Saint-Brieuc a allumé ses feux de détresse

manifestation-nuit-detresse-Saint-Brieuc-feu-drapeau-europe - Illustration Saint-Brieuc a allumé ses feux de détresse

Les Côtes d’Armor ont été le département à la plus grosse mobilisation pour la Nuit de la détresse. Les images de Saint-Brieuc, reprises comme l’un des symboles de la protestation nationale, ont eu un fort écho dans les médias et sur internet.

À Saint-Brieuc (22), dans la soirée du jeudi 2 juillet, près d’un millier de personnes (agriculteurs, salariés d’élevage, d’ETA, de coopératives ou d’industries agroalimentaires) étaient rassemblées sur la place devant la préfecture. Au milieu de dizaines de tracteurs et camions issus des trois convois partis de Lamballe, Guingamp et Saint-René, tous avaient répondu à l’appel de la FNSEA pour cette Nuit de la détresse. Parmi les 70 départements qui se sont mobilisés pour l’occasion, les Côtes d’Armor sont probablement celui qui s’est le plus engagé dans l’action.

[caption id=”attachment_2784″ align=”aligncenter” width=”300″]Près d’un millier de manifestants se sont massés devant la préfecture à l’occasion de la Nuit de la détresse à Saint-Brieuc. Près d’un millier de manifestants se sont massés devant la préfecture à l’occasion de la Nuit de la détresse à Saint-Brieuc.[/caption]

Une conjoncture destructrice

Les agriculteurs venaient signifier à tous, et en particulier aux décideurs politiques et aux responsables de l’aval, leur « désarroi », leur ras-le-bol d’une conjoncture destructrice. Par l’intermédiaire de leurs porte-parole, les manifestants ont notamment rappelé à maintes reprises la nécessité de retrouver « immédiatement du prix, du prix et du prix… »
« À la FNSEA-JA national, nous connaissons le problème  que vous vivez depuis 16 mois en porc. Mais aussi en viande bovine, le secteur des faibles revenus. Tous les jours dans les médias, on met au pilori les agriculteurs quand, dans le même temps, on importe des produits alimentaires d’autres pays qui ont des règles que nous nous interdisons. Mais si nos politiques ne croient plus en notre agriculture, nous, nous y croyons encore », a martelé Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA.

Et le président Beulin de reprendre : « Votre mobilisation, ce soir, nous encourage. Mais elle nous oblige aussi. Car nous avons des échéances de court terme : moins de normes et des prix nous permettant de nous désendetter et de tirer un revenu. Il manque 60 ct/kg en viande bovine et 15 ct en porc, c’est 2 ct sur un steack haché et 1 ct sur une tranche de jambon… Mais depuis 24 mois, les prix au consommateur sont stables quand nous enregistrons des baisses. » Avant de pointer du doigt les transformateurs qui misent sur l’import : « Ça n’a aucun sens alors que le consommateur réclame du local et de la transparence. Nous allons mettre l’aval sous surveillance et non ferons le bilan début septembre… »

C’en est trop pour certains manifestants dont les trésoreries sont dans le rouge : « Les gens sont au bout du rouleau, on ne peut pas attendre septembre. Y’en a marre, c’est maintenant ! » ; « C’est fini, vous le savez bien ! » ; « Respectez l’élevage M. Beulin, on nous a demandé de gros efforts ici en Bretagne. » Le patron de la FNSEA était venu prendre la température de l’élevage, il rentrera à Paris encore plus conscient de l’urgence.

[caption id=”attachment_2782″ align=”aligncenter” width=”300″]Dominique Barrau et Xavier Beulin de la FNSEA ; Didier Lucas et Sébastien Rouault, présidents de la FDSEA 22 et de JA 22. Dominique Barrau et Xavier Beulin de la FNSEA ; Didier Lucas et Sébastien Rouault, présidents de la FDSEA 22 et de JA 22.[/caption]

Maintenir la pression

Didier Lucas, président de la FDSEA 22, n’a pas tardé à reprendre les choses en main. « Tout le monde a sa paie. Nous, on ne l’a pas. Si on se divise, on est foutus. Pôle Emploi pour les salariés et rien pour les paysans. Alors il faut être tous ensemble. Nous sommes aujourd’hui plus nombreux. Cet été, nous serons là au Marché au cadran. Ils sont prévenus. Je vais aussi demander à nos groupements de se mettre main dans la main et de se battre avec nous. » Autour d’un lâcher de cochons, la promesse a alors été faite de maintenir la pression jusqu’à la rentrée sur les transformateurs, salaisonniers et distributeurs.

Ensuite, à la nuit tombée aux abords du Tribunal, devant les caméras, des feux de pneus ont attiré la foule. La soirée s’est poursuivie par des blocages et des fouilles de camions sur la RN 12 et autour de l’hypermarché Carrefour. De la viande non étiquetée « Porc français » a été saisie. Malgré l’extrême tension palpable dans les campagnes, l’ensemble de la manifestation s’est déroulée dans le calme. Le prochain rendez-vous a été donné au Marché au cadran de Plérin et des laiteries pourraient également être ciblées. Toma Dagorn

Un album photo de cette manifestation est visible sur notre page Facebook.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article