salariees-porc-lait-aef-formation - Illustration Des salariées, venant d’un autre secteur d’activité, s’éclatent en élevage

Des salariées, venant d’un autre secteur d’activité, s’éclatent en élevage

Victime d’une mauvaise image, le monde de l’élevage peine toujours à recruter. Pourtant, des salariées, venant d’un autre secteur d’activité, s’éclatent dans le milieu.

« Les éleveurs devraient ouvrir leurs fermes ! » Karen Debaize et Nathalie Henry n’auraient jamais imaginé travailler en élevage. Elles sont pourtant à l’aise dans leurs bottes, depuis quelques mois. En élevage de porcs pour la première, après 7 ans de « petits boulots ». En élevage laitier pour la seconde, après 28 années passées en salon de coiffure.  « Pour moi, le porc c’était niet ! », assure Karen Debaize, désormais salariée dans le Morbihan.

Formée en lycée agricole et titulaire d’un BPA en gestion de la nature, elle a souhaité se réorienter après un congé parental, faute de débouchés. « C’est le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles) qui m’a proposé des visites dans des entreprises d’horizons différents, dont un élevage de porcs. J’ai pris le temps de réflexion et je me suis décidée à faire un stage d’une semaine en élevage. J’y ai rencontré d’autres salariés, satisfaits de leurs conditions de travail, et après 3 nouvelles semaines de stage, j’ai opté, à 35 ans, pour une formation BPREA ».

La formation s’est achevée en 2014. De nombreuses offres en élevage de porcs lui ont été proposées. « J’ai choisi un poste chez un multiplicateur, à 15 kilomètres de chez moi, où je suis relativement autonome dans mon travail. J’apprécie le contact avec les animaux et les nouvelles technologies, nombreuses dans l’élevage. Je ne m’ennuie pas ». Elle apprécie également d’avoir pu aménager ses horaires de travail, adaptés à sa vie de mère de famille.

36 heures en 4 jours

Nathalie Henry se réjouit d’avoir changé d’orientation. Finie la coiffure. « C’est un voisin agriculteur qui a accepté de m’apprendre les bases du métier, pendant mes weekends. Il m’a ensuite encouragé à faire une formation à Saint-Ségal (29). Un mois avant la fin de ma formation BPA en mai 2015, l’AEF m’a proposé un travail dans un élevage de 210 vaches laitières. Le chef d’entreprise ne voulait pas que je monte sur le tracteur ».

Impensable de poursuivre sans pouvoir effectuer toutes les tâches, comme un homme. « J’ai fait quelques CDD et depuis octobre dernier, je suis embauchée dans un élevage de 70 vaches, près de Quimper ». Son nouvel employeur, Jean-Michel Le Corre, recherchait un ou une salarié(e) motivé(e), avec une bonne capacité d’adaptation. Et acceptait d’aménager les horaires de travail. « Je fais 36 heures en 4 jours. Le mercredi, je peux m’occuper de ma fille ; c’est très appréciable ». Elle va également, avec l’accord de son employeur, suivre une formation à la conduite de tracteur, pour laquelle elle s’était engagée avant son embauche.

Nombreuses formations

Pour Gilles Burel, de l’association pour l’emploi et la formation en agriculture (AEF) du Finistère, l’organisation du travail est un frein à l’embauche dans les élevages laitiers. « Les éleveurs ont du mal à faire coïncider l’amplitude des traites avec les horaires du salarié. Il faut comprendre que les coupures dans la journée ne sont pas faciles à gérer pour ces derniers ». Karen Debaize déplore surtout que son métier soit méconnu.

« Pas facile de ramer à contre-courant des images plaintives données par la profession en raison des nombreuses crises qui secouent le monde l’élevage », répond Gilles Burel. Il livre une autre explication : « On peut trouver beaucoup de témoignages positifs sur le métier, mais c’est moins facile de trouver des supports pour les communiquer ». Dommage, car de nombreux dispositifs de formation existent ; ne manquent que les candidats.

L'Adema, un dispositif de découverte des métiers de l’agriculture

L’Adema est un stage de formation professionnelle de 154 heures. Le demandeur d’emploi devient stagiaire de la formation professionnelle continue. Il effectue 1 semaine en centre de formation, 2 semaines en ferme et encore 1 semaine en centre. L’objectif est de le faire évoluer vers un emploi ou une formation longue (BPREA).

Le bénéficiaire conserve ses indemnités d’assurance chômage/RSA ou, s’il ne perçoit pas d’indemnité chômage au moment de son inscription dans le dispositif, le FAFSEA lui verse une allocation de 660 €, s’il est présent jusqu’à la phase de bilan final. La prise en charge financière est assumée à 100 % par le Fafsea auprès des centres de formation agréés. 152 demandeurs d’emploi ont bénéficié de l’Adema l’an dernier en Bretagne.


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