Des résultats avec des tétines bas débit dans un bar à veaux

Mickaël Bernard, responsable de l’exploitation du lycée agricole des Vergers à Dol-de-Bretagne (35), a résolu les problèmes de diarrhées de ses veaux suite à la mise en place d’un système de nourrisseur à tétines bas débit. « Si les veaux étaient faits pour boire du lait dans un seau, les vaches n’auraient pas de trayons », résume Samuel Malard, responsable technique Milk Bar Europe pour expliquer les bons résultats du lycée agricole des Vergers suite à la mise en place du système de bar à lait néo-zélandais. Reproduire les conditions naturelles de tétée pour améliorer la digestion, réduire les diarrhées et les succions croisées est l’objectif principal de la mise en place des nourrisseurs à tétine Milk Bar. « Depuis la mise en place du système, les veaux n’ont plus de diarrhées et nous avons diminué le temps de travail sur l’atelier », déclare Mickaël Bernard, responsable de l’exploitation. 30 veaux et 100 génisses extérieures transitent par la nurserie chaque année, les conduites alimentaire et sanitaire se doivent donc d’être irréprochables. Une tétine, un veau, un sevrage Les bonnes pratiques commencent autour du vêlage. Les veaux sont retirés aussitôt après la mise bas et placés en cases individuelles. Les cases sont vidées toutes les semaines, lavées puis désinfectées entre chaque veau. L’éleveur distribue du colostrum pendant 5 buvées grâce à un biberon suspendu, doté d’une tétine souple jaune. À la 6e buvée, il attribue des tétines individuelles neuves bas débit à chaque veau. « Il est important que les tétines suivent les veaux tout au long de leur phase lactée car elles possèdent une dynamique de dégradation adaptée à l’évolution du veau. Cela signifie qu’il est hors de question d’utiliser une tétine pour plusieurs veaux, si l’on veut obtenir les bénéfices du programme », explique Jean-Claude Jubault, technicien du magasin Cultivert à Combourg. « La méthode Milk Bar demande donc l’investissement d’un équipement de nourrisseurs adaptés pour équiper la nurserie et suivre le principe : un veau, une tétine, un sevrage. C’est la clé du succès de ce système préventif », ajoute Samuel Malard. L’objectif est de reproduire les conditions naturelles de tétée. Cela passe par l’utilisation de tétines conçues avec une membrane qui contrôle le débit de lait et favorise la salivation. Les éleveurs doivent positionner des nourrisseurs à une hauteur favorisant une inclinaison juste de la tête, afin de faciliter l’écoulement du lait dans la gouttière œsophagienne et éviter les débordements. « Les veaux doivent avoir le museau élevé et le cou tendu pour un bon contrôle de la gouttière œsophagienne. La position des tétines, entre 60 et 70 cm du sol, limite les débordements de lait. Les veaux sont ainsi à l’abri de l’acidose due au passage du lait dans le rumen. Les papilles ruminales peuvent se développer correctement », explique Samuel Malard. L’impact du protocole sur la santé du veau a été testé en comparant des tétines Milk Bar à débit contrôlé à des tétines à valve interne haut débit. « Les veaux métabolisent au moins deux fois plus le lactose avec les premières et ne sont pas sujets aux diarrhées », ajoute Jean-Claude Jubault de Cultivert. En effet, les veaux salivent beaucoup avec des tétines à débit lent et les substances produites par la salive digèrent le lactose pour former le lait caillé. « On observe également qu’avec ces tétines, les veaux ne se tètent pas et sont moins stressés », explique l’éleveur pour appuyer les résultats de l’étude Milk Bar 2014 publiée et validée dans le Journal of applied animal nutrition de l’université de Cambridge. Le mécanisme de tétée intense favorise également le développement des maxillaires, ce qui permet de maximiser la prise d’aliments solides et accélère la mise en place du processus de rumination. Réduction des frais vétérinaires Depuis la mise en place des seaux à tétines Milk Bar, Mickaël Bernard a vraiment progressé sur ses résultats génisses. « Nous avons gagné 1 mois d’âge au vêlage et on espère en gagner un autre sous peu. Nous avons également diminué nos frais vétérinaires de 9 euros par veau, en passant de 11 à 2 euros. » Un gain sur le temps de travail Avant la mise en place du système, les éleveurs utilisaient un seau par veau pour la buvée. La distribution prenait 30 minutes. Aujourd’hui elle se fait en 5 minutes pour 30 veaux, le nettoyage prend 10 minutes et les nourrisseurs, ainsi que les tétines, sont désinfectés une fois par semaine. « C’est une organisation du travail différente : on gagne sur la distribution. En revanche, les veaux mettent forcément plus de temps à boire car le débit est lent », explique l’éleveur. « Pendant ce temps de buvée, bien d’autres tâches peuvent être effectuées : paillage, distribution de l’aliment, nettoyage des abreuvoirs », conclut Samuel Malard. Au-delà de l’organisation en tant que telle, l’éleveur observe un gain considérable lié à la réduction du temps passé autour des veaux malades.

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