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Les couverts : une source d’énergie pour la méthanisation

Avec le développement de la méthanisation sur le territoire, la question de l’approvisionnement des unités est de plus en plus sensible.  La valorisation des couverts végétaux est une piste intéressante. Des essais ont été menés au Lycée La Touche, à Ploërmel (56), pour enrichir les données techniques et agronomiques sur le sujet.

Plus de 30 unités de méthanisation agricoles fonctionnent actuellement en Bretagne et de nombreux projets sont en cours. Les déchets agro-alimentaires sont de plus en plus convoités, notamment par les unités de dimension territoriale (plus de 500 kW). Faire reposer une part significative de son chiffre d’affaires lié à la revente d’énergie sur ces gisements peut donc s’avérer risqué. Cependant, au final, ce sont surtout les motivations du ou des agriculteurs qui vont définir la stratégie d’approvisionnement et le comportement à adopter vis-à-vis du marché des déchets organiques.

Consolider l’autonomie

Les couverts végétaux peuvent être une solution pour consolider l’autonomie de fonctionnement des unités de méthanisation agricole, tout en minimisant la part de cultures principales dédiées à la production d’énergie. On parle alors de Culture intermédiaire à vocation énergétique (Cive). Producteur de biogaz depuis 2012, le lycée La Touche, à Ploërmel (56), exploite une installation avec cogénération, de puissance électrique de 135 kW. Pour la 2e fois, Daniel Le Ruyet, responsable de l’exploitation agricole du lycée, a souhaité mettre en place une plateforme d’essais de Cive, en lien avec les services méthanisation et agronomie de Triskalia. « La méthanisation permet de consolider les revenus de l’exploitation agricole, tout en proposant une solution durable de valorisation des déchets du territoire », explique-t-il. « Nous avons à cœur de rechercher l’optimum économique et technique, en tenant compte des besoins des ateliers d’élevage ». Les données techniques et agronomiques sur les Cive sont encore assez rares, d’où l’intérêt de mener ses propres essais.

[caption id=”attachment_10901″ align=”aligncenter” width=”300″] Comparaison des types de CIVE pour la méthanisation Comparaison des types de CIVE pour la méthanisation[/caption]

Un choix économique pertinent ?

Parfois, les couverts sont perçus comme une contrainte réglementaire et ils sont enfouis ou non valorisés. À l’inverse, les Cive doivent être menées comme une culture à part entière. Le rendement minimal à atteindre pour assurer une rentabilité de cette culture est de l’ordre de 5 tonnes de matière sèche (MS) par hectare. Le potentiel de rendement de la parcelle, les dates d’implantation, la disponibilité en eau, la qualité du précédent cultural sont des éléments déterminants. Sur l’essai mené au Lycée de La Touche, les dates d’implantation des couverts ont été choisies de façon à être proches des pratiques actuelles : un premier semis a eu lieu début juin après céréales immatures (pour l’alimentation des génisses) et un second début juillet après des pois. Cette mise en place précoce assure les meilleures conditions de développement aux Cive et permet de couvrir les coûts opérationnels (intrants, mécanisation, main-d’œuvre…). Le prix de vente à la société qui porte la méthanisation doit être au moins supérieur aux coûts opérationnels, tout en étant acceptable au vu de la valeur méthanogène du produit.

La gestion du digestat issu de la méthanisation de Cive

Intégrées dans le menu du méthaniseur, les Cive doivent être prises en compte dans la gestion administrative, mais aussi agronomique du digestat sur le plan d’épandage de l’installation. Ainsi, le cahier de fertilisation prend en compte à la fois, la fraction « azote animal » du digestat (issue des effluents d’élevage passés dans le digesteur) et la fraction « azote végétal » issue notamment des Cive. Cette fraction « azote végétal » n’entre pas dans le calcul des 170 kg N/ha à respecter au regard de la directive nitrates. C’est l’équilibre de la fertilisation des cultures concernées qui guide la dose à apporter. En ce qui concerne l’épandage, le digestat doit respecter les mêmes obligations que les lisiers en termes de distances par rapport aux tiers ou à l’eau. En revanche, une attention particulière doit être portée à son épandage (utilisation d’un pendillard ou enfouissement rapide).

Des résultats très variables

Les premiers résultats montrent des écarts importants en termes de rendement et de matière sèche. Quant aux pouvoirs méthanogènes, ils ne sont pas encore connus à ce jour. Les meilleurs rendements en matière fraîche ont globalement été atteints par les couverts implantés début juillet, ce qui est directement en lien avec le stade végétatif et la disponibilité en eau. En effet, les couverts implantés en juin ont été pénalisés par la sécheresse qui a suivi, phénomène accentué par une parcelle plutôt séchante. À l’inverse, les couverts implantés en juillet ont été avantagés par un précédent pois et un sol plus limoneux.

Les teneurs en matière sèche sont globalement plus faibles pour les couverts implantés en juillet (15 à 20 %) que pour ceux implantés en juin (17 à 43 %). Cela ne pénalise que peu les rendements en matière sèche, d’autant que certains couverts implantés en juin ont été récoltés en sur-maturité. Ainsi, ce sont globalement les maïs qui affichent les meilleures performances, suivis des mélanges (maïs-tournesol notamment). Il faut également retenir les bons résultats obtenus avec le sorgho implanté début juin, malgré un déficit hydrique.

La comparaison des pouvoirs méthanogènes et donc des rendements de production de méthane par hectare permettra d’affiner cette étude et de préciser le stade optimal de récolte. Pour une récolte de plante entière, vaut-il mieux privilégier le rendement en matière fraîche ou la maturité du grain ? La réflexion sur les couverts végétaux doit être globale, afin d’optimiser l’assolement sans pour autant pénaliser la gestion fourragère en place. La méthaniseur a l’avantage de valoriser ce qu’une vache aurait tendance à laisser de côté. Mathieu Dufour / Triskalia


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