tracer ?

Grâce à la technologie RTK qui permet de travailler au centimètre près, cette planteuse équipée de buses fait une marque à intervalle régulier par projection d’eau, là où le plant doit être placé. Ce concept permet de planter les artichauts au carré  en s’affranchissant d’un traçage mécanique préalable de la parcelle.
Grâce à la technologie RTK qui permet de travailler au centimètre près, cette planteuse équipée de buses fait une marque à intervalle régulier par projection d’eau, là où le plant doit être placé. Ce concept permet de planter les artichauts au carré en s’affranchissant d’un traçage mécanique préalable de la parcelle.

Traditionnellement, les plants d’artichauts sont plantés au carré (inter-rang de 80 à 100 cm) pour autoriser un binage dans les deux sens de la parcelle. Auparavant, le champ doit être « tracé mécaniquement » pour s’assurer de respecter la bonne géométrie. Mais un nouveau système s’appuyant sur la technologie RTK (précision au cm près) permet de s’affranchir de ce quadrillage initial. Un traceur automatique est monté directement sur la planteuse 4 rangs. Il est composé de trois buses : une de chaque côté et une au centre de la machine. Grâce à l’information GPS, une pulvérisation d’eau à intervalle régulier est commandée : ce marquage éphémère (mais bien visible sur sol sec) indique aux planteurs embarqués l’endroit où le plant doit être déposé, remplaçant le travail à la cloche (cette roue en fer qui sonne à chaque tour).

« Pour une surface d’un demi-hectare, avec une 4 rangs, il faut compter environ deux heures pour planter. Mais avant, le traçage mécanique peut réclamer près d’une heure et demie de travail… Avec ce système, c’est autant de temps économisé sur le chantier », apprécie un producteur. Sur un sol sec, les jets sont très visibles. « En revanche, sur une terre humide, il faut rajouter un peu de peinture pour lignes de terrain de foot, en attendant de trouver un autre colorant encore plus visible », explique Christophe Moal, de Pleumeur-Gautier, qui utilise depuis l’année dernière cette plantation par GPS sans traçage mécanique préalable.

Et tout ça en vidéo, c’est ci-dessous.


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