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Capitaliser sur la réduction des antibiotiques

Les Chambres d’agriculture de Bretagne proposent un rendez-vous sur la bonne santé des bovins et la maîtrise des antibiotiques. Marylise Le Guénic débroussaille le sujet.

D’où est née l’idée de ces journées techniques ?

Le plan Écoantibio de 2011 vise une réduction de 25 % des antibiotiques vétérinaires entre 2012 et 2017. La loi d’Avenir agricole de baisser de 25 % l’usage des antibiotiques d’importance critique (ceux à utiliser en dernier recours en élevage pour les préserver pour la santé humaine) entre 2013 et fin 2016… Les élus du pôle Herbivore des Chambres d’agriculture  jugeaient important de revenir sur les enjeux et les solutions pour continuer à réduire l’usage de cette catégorie de médicaments. À mi-parcours, la moitié des objectifs est atteinte, grâce en porc à un moratoire sur les antibiotiques d’importance critique, à des progrès importants en filière lapin… En bovins, en 2012 – 2013, c’est aussi – 6,6 % d’antibiotiques.

Journée technique

19 novembre (10 h – 17 h), Chambre d’agriculture à Rennes. Inscription au 02 96 79 21 63 : 33 €  pour les éleveurs, enseignants et élèves ; 86 €  pour les techniciens. Avec GDS Bretagne, GTV Bretagne, GIE Élevages Bretagne. Programme : www.bretagne.synagri.com

Justement, en bovins, comment améliorer encore les pratiques ?

Cette baisse du recours aux antibiotiques est passée par une prise de conscience de la profession portée par des actions et articles de sensibilisation. Des nouveautés sont également apparues pour faire mieux. Par exemple, l’amélioration des techniques de diagnostic. En santé humaine, un test rapide permet de déterminer si une angine est d’origine virale ou bactérienne… Désormais, pour les diarrhées du veau, nous disposons aussi de kits de diagnostic rapide. Cela évite des traitements antibiotiques par voie orale inutiles qui sont susceptibles de sélectionner des flores résistantes avec un risque de transmission des résistances d’une souche bactérienne à une autre dans le tube digestif qui contient de très nombreux types de germes…

« Prévenir, c’est investir. Guérir, c’est dépenser »

Lors de la  journée, éleveurs et vétérinaires témoigneront en vidéo. Comme le Gaec Pautonnier-Jamin à Chatillon-en-Vendelais (35). En 2007, les associés regroupent deux troupeaux. Courant dans ce genre de cas, la situation sanitaire se dégrade. « Pour les vaches, il aura fallu un an pour que les choses rentrent dans l’ordre. » Pour les veaux, c’est plus compliqué. « La nurserie était le point noir de l’élevage. Toux, diarrhée, pathologies respiratoires, contagion rapide au Dal, problèmes de croissance… On perdait 20 veaux par an », se rappellent les éleveurs. Leur vétérinaire poursuit : « Dans le bâtiment, il faisait trop chaud ou trop froid. Nous avons essayé de vieilles molécules antibiotiques à tropisme pulmonaire, puis des antibiotiques “critiques ”… Il fallait piquer plus fort, plus longtemps… Un non-sens économique. » Tous travaillent finalement avec un vétérinaire spécialisé pour rénover l’enceinte.

Un plafond isolant diminue la nurserie à un tiers de son volume initial. Des extracteurs sont installés pour le bon renouvellement d’air. Les murs froids en contact avec les animaux sont recouverts. « La vaccination a permis aussi d’éviter que les bactéries se développent sur des lésions laissées par des virus », ajoute le vétérinaire qui fait le bilan : « Les veaux comme les gens se sentent désormais bien dans la nurserie. Et l’atelier consomme 60 % d’antibiotique en moins… » Les éleveurs ne regrettent pas les 18 000 € investis pour rénover. « Les croissances sont meilleures, il y a moins de traitement… Ce sera vite amorti. » Et de conclure par la phrase d’un ancien maître de stage : « Prévenir, c’est investir. Guérir, c’est dépenser… »

Cela passe aussi par un meilleur encadrement des antibiotiques à la ferme…

La définition par le vétérinaire et l’application par l’éleveur de protocoles de soin vont dans le bon sens. L’enregistrement des pathologies également, pour mener des diagnostics épidémiologiques pour les mammites notamment en observant la dynamique des infections en lactation ou au tarissement… Tous ces outils, qui peuvent paraître très réglementaires, favorisent l’optimisation des traitements avec des effets, à terme, positifs pour l’éleveur : des animaux en meilleure santé, c’est moins de perte de production, de charge de travail, de perte de temps et de pression mentale liées aux traitements. Propos recueillis par Toma Dagorn


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