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Lait bio : un changement de cap progressif

Basé à Sulniac (56), Régis Le Jallé s’est tourné vers le lait bio en 2009, lors de la crise du lait. Depuis 1996, il travaillait toutefois sur l’autonomie de son système.

En 1990, Régis Le Jallé, alors installé en Gaec avec son frère Gérard, cultivait la moitié des 75 ha de SAU en maïs, avec une production de 373 000 L et 48 taurillons. 10 ha de maïs étaient même achetés, faisant grimper le coût alimentaire à 174 €/1 000 L. Un système que les éleveurs ont remis en cause en 1996, en intégrant en parallèle un groupe travaillant sur l’herbe, et en signant un CTE. « La production de taurillons a alors été arrêtée et la surface en maïs réduite », retrace l’éleveur qui a ouvert les portes de son exploitation le 16 octobre dernier.

De 48 % à 9,5 % de maïs

Au fil du temps, il a appris à optimiser la gestion de l’herbe ; le fossé à franchir n’était plus très large pour passer en bio. La décision a été prise en 2009, en pleine crise laitière. « Dans le groupe, plusieurs producteurs sont passés en bio en même temps que moi. » Un gros atout pour réussir une conversion. « Sans filet, nous avons appris à davantage anticiper. »

En 2011, année de la certification en bio, Nathalie, la femme de Régis, a rejoint l’exploitation en tant que salariée, suite à la cessation d’activité de Gérard. Aujourd’hui, 9,5 % de maïs occupent encore la SAU de 85 ha, et le coût alimentaire est de 62 €/1 000 L. « Je vais essayer d’arrêter le maïs », projette le producteur qui utilise aujourd’hui 40 t de concentrés, dont 35 t de mélange céréalier autoproduit et 5 t de correcteur acheté. « En bio, le manque d’énergie peut poser problème, le maïs est intéressant pour cela, mais est à limiter. Car il faut le rééquilibrer avec un correcteur bio coûtant au moins 800 €/t, et il peut entrer en concurrence avec la première récolte d’herbe au niveau du travail », notent certains producteurs du groupe lait bio Sem’Agri auquel Régis Le Jallé participe. Quasiment tous les éleveurs du groupe cultivent de la luzerne pour davantage d’autonomie protéique.

Du foin toute l’année

Les vaches reçoivent du foin toute l’année. La mise à l’herbe a lieu vers le 21 février, et début avril, le silo est fermé. À partir du 20 décembre, les vaches passent jour et nuit en bâtiment. Plus de 60 ares sont accessibles/VL, avec des chemins bétonnés aux endroits les plus fréquentés. Contenant toutes du trèfle blanc, les prairies offrent 5,4 t MS/ha d’herbe valorisée. Les mélanges céréaliers sont composés de triticale, vesce et pois.

Peu d’augmentation de l’effectif

Les 62 Montbéliardes de Régis Le Jallé produisent 391 000 L de lait. Pouvant atteindre 7 à 8 000 L/VL en 1995, la moyenne d’étable est aujourd’hui de 6 300 L. « J’ai n’ai que très peu augmenté l’effectif pour ne pas charger le bâtiment. Cela pourrait induiredavantage de mammites. Actuellement, elles sont limitées à une douzaine par an. » À 1,7, le nombre d’IA/VL n’a pas augmenté avec le passage en bio. Les frais vétérinaires sont de 57 €/VL.

Avec un prix supérieur en bio, la marge brute lait de l’exploitation atteint 400 €/1 000 L. Les charges de mécanisation ont grimpé à 100 €/1 000 L : « C’est dû à l’achat d’une dérouleuse-pailleuse et à la nouvelle salle de traite », explique l’éleveur. Côté revenu, les membres du groupe Sem’Agri ont tous constaté une amélioration une fois l’exploitation convertie en bio, conditionnée à l’autonomie alimentaire. Un matelas économique qui leur permet de faire face aux risques accrus liés à leur mode de production. « La filière lait bio offre des perspectives aux producteurs. Il y aura des besoins élevés demain », ont précisé des représentants de Biolait et d’Eurial, présents à la porte ouverte. Agnès Cussonneau


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