Lucienne et Alain Hercouët travaillent avec le nutritionniste Mickaël Jacq depuis quelques mois. - Illustration Les vaches ne trient plus grâce à l’apport d’eau dans la ration
Lucienne et Alain Hercouët travaillent avec le nutritionniste Mickaël Jacq depuis quelques mois.

Les vaches ne trient plus grâce à l’apport d’eau dans la ration

Installés en bio en zone séchante, sur une exploitation où le recours au pâturage est limité, Lucienne et Alain Hercouët s’appuient sur la ration mélangée et le service d’un nutritionniste pour valoriser leurs fourrages.

Après deux ans de réflexion et des visites d’exploitation, Lucienne et Alain Hercouët sont passés en bio en 2009. « Notre élevage est situé en bout de marais de Vilaine. Le tiers de la surface est inondable. L’utilisation de phytosanitaires était ainsi très limitée à l’époque », explique le couple installé à Saint-Jacut-les-Pins (56). Cette conversion est un petit bouleversement.

À commencer par le niveau d’étable autour des 10 000 kg de lait par vache et par an qui diminue fortement avec la révision de l’alimentation. « Au départ, nous avons fait des erreurs. Comme distribuer du maïs non corrigé : avec des incidents importants au niveau santé. Les maïs en bio sont aussi moins riches, il ne faut surtout pas les gaspiller. On distribuait alors du foin que les vaches ne mangeaient pas bien. Nous avons eu de la casse », se rappelle l’éleveur.

[caption id=”attachment_26152″ align=”aligncenter” width=”680″]"Avant de mettre de l’eau, les vaches triaient et mangeaient les concentrés en premier." - Alain Hercouët “Avant de mettre de l’eau, les vaches triaient et mangeaient les concentrés en premier.” – Alain Hercouët[/caption]

Pas assez d’accessible

Rapidement, ils se sont formés à la méthode Obsalim par l’intermédiaire du Gab du Morbihan. « L’idée était d’être capable de réviser la ration dès que nécessaire en observant des signes sur les animaux : poils, larmes, croûtes, bouses… » Pour autant, dans la pratique, ils jugent la technique difficile à mettre en œuvre… D’un côté, les ensilages de maïs et d’herbe sont apportés avec une petite désileuse, de l’autre le foin est apporté, retiré ou repoussé plusieurs fois par jour. Car, si l’objectif est « d’être autonome pour nourrir les 80 vaches », il n’est pas possible de s’appuyer seulement sur le pâturage. « Notre ferme est coupée par une route départementale et un cours d’eau limitant l’accessibilité à moins de 25 ha. » D’autres surfaces en herbe sont donc valorisées en affouragement en vert.

En 2011, les éleveurs ont investi dans une mélangeuse à pales de 14 m3. Une ration semi-complète est alors distribuée dès que l’herbe manque, complétée par l’apport des concentrés « à la brouette ». Le niveau d’étable se stabilise à près de 7 000 kg par vache et par an. Avec le renouvellement du matériel pour un modèle de 16 m3 il y a 18 mois, les éleveurs ont opté pour la ration complète à l’auge. Ils apprécient : « D’abord, avec le système Mécafibre, nous n’avons plus besoin de démêler paille, foin ou enrubanné avant de les poser sur la remorque. Une botte est avalée en 45 secondes, deux fois plus rapidement qu’avant, et les fibres ne s’enroulent plus autour du rotor. » Désormais, en 45 minutes, la ration est préparée et apportée par Alain Hercouët. « Le temps de ma traite », calcule sa femme.

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De l’eau dans la mélangeuse

Surtout, depuis quelques mois, ils travaillent avec Mickaël Jacq, nutritionniste chez Keenan. Sa première initiative a été de faire rajouter de l’eau dans la cuve étanche de la mélangeuse. Il explique : « L’eau a plusieurs vertus. Elle stimule l’ingestion. Elle limite le tri à l’auge en faveur d’une consommation concomitante des fibres et des concentrés qui sont, en plus en bio, généralement très riches en amidon. Au final, le risque acidose est maîtrisé. »

Alain Hercouët confirme. « Avant de mettre de l’eau, les vaches triaient et mangeaient les concentrés en premier. Elles étalaient la partie grossière. D’une part, il fallait repousser cette fibre jusqu’à 10 fois par jour et d’autre part, les refus étaient importants. Aujourd’hui, elles mangent tout en même temps et notre travail est simplifié. » Son épouse poursuit : « Cet hiver, les animaux avaient bon poil et la forme. Le mois dernier, sur 17 vaches échographiées, 16 étaient pleines… »

La mélangeuse pour pallier l’année fourragère difficile

Les éleveurs regrettent qu’on parle peu de la mélangeuse dans les formations en bio. Pour eux, c’est une véritable solution pour les exploitations morcelées, en zone séchante, qui manquent de pâturage… « 2016 a été une année très compliquée. Nous avons arrêté l’affouragement en vert au 15 août. En 2015, c’était pour Noël… En féverole, nous avons récolté 15 q / ha contre 35 à 45 q les autres années. » Il a fallu trouver des solutions. « Acheter un peu de tourteau bio (750 € / t) et de luzerne déshydratée. Cet hiver, nous avons pu incorporer des foins d’herbes dures, contenant du jonc. Sans mélangeuse, cela n’aurait pas été possible. »

Ayant souscrit au service du boîtier Pace, leur mélangeuse communique directement avec le bureau de suivi Keenan à Dol de Bretagne (35) : « C’est très pratique. D’un coup de téléphone, j’avertis que je change un ingrédient, par exemple quand je n’ai plus de féverole et que je la substitue par du correcteur, et la nouvelle formule est envoyée dans la journée vers ma machine. Le lendemain, la nouvelle recette s’affiche sur l’écran. C’est aussi plus simple pour confier l’alimentation au salarié ou au remplaçant, ils suivent simplement les instructions… » La ration hivernale (en kg de MS / VL / j) : 5 kg d’ensilage d’herbe, 7 kg d’ensilage de maïs, 1 kg de correcteur soja – colza à 39 % de MAT (en l’absence de féverole), 1,5 kg de foin, 1,5 kg de bouchon de luzerne, 1 kg de paille de mélange céréalier et 8 L d’eau.


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