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Bonnes pratiques contre antibiotique

Si l’aviculteur est tenté de traiter pour « sécuriser la rentabilité », des pistes sont ouvertes pour limiter le besoin d’antibiotiques.

L’usage des antibiotiques en filière avicole était au cœur des débats de la 3e journée Volaille à l’Ispaïa de Ploufragan jeudi 9 octobre. Avec en toile de fond, le fameux Plan ÉcoAntibio 2017 du ministère qui vise en 5 ans (2012 – 2017) à diminuer de 25 % l’utilisation des antibiotiques en élevage. L’enjeu majeur : limiter l’antibiorésistance « animale » – « c’est-à-dire la sélection de souches de germes résistantes aux molécules de traitement », rappelait Isabelle Kempf de l’Anses- pour préserver l’arsenal thérapeutique disponible en santé humaine. Alors que d’autres filières comme le porc ont fait des progrès, l’aviculture n’a amorcé que récemment une tendance baissière.

L’importance de la robustesse du poussin

Malgré ce tableau noir, les acteurs de la volaille pensent que les marges de manœuvre existent. À condition de respecter les fondamentaux en conduite d’élevage et gestion sanitaire. Pour Julie Puterflam de l’Itavi, les pics de mortalité se situant au démarrage (1,8 % dans les 10 premiers jours), il y a « nécessité de maîtriser la robustesse du poussin pour réduire la mortalité et l’usage des antibiotiques. » S’il paraît y avoir peu d’espoir d’obtenir des informations issues des couvoirs sur le statut d’un lot à la livraison, on peut évaluer la qualité des poussins grâce à « la recherche de pathogènes, l’observation des qualités physique et immunitaire et la mesure de l’état de déshydratation… » Le confort physique et thermique et l’ambiance du bâtiment dès les premières heures est également primordial. « Éviter tout choc thermique, maîtriser température, vitesse d’air, hygrométrie, homogénéité de la répartition des poussins… Sols bétonnés ou échangeurs récupérateurs de chaleur (ERC) sont des solutions intéressantes aujourd’hui. »

Une tenue spécifique pour moins d’antibiotiques

Jean-Charles Donval du Groupe vétérinaire Chêne Vert Conseil insistait aussi sur le parc bâtiment en Bretagne. « Certains poulaillers sont anciens et mal entretenus. Certains manquent d’isolation. D’autres sont récents mais mal conçus et mal équipés… » À l’arrivée, cela pèse sur les performances et la santé des animaux, jusqu’à mener aux traitements.

Les vétérinaires sont également unanimes sur l’importance de la biosécurité, c’est-à-dire l’efficacité des barrières sanitaires mises en place. Julie Puterflam rappelait que « dans les élevages où une tenue spécifique est portée dans le bâtiment, l’usage d’antibiotiques est moindre. » Autre point clé, la qualité des aliments. Une formule qui évolue « en composition ou granulométrie » peut induire une augmentation de la consommation d’eau, « des excrétats plus humides », une litière dégradée et à terme « une incidence plus forte des entérites… »

Enfin, dernier obstacle, l’éleveur lui-même : « Il reste au cœur des décisions, insistait Sophie Le Bouquin de l’Anses. Influencé par sa situation économique et son niveau de revenu et l’écoute de son encadrement technique plus que de la société. » Des déterminants psychologiques primordiaux. Pour la chercheuse, « le meilleur levier pour limiter les antibiotiques est de démontrer aux aviculteurs l’efficacité d’une technique alternative. »

Jean-Charles Donval complétait en soulignant que « plus l’atelier est spécialisé, plus l’aviculteur y passe de temps, plus les problèmes sont détectés tôt. Et moins il y a recours aux antibiotiques. Mais certains éleveurs pensent aussi qu’aux périodes critiques -démarrage, transition alimentaire, variation de paramètres techniques- il n’y a rien de mieux qu’un antibiotique pour résoudre leur problème. C’est parfois très difficile de faire changer les habitudes. Oui, il y a encore utilisation d’antibiotique en l’absence d’un « vrai » diagnostic, de traitement fait en aveugle sans cause identifiée par une analyse », déplorait le praticien. Pour autant, celui-ci rappelait aussi que les aviculteurs « n’ont pas le droit à l’erreur » pour une question de nécessité de rentabilité. « En traitant tôt, en préventif sur des animaux moins lourds, ils cherchent à « nettoyer » le lot au démarrage… Plutôt que d’attendre et observer, au risque de devoir agir en curatif, pour un coût supérieur. » Un repère donné par Julie Putrerflam : « 48 % de jours de diarrhée pour un lot comparé à 0 %, c’est au final une perte de 7 € / m2 en marge Poussin Aliment. » Alors  « l’éleveur veut utiliser l’antibiotique pour assurer son revenu. Sans ça, il a trop peur de perdre sa marge », abondait  Dr Jean-Luc Mercier.

Ne pas traiter les bons lots

« La réduction des antibiotiques en élevage est une problématique multi-factorielle qui nécessite une action combinée où tous les acteurs ont un rôle à jouer : éleveurs, vétérinaires, techniciens, accouveurs, fabricants d’aliments… », concluait Julie Puterflam. De nombreux facteurs techniques de progrès sont aujourd’hui connus… « Mais pas forcément appliqués. Il y a sans doute nécessité de lever des freins psychologiques. » Pour ce faire, Jean-Charles Donval croit au renforcement de la formation des aviculteurs en terme de bonnes pratiques d’élevage et de bonnes pratiques du médicament, « notamment antibiotiques », mais aussi à la nécessité d’une circulation d’informations dans la filière sur la connaissance des lots à risque « pour que l’éleveur soit préparé et qu’il n’ait plus peur de ne pas traiter les bons lots.  » Toma Dagorn

L’avis de Dr Christine Filliat, Praticienne-conseil en aviculture

Les antibiotiques sont des molécules précieuses et jeunes que l’on a galvaudées. Il est très important de les préserver en luttant contre l’antibiorésistance. Homéopathie et phytothérapie, que j’utilise depuis 20 ans en poulailler, peuvent aider éleveurs et vétérinaires. À ces derniers, je conseillerais de commencer par la phyto, la chimie par les plantes, en curatif de 1re intention sur coccidiose et helminthe, et même mieux en programme préventif. Testez d’abord l’homéo sur problème de comportement, nervosisme, picage… C’est efficace alors qu’en médecine traditionnelle, il n’y a pas de solution pour ça.


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