La commission européenne déstocke de la poudre de lait

À l’occasion de sa Journée laitière à Ploërmel (56), la FDSEA du Morbihan a invité Brigitte Misonne, de la Direction générale de l’agriculture à la Commission européenne. Elle a répondu aux questions de l’assemblée. À travers l’Union européenne, comment se déroule le programme d’aides à la réduction volontaire de la production ? Ce dispositif annoncé en juillet 2016 est en train de se réaliser actuellement. Il s’étire sur la période octobre 2016 – janvier 2017. Au total, en Europe, 58 000 producteurs ont pris un engagement pour y répondre. En volume, c’est l’Allemagne qui est en tête avec une baisse de 288 000 t de lait pour 11 000 producteurs concernés. Par contre, en nombre d’éleveurs engagés, la France est au premier rang avec 15 000 participants (- 184 000 t). Mieux, tous les pays qui ont beaucoup augmenté leurs livraisons ces dernières années ont adhéré : Pays-Bas, Pologne, Irlande, Royaume-Uni… Par exemple, 27 % des éleveurs laitiers irlandais se sont engagés. La semaine dernière, la Commission bouclait une adjudication pour vendre de la poudre de lait stockée à l’intervention. Ne faut-il pas craindre un impact négatif sur les prix alors que les cours semblent repartir ? Tout le monde sait que nous avons 355 000 t de poudre de lait sur les bras en Europe. Cette opération consiste à en libérer 6 %, soit 22 000 t. Mais cette poudre de lait, nous ne la déposons pas devant vos fermes. Cette remise sur le marché d’une partie du stock n’intervient pas au hasard. À la Commission, nous avons jugé qu’il y avait une conjonction positive d’éléments de marché pour réaliser l’opération : le programme d’aides à la réduction des volumes porte ses fruits en Europe, nous sommes actuellement dans le traditionnel creux hivernal de livraison, l’hémisphère sud produit moins aujourd’hui, le prix du beurre est en train de flamber, celui du fromage a atteint un bon rythme de croisière… Proposer cette poudre, n’est-ce pas risquer que la Chine qui fait la pluie et le beau temps sur le marché ne rentre du stock à vil prix ? Pas forcément car les acheteurs chinois ne savent pas qui ils ont en face d’eux dans le cadre de ces adjudications. Tous les opérateurs européens de la filière ont eu la possibilité de faire une offre, de manière anonyme, en termes de prix et de volume pour obtenir une part de cette poudre. Si, parmi ces offres, certaines ou toutes ont un sens et se situent à un niveau qui ne risque pas de plomber les cours, la Commission rend une décision favorable aux transactions avant de la soumettre aux votes des États membres. Et si on constate qu’il y a un vrai intérêt pour cette poudre de qualité, que les acheteurs ont parfois tendance à mépriser, et que le marché est capable d’absorber, nous pourrons continuer à déstocker en vendant le produit le plus vieux d’abord. Plutôt que de peser sur le marché, pourquoi ne pas privilégier un dégagement en aide alimentaire ou humanitaire pour aider des familles à passer l’hiver dignement ? Ce débouché potentiel est une idée reçue. On ne peut pas donner du lait écrémé en poudre de stocks publics aux sans-abri. Ce n’est pas un produit qu’on peut distribuer en l’état. Il doit donc être déstocké et commercialisé : c’est la différence entre le prix d’achat à l’intervention et le prix de revente qui peut permettre d’acheter des conserves, de la nourriture pour fournir l’aide alimentaire. Cette dernière ne fait pas disparaître la poudre de lait.

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