« La forte production mondiale de lait pourrait faire baisser les prix »

André Pfimlin, ancien ingénieur de l’Institut de l’élevage et spécialiste des marchés laitiers, est intervenu sur l’après quotas en proposant un tour du monde de la production de lait, dans le cadre de l’assemblée générale de la Confédération Paysanne du Finistère à Daoulas (29).

Les quotas laitiers seront supprimés en avril 2015, un sujet sensible pour les producteurs. Dans un enthousiasme assez général de la filière dans l’Ouest, André Pfimlin, ancien ingénieur de l’Institut de l’élevage, a fait part de ses craintes concernant le fin du printemps prochain. Est-ce qu’une nouvelle crise du lait se prépare l’année prochaine ? L’intervenant a proposé un tour d’horizon mondial pour tenter d’appréhender cette question délicate. « Depuis le mois de janvier, la France a produit 6 % de plus qu’en 2013. L’Europe est à + 5 % de collecte et la Nouvelle-Zélande et les États-Unis respectivement à + 11 % et + 2 %. Cette progression conduit à un surplus sur le marché de 10 à 12 millions de tonnes de marchandise, alors que la demande mondiale croît de 1 à 2 % par an. Cette situation risque de faire baisser inévitablement les prix. »

L’élan de forte production peut durer et peser sur les marchés

Pour le spécialiste, cette hausse de la production s’explique par différents éléments. « Les prix du lait payés aux éleveurs, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis ou en Nouvelle-Zélande, ont poussé à livrer davantage. Les conditions météorologiques globalement poussantes ont assuré une production de fourrage abondante et parallèlement , on a constaté une augmentation des cheptels en France avec en perspective la programmation de la fin des quotas. Cet élan de forte production peut durer et peser sur les marchés », estime André Pfimlin.

Le modèle Néo-Zélandais est une impressionnante machine à produire. « C’est un pays qui assure un tiers de la production mondiale de beurre-poudre. Le pâturage, possible toute l’année, engendre des coûts de production faibles de l’ordre de 150 à 200 € / t pour un prix de lait payé de 400 € / t. Les États-Unis ont choisi un système garantissant la marge de l’exploitant en assurant les coûts de production. Face à ces systèmes, l’Europe concentre ses productions et une certaine compétition s’installe. La moitié du lait européen est produit sur 10 % du territoire, et cette concentration va s’accentuer demain. La Roumanie, avec 4 millions de petites fermes, dont 1 million a moins de 5 vaches, est à l’opposé du Danemark où il faut produire 1 million de litres de lait pour assurer le revenu d’une famille. Mais ce modèle danois, avec un endettement moyen de 20 000 € par vache, est très risqué. » Fanch Paranthoën


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