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Economie : aux origines de la contre-performance

Une certaine contre-performance de l’agriculture française est observée. Les racines de ce déclin ne sont pas toujours là où l’on pense.

Comment redonner son rang à l’agriculture de l’Hexagone ? En donnant une importance centrale à la préservation du capital naturel, en mettant l’accent sur la recherche, la formation et la qualité sanitaire, préconisent Jean-Christophe Bureau, Lionel Fontagné et Sébastien Jean, co-auteurs des « notes du Conseil d’analyse économique (CAE) » remises il y a quelques mois au Premier ministre, Manuel Valls.

La taille pas déterminante

Cette synthèse part du constat que le secteur agricole affiche des résultats insatisfaisants à plusieurs titres : « Une performance commerciale qui s’érode, un emploi en baisse forte ; des revenus faibles dans certaines activités, la dégradation d’écosystèmes ».

Mais pour les trois experts, les explications de cette contre-performance de l’agriculture ne sauraient « se réduire au coût du travail et à une réglementation complexe ». Ils mentionnent par ailleurs que la littérature en économie agricole n’a jamais réellement démontré une supériorité intrinsèque des grandes exploitations : « La taille n’est pas en soi un élément déterminant de la performance. Les exploitations familiales plus autonomes peuvent être plus résilientes que des grandes exploitations spécialisées. Les données comptables montrent en outre que des petites structures peu endettées peuvent avoir des performances économiques comparables à celles des grandes exploitations ».
Si des alternatives existent à l’agrandissement des exploitations (agriculture à temps partiel, niches à forte valeur ajoutée, transformation sur place, investissements groupés, mutualisations), « le phénomène d’agrandissement des exploitations s’observe dans la plupart des pays et ne doit pas être sous‐estimé », préviennent toutefois les économistes.

Faire émerger des gains de productivité

À long terme, le déterminant majeur de la compétitivité reste la capacité à faire émerger des gains de productivité. « Or, plusieurs travaux montrent un ralentissement de ceux‐ci dans l’agriculture et l’agroalimentaire français. Le ralentissement après 1995 en France est visible à travers les productivités partielles (rendements, productivité du capital) et la dégradation du taux de couverture en volume des échanges », avancent les experts. Et d’ajouter : « Depuis deux décennies, les gains de productivité globale des facteurs de l’agriculture française semblent essentiellement refléter la diminution de la main-d’œuvre agricole ».

Marchés d’avenir

Pour les trois économistes, la porosité croissante entre agriculture et industrie (la bio‐industrie regroupe plastiques, enzymes, matières industrielles, carburants dérivés des produits agricoles) ouvre des perspectives de développement. « C’est probablement sur ces marchés que se forme une partie de l’avenir de l’agriculture ». Mais la relative petite taille des groupes industriels français impliqués dans ce secteur par rapport aux géants mondiaux risque d’être handicapante.


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