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Crise : la France a fait bouger les lignes

Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, se félicite du rôle de la France sur les mesures anti-crise annoncées au Conseil de l’Union européenne le 14 mars. Si des avancées sont visibles, les réactions des professionnels sont mitigées.

Lundi 14 mars, Phil Hogan a présenté sa réponse – sans surprise – à la crise agricole, qui n’est pas une « formule magique » mais « donne une chance de réussir ».

Réduction volontaire de la production laitière

Le commissaire européen a permis des accords volontaires de gestion de la production et de l’offre de lait au niveau des organisations de producteurs et coopératives. Pour la FRSEA, si l’idée de « la régulation des volumes produits, inenvisageable il y a quelques semaines, fait son chemin », elle doute cependant « de l’efficacité » d’un « dispositif fondé sur le volontariat, sans précision ni des volumes, ni du financement » de la mesure. Le syndicat se refuse donc aux réjouissances car « trop d’incertitudes persistent sur les modalités d’application ».

Pour la Confédération paysanne, « les potentielles mesures de réduction volontaire de la production gérées pays par pays, financent un véritable plan de licenciement et de concentration orchestré au niveau de la production ». Pour le syndicat : « L’absence de mesures concertées entre pays confirme que la politique européenne actuelle ne fait que renvoyer la balle aux États au lieu d’oser une gestion collective de la crise ». Idée appuyée par la Coordination rurale qui dénonce la « pantalonnade » de cette régulation : « Certains rares pays vont s’engager dans une baisse de leur production de lait pendant que d’autres vont en profiter pour l’augmenter. »

Augmentation des volumes à l’intervention

L’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) émet, elle-aussi, un avis mitigé quant aux mesures annoncées. Dans un communiqué, l’APCA reconnaît que « certaines des mesures annoncées vont dans le bon sens » comme « l’augmentation temporaire du plafond de minimis de 15 000 €/agriculteur/an, la dérogation provisoire aux règles de la concurrence et l’étiquetage de l’origine des viandes et du lait ». Cependant, elle estime que le doublement des plafonds d’intervention pour la poudre de lait écrémé et le beurre « ne suffit pas » et qu’il faut « un relèvement des prix d’intervention ».

L’instauration le moment venu d’un nouveau régime d’aide au stockage privé du porc a aussi été annoncée. « L’aide au stockage, l’intervention et l’aide à l’export sont des mesures habituelles et usées, sans aucun effet structure », déplore la Coordination rurale. D’autre part, l’APCA met en avant les « limites » d’un Observatoire du marché de la viande comme outil de gestion de crise. D’autres sujets ont été évoqués, comme la création d’un outil de crédits à l’exportation, la prorogation des mesures exceptionnelles pour les fruits et légumes face à l’embargo russe… Les Vingt-huit reviendront sur ces dossiers en juin, et pourraient envisager à cette occasion de dégager « en dernier ressort » des fonds de soutien en puisant dans la réserve de crise créée grâce à une réduction des paiements directs aux agriculteurs.

Étiquetage, la mobilisation a « porté ses fruits »

« Après de longs mois de bataille pour obtenir la mobilisation pleine et entière de nos dirigeants, le travail mené auprès des décideurs européens commence à porter ses fruits » a annoncé le 15 mars la FRSEA Bretagne. Le syndicat, à l’origine de nombreuses actions en régions depuis un an, se réjouit de la future expérimentation par la France de l’étiquetage obligatoire de l’origine des viandes et du lait dans les produits transformés. Le syndicat demande « aux distributeurs d’imposer à leurs fournisseurs de les approvisionner uniquement en produits étiquetés » afin que de cette expérimentation découle une obligation européenne.


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