De gauche à droite : Yves-Marie Baudet, responsable au CNPO, Philippe Goetzmann, de chez Auchan, Christine Roguet de l’Ifip et Claude Guillaumot, directeur qualité à Terrena. - Illustration Le bien-être animal vu par les Européens
De gauche à droite : Yves-Marie Baudet, responsable au CNPO, Philippe Goetzmann, de chez Auchan, Christine Roguet de l’Ifip et Claude Guillaumot, directeur qualité à Terrena.

Le bien-être animal vu par les Européens

En se basant sur une étude menée à l’échelle européenne par TNS Opinion, des conférenciers ont illustré les attentes des consommateurs en termes de bien-être animal et de consommation éthique de lait, viande et œufs, au Space.

La société est sensible aux conditions d’élevages des animaux, que ce soit pour la production de lait, de viande ou d’œufs. Il est forcément difficile de croiser des individus insensibles ou considérant secondaires le bien-être des animaux. « En France, 98 % des personnes interrogées estiment important de protéger ce bien-être », chiffre sans surprises Olivier Parnet, directeur d’études chez TNS Opinion, société spécialisée dans les enquêtes publiques basée en Belgique. Ce chiffre, il le tire d’une consultation menée auprès de la population des 28 États Membres, pour laquelle plus de 27 000 entrevues en face-à-face ont été réalisées, dont plus de 1 000 en France.

« Le pire serait de rester silencieux »

Le consommateur est avide de renseignements sur la façon dont les élevages traitent les animaux, avec une demande de mise en place de normes européennes pour tracer la voie à suivre. Mais sont-ils prêts à payer plus cher leurs produits alimentaires ? « Oui, suivant la façon dont on lit les résultats. Les Français sont à 68 % d’accord pour dépenser quelques centimes de plus si le produit a pour origine un élevage qui respecte le bien-être animal. Les pays scandinaves affichent une proportion encore plus importante, à plus de 80 %, le Portugal et la Lituanie ont des scores nettement inférieurs ». En France et pour cette même question, il y a tout de même 40 % des répondants qui sont prêts à faire un effort financier, mais pas au-delà de 5 % du prix total. Pour les personnes interrogées, le bien-être animal ne doit pas générer de surcoûts.

Le travail de qualité des éleveurs mérite d’être expliqué aux consommateurs.

Les éleveurs se soucient tous les jours des conditions de bien-être de leurs animaux, peut-être sans que le grand public ne le sache réellement. « Étant extérieur au monde agricole, j’ai été surpris de voir que les truies étaient encagées en maternité, avant qu’un éleveur ne m’explique que cette contention était en place pour éviter l’écrasement des porcelets. C’est peu probable que le consommateur soit au courant de ces pratiques d’élevage », confie Philippe Goetzmann, directeur des relations institutionnelles chez Auchan. Pour Olivier Parnet, « Le consommateur n’est pas pro-actif, on doit lui mâcher les informations, car l’espace médiatique est très occupé. Le pire serait de rester silencieux ». Un travail de qualité réalisé quotidiennement par les éleveurs mérite d’être expliqué au consommateur.

Débats de société virulents

Outre-Rhin et dans les pays nordiques, des « débats virulents s’articulent autour du bien-être animal. Les filières ont toutes réagi de la même façon, à savoir en communiquant, par des portes ouvertes, ou des actions de la part des éleveurs. On va expliquer notre métier au consommateur, sauf que cela ne suffit pas, le débat est plus profond », prévient Christine Roguet, agroéconomiste à de l’Ifip, pour qui la solution passe aussi par « des labels officiels, tel Beter Leven instauré aux Pays-Bas, et qui répond aux attentes du consommateur vis-à-vis des surfaces disponibles par animal, avec moins de contention. Ce label détient 30 % des parts de marché du pays en viande de porc ».
Pour la production d’œufs, va-t-on alors vers un arrêt de la production en cage aménagée, comme le choix fait par l’Allemagne ? « Jamais », pense Yves-Marie Beaudet, responsable à l’interprofession de l’œuf.

« En France, 68 % des œufs consommés proviennent d’élevage de pondeuses en cages aménagées. Le choix de l’arrêt de ce type de produit par certaines enseignes de distribution est une erreur, car sans concertation avec la filière. Les producteurs ont subi 3 vagues de normes, en 1995, en 2003 et en 2012 pour le bien-être des animaux. Les industries agroalimentaires ont besoin d’œufs de qualité, peu chers. En cas de changement de pratiques, avec des élevages exclusivement en plein air, les producteurs français devront trouver 20 000 ha de parcours, et investir 30 à 35 € par poule ». Un investissement que la filière ne pourrait pas supporter seule.


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